Vous aussi, devenez sensitivity readers !

Les sensitivity readers, ou lecteurs en sensibilité viennent encore de défrayer la chronique.

Après le cas de Dix Petits nègres, devenu Ils étaient dix avec bon nombre de « retouches » dans les pages, après l’affaire des albums de Lucky Luke et d’Astérix brûlés au Canada pour ne pas choquer les Amérindiens, après Le Club des Cinq réécrit en retirant des passages « problématiques », voici donc la dernière affaire en date : en Angleterre, l’éditeur des livres pour enfants de Roald Dahl (Sacrées Sorcières, Charlie et la Chocolaterie, etc) a décidé de les ressortir en version « épurée » par des sensitivity readers. Entre autres, certains personnages ne sont mystérieusement plus « gros », le terme « moche » disparaît aussi sans explication, quant au fait que les sorcières portent des perruques, là c’est un nouveau paragraphe qui apparaît et nous dit « Il existe plusieurs raisons pour lesquelles les femmes pourraient porter des perruques et il n’y a rien de mal à cela« .

Ah. Nous en sommes donc là.

Alors, faut-il hurler à la censure ? Allons, soyons sérieux. Ce sont des cas isolés, on vous le répète à chaque fois. Vous imaginez, vous, une telle normalisation de la censure que cela devienne un marché suffisant pour qu’une profession de censeurs se reforme très officiellement ? L’idée fait trembler. En plus, comme les censeurs ne sont pas connus pour être des gens très courageux (la lâcheté est leur métier, je le rappelle), ils prendraient sûrement un autre nom plus cool, du genre « relecteur de problèmes », ou « lecteur en sensibilit… »

Aaaattendez une seconde.

Mais alors, voici qui soulève une autre question : sur quels critères ces gens sont-ils recrutés ? Qui s’indigne le plus vite ? Qui joue le mieux des ciseaux sur un texte ? Qui arrive le mieux à établir très sérieusement que dans une œuvre, les personnages peuvent mentir, voler et tuer, mais pas utiliser le terme « gros » parce que là, ça va trop loin quand même ?

La réponse est bien plus simple : il y a une épreuve.

Alors, vous aussi, pourriez-vous devenir l’un de ces êtres sans âme ni principes ? Faites le test !

Et commençons avec un premier extrait à réécrire. Vous avez dix minutes pour rendre ce texte compatible avec la « sensibilité des nouveaux publics » comme on dit dans le jargon, puis la correction se trouve après l’image.

Les Trois Mousquetaires – Exercice

Cette fois, ce ne fut point un hôte mais une hôtesse qui le reçut ; d’Artagnan était physionomiste, il enveloppa d’un coup d’œil la grosse figure réjouie de la maîtresse du lieu, et comprit qu’il n’avait pas besoin de dissimuler avec elle, et qu’il n’avait rien à craindre de la part d’une si joyeuse physionomie.

— Ma bonne dame, lui demanda d’Artagnan, pourriez-vous me dire ce qu’est devenu un de mes amis, que nous avons été forcés de laisser ici, il y a une douzaine de jours ?

— Un beau jeune homme de vingt-trois à vingt-quatre ans, doux, aimable, bien fait ?

Dans Men in Black, à l’origine, les deux agents sont des lecteurs en sensibilité. Ici, ils indiquent à un lecteur que non, le livre qu’il a lu ne s’est jamais appelé « Dix Petit nègres », avant de le flasher avec une dose concentrée de Twitter.

Les Trois Mousquetaires – Correction

Cette fois, ce fut un.e hôte.sse qui le reçut ; d’Artagnan était physionomiste, il observa la.e maître.sse du lieu, et comprit qu’il n’avait pas besoin de dissimuler avec ielle, et qu’il n’avait rien à craindre.

Camarade, lui demanda d’Artagnan, pourriez-vous me dire ce qu’est devenu un de mes amis, que nous avons été forcés de laisser ici, il y a une douzaine de jours ?

Aimable ?

Ici, les pièges étaient nombreux. D’abord, il serait malvenu de laisser d’Artagnan présumer du genre de son interlocuteur, aussi, mieux vaut écrire en inclusif. Certes, cela fera chier les aveugles et les dyslexiques, mais vous connaissez le principe de l’inclusif : « L’inclusif, c’est de m’inclure moi et les gens que j’aime bien, les autres peuvent aller se faire enculer.« .

On fait aussi attention à ne pas utiliser « Ma bonne dame ! », déjà que Madame est passible d’échafaud. D’Artagnan utilise ici « Camarade » qui est aussi neutre que les opinions politiques des sensibility readers.

Enfin, on termine en évitant de désigner une personne par son genre (sexisme), son âge (âgisme), son physique (tout le monde est magnifique) ou sa douceur (discrimination des gens qui pèlent, par exemple, les roux).

C’est bon pour vous ? Passons à la suite.

Le Petit Chaperon rouge – Exercice

Il était une fois une petite fille de village, la plus jolie qu’on eût su voir ; sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge, qui lui seyait si bien, que partout on l’appelait le Petit Chaperon rouge.


Un jour, sa mère, ayant cuit et fait des galettes, lui dit : Va voir comme se porte ta mère-grand, car on m’a dit qu’elle était malade. Porte-lui une galette et ce petit pot de beurre. Le Petit Chaperon rouge partit aussitôt pour aller chez sa mère-grand, qui demeurait dans un autre village.

En passant dans un bois elle rencontra compère le Loup, qui eut bien envie de la manger ; mais il n’osa, à cause de quelques bûcherons qui étaient dans la forêt.

Je vous propose de relire Astérix en retirant tous les passages où Obélix est « gros ».

Le Petit Chaperon rouge – Correction

Il était une fois une fille ; sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge, qui lui seyait si bien, que partout on l’appelait Jacqueline.


Un jour, sa mère, ayant cuit et fait des galettes, lui dit : Va voir comme se porte ta mère-grand, car on m’a dit qu’elle était malade. Porte-lui une galette. Jacqueline partit aussitôt pour aller chez sa mère-grand, qui demeurait dans un autre village.

En passant dans un bois elle rencontra compère le Loup, qui eut bien envie de la manger en raison de ses différences culturelles et philosophiques; mais il n’osa, à cause de son respect des valeurs de la République.

Pour commencer, on prendra soin d’éviter de qualifier l’héroïne de « petite » (discrimination sur la taille) ou « de village » (trop de moqueries sur la province ; d’ailleurs, l’histoire pourrait se passer à Paris si l’on remplaçait le loup par un surmulot). On prend ensuite bien soin de ne pas évoquer sa beauté ! Un personnage féminin n’a pas à être beau, sales sexistes ! Comment ? Euh… non. Quand il est moche, on l’efface aussi, hein. Ahem. Une fille, ça ne peut pas être beau, mais il ne faudrait pas que ce soit moche non plus, oh, hé.

Attention, il y avait un piège : laisser le personnage avoir un surnom à cause de son accoutrement est une incitation au harcèlement scolaire ! On appellera donc la fille Jacqueline, et non « Petit Chaperon rouge », qui en plus, objectifie un personnage féminin.

Subtilité à prendre en compte, il n’est nul besoin que le personnage transporte une galette ET un pot de beurre. En effet, le beurre est produit de l’exploitation animale, et cette mention spéciste pourrait choquer les lecteurs vegans. Vous êtes là pour leur sensibilité, je le rappelle, alors si vraiment vous voulez autre chose, mettez une galette de quinoa.

Concernant le loup, l’œuvre originale en fait grossièrement un carniste mangeur d’enfants, ce qui est une caricature grossière et discriminante pour les furries qui pourraient lire. Par respect pour le texte d’origine, on gardera l’idée, mais en précisant que cela est dû au parcours socio-culturel du loup et que s’il mange des gens, c’est la faute de la société. Lui, il voulait être ingénieur dans le solaire.

Enfin, prétendre que seule la présence d’une force armée (ici, des bûcherons) empêche le loup de passer à l’acte est un discours sécuritaire très axé à droite. On rappellera donc que le loup est avant tout respectueux des valeurs de la République.

Comme vous le savez, il est aussi possible de rajouter des notes (comme rappeler que les femmes ont le droit de porter des moumoutes), on pourra donc par exemple préciser en bas de page que si le Loup a envie de manger Jacqueline, cela reste strictement métaphorique puisque le Loup aura bien sûr lu les études sur le féminicide et participe la nuit venue à des collages dans les bois en compagnie de ses amis Cucu l’écureuil en fauteuil roulant et Bibi la biche transsexuelle voilée.

C’est bon pour tout le monde ?

Alors on passe à plus difficile.

Notre-Dame-de-Paris – Exercice

[…] il ne fallait rien de moins, pour enlever les suffrages, que la grimace sublime qui venait d’éblouir l’assemblée. Maître Coppenole lui-même applaudit ; et Clopin Trouillefou, qui avait concouru, et Dieu sait quelle intensité de laideur son visage pouvait atteindre, s’avoua vaincu. Nous n’essaierons pas de donner au lecteur une idée de ce nez tétraèdre, de cette bouche en fer à cheval, de ce petit œil gauche obstrué, d’un sourcil roux en broussaille tandis que l’œil droit disparaissait entièrement sous une énorme verrue, de ces dents désordonnées, ébréchées çà et là, comme les créneaux d’une forteresse, de cette lèvre calleuse sur laquelle une de ces dents empiétait comme la défense d’un éléphant, de ce menton fourchu, et surtout de la physionomie répandue sur tout cela de ce mélange de malice, d’étonnement et de tristesse. Qu’on rêve, si l’on peut, cet ensemble.


L’acclamation fut unanime. On se précipita vers la chapelle. On en fit sortir en triomphe le bienheureux pape des fous. Mais c’est alors que la surprise et l’admiration furent à leur comble. La grimace était son visage. Ou plutôt toute sa personne était une grimace. Une grosse tête hérissée de cheveux roux ; entre les deux épaules une bosse énorme dont le contrecoup se faisait sentir par-devant ; un système de cuisses et de jambes si étrangement fourvoyées qu’elles ne pouvaient se toucher que par les genoux, et, vues de face, ressemblaient à deux croissants de faucilles qui se rejoignent par la poignée ; de larges pieds, des mains monstrueuses ; et, avec toute cette difformité, je ne sais quelle allure redoutable de vigueur, d’agilité et de courage ; étrange exception à la règle éternelle qui veut que la force, comme la beauté, résulte de l’harmonie. Tel était le pape que les fous venaient de se donner.


On eût dit un géant brisé et mal ressoudé.


Quand cette espèce de cyclope parut sur le seuil de la chapelle, immobile, trapu, et presque aussi large que haut ; carré par la base, comme dit un grand homme ; à son surtout mi-parti rouge et violet, semé de campanilles d’argent, et surtout à la perfection de sa laideur, la populace le reconnut sur-le-champ et s’écria d’une voix :


« C’est Quasimodo, le sonneur de cloches ! C’est Quasimodo, le bossu de Notre-Dame ! Quasimodo le borgne ! Quasimodo le bancale ! »

Et n’oubliez pas de présenter la censure comme sympa du genre « Regardez cet artiste qui retire les mots qui vous dérangent de vos livres pour vous ! ».

Notre-Dame-de-Paris – Correction

[…] il ne fallait rien de moins, pour enlever les suffrages, que le sourire qui venait d’éblouir l’assemblée. Maître Coppenole lui-même applaudit ; et Clopin Trouillefou, qui avait concouru s’avoua vaincu.


L’acclamation fut unanime. On se précipita vers la chapelle. On en fit sortir en triomphe le bienheureux pape des neuroatypiques.


On eût dit une personne.


Le peuple le reconnut sur-le-champ et s’écria d’une voix :


« C’est Quasimodo, le sonneur de cloches ! Et il n’y a rien de plus à en dire, c’est un Parisien comme vous et moi ! »

Ici, vous l’aurez compris, le texte comportait de nombreux pièges. En effet, Victor Hugo, qui était un fasciste notoire, n’hésita pas à consacrer une œuvre entière à présenter de manière négative, voire carrément discriminatoire, le physique « différent » de Quasimodo.

Tout d’abord, il fallait donc retirer toute description de ce garçon. Si « gros » est déjà à la limite du supportable pour les « nouveaux publics » (aujourd’hui, l’alpha et l’omega de la liberté d’expression est donc le ressenti de gens de 18 ans, êtres bien connus pour être aussi stables que sages), vous imaginez bien que « bossu » risque de provoquer des évanouissements. S’il faut vraiment parler de cette particularité, on écrira « Quasimodo avait des courbes magnifiques, surtout vu de dos« .

Second point, pas de pape des « fous »! C’est psychophobe. On dira plutôt « neuroatypique ». « Pape » est aussi un peu limite, puisque catholique, et donc relativement oppressant. On aurait pu le remplacer par « représentant désigné par une assemblée selon des principes démocratiques et paritaires ».

Et enfin, pas de « populace » ou de peuple moqueur. On est entre gens de gauche ici, le peuple n’est jamais constitué de connards. Il est forcément bienveillant, progressiste, et le soir au coin du feu, il rompt du pain noir tout en récitant du Jaurès. Avez-vous déjà vu une fiction où le riche est finalement innocent et où c’était Jojo le prolo le coupable ? Voilà, gardez ça en tête.

Allez, un dernier exercice plus facile ?

Le trou du cul qui s’ignorait – Exercice

Il était une fois une personne à l’ego surdimensionné. Elle était tant et si bien persuadée d’avoir atteint le sommet le plus élevé de la montagne morale qu’elle s’octroyait le droit de juger autrui et de le faire taire à sa guise. Elle était si imbue d’elle-même qu’elle se donnait toutes les qualités, à commencer par l’empathie et l’amour des autres. En conséquence, elle ne doutait jamais de ses actes, certaine que ses immenses qualités la protégeaient de toute erreur et de toute dérive. Et puisqu’elle avait raison sur tout, ceux qui s’opposaient à elle n’étaient-ils pas dans l’erreur ? Puisqu’elle était une championne de l’amour, alors n’étaient-ils pas les agents de la haine ? Voilà bien pourquoi il était naturel, et même bienveillant de sa part de faire taire ces voix discordantes, ces propos contraires à ses propres pensées. Bien sûr, elle n’avait aucune notion de ce qu’était le « totalitarisme », et son absence complète d’empathie véritable l’empêchait de prendre du recul sur ses propres errances et le mal qu’elle causait. Un matin, elle sortit de chez elle.

Les fameux « Nouveaux publics » à la sensibilité exacerbée. La liberté artistique tient à peu de choses.

Le trou du cul qui s’ignorait – Correction

Il était une fois une sensibility reader. Un matin, elle sortit de chez elle.

Voilà. Ici, il s’agissait de faire preuve d’un peu d’esprit de synthèse.

En conclusion… pardon ? Vous dites ?

« Vous exagérez, Monsieur Connard ! Vous faites passer ces gens pour de simples censeurs ! Alors que par exemple, un lecteur en sensibilité peut aussi aider un auteur à écrire un livre pour ne pas caricaturer une communauté qu’il ne connaît pas, par exemple« .

Ma foi, c’est un très bon point, mais notez qu’il y a une énorme différence entre aller voir volontairement un consultant sur un sujet précis (telle époque, telle profession, telle communauté) pour qu’il vous aide à ne pas raconter des conneries (ex : un auteur qui va voir la police pour préparer un polar), et jeter des textes à une bande de caviardeurs qui n’attend que de jouer du ciseau et de rajouter ses opinions dans la marge d’œuvres qui n’en demandaient pas tant.

Alors en conclusion, voici.

Oui, une œuvre peut choquer. Et, diable, heureusement ! Oui, l’auteur est libre de créer des personnages beaux et moches, gros et minces. Oui, il peut en faire de très malins comme de complètement débiles. Et c’est même le principe : ça s’appelle la création.

Vous me direz « Oui, mais pensez à ce que vont ressentir les gens visés !« 

Si les sentiments faisaient office de loi, mon mépris pour vous vous aurait déjà tous collés au gnouf mes petits amis. Tout comme l’auteur a le droit de faire ce qu’il veut, le lecteur aussi. Il peut sauter des pages, refermer le livre, voire ne pas le lire du tout. Et si jamais vous avez envie de vous exclamer « Ouiii mais imaginez les dégâts que peuvent causer ces livres !« , je commencerai à croire que ça vous intéresse quand vous vous attaquerez aux livres dont les gens font des religions. Mais tant qu’on aura une armée de courageux qui tombe sur le rab’ du Club des Cinq ou de Charlie et la Chocolaterie, excusez-moi de maintenir, mais je pense qu’on peut parler de gros lâches qui tailladent courageusement les affaires des enfants.

Aussi, chers lecteurs en sensibilité, laissez-moi terminer :

Votre sensibilité, elle est quand même drôlement mal placée.

115 réponses à “Vous aussi, devenez sensitivity readers !

  1. Après la re-traduction pour relancer les droits d’auteurs, voici la « je m’inscris co-auteur de cette nouvelle version, par ici les royalties » ?

  2. Dans mon quartier, une bibliothécaire si fan d’Harry Potter (qu’elle s’est fait tatouer plusieurs symboles) a voulu retirer les bouquins des rayons jeunesse pour cette histoire de transphobie. Heureusement il y avait des collègues qui se sont offusqués et elle n’est pas allée plus loin que l’idée, mais des bibliothécaires comme ça, moi, ça me fiche la trouille T-T

    • Venant d’une bibliothécaire en effet c’est inquiétant.

      En plus, peu importe que JK Rolling soit transphobe ou non si ça n’apparaît pas dans les livres, et si la bibliothécaire est fan ça prouve bien que les livres ne l’ont pas choqué…

    • J’imagine que c’est une bibliothèque dépendant d’une structure publique et je me demande par quelle délégation elle aurait pu avoir l’autorité pour décider d’une censure .. puisque c’en est bien une.
      Je suis juste étonné qu’elle n’ai pas brulé ces exemplaires dans la cours de l’école laïque voisine .

      • Les bibliothécaires censurent bien plus qu’on ne le croient, mais au lieu de brûler les livres ils les mettent en réserve : par exemple, je ne connais pas une seule bibliothèque Jeunesse où la série des « Martine » est mise en valeur alors qu’elle est encore très empruntée :) Certes c’est une vieille série et on peut discuter du contenu autant qu’on veut, mais elle rassemble les générations.

      • J’ai déjà vu -dans une banlieue pourrie de Grenoble- mettre à disposition des BD porno parmis les autres BD pour les mineurs…
        Censurent certains livres, mettent en avant leurs goûts politiques.

      • C’est le travail des bibliothécaires de choisir les ouvrages, qui dit choisir dit éliminer :) La politique documentaire fait partie du job de bibliothécaire. Ce que je regrette sont seulement des cas isolés où le choix frise avec la censure.

      • Éliminer des ouvrages d’un fonds de bibliothèque a même un nom : le désherbage. Et c’est nécessaire car les rayonnages ne sont pas extensible.
        Pour ceux qui n’aiment pas que l’on brûle des livres, il me semble que la Bibliothèque Publique d’Information (au centre G. Pompidou) alimente le quartier en combustible grâce au renouvellement de ses collections.

      • c’est une selection « naturelle » puisque généralement le désherbage se fait sur les consultations, ou plutôt les non consultations …
        Et je doute fort que les titre dont nous parlions soient dans ceux dont le jardinier s’occupe …

      • D’un autre côté, le rôle des bibliothécaires est de faire découvrir des livres. Nul besoin de mettre Martine en valeur si les livres sont déjà fort empruntés.
        Le club des cinq est un bon exemple pour expliquer l’évolution des mœurs, il est possible qu’à l’époque la série ait été progressiste…

      • le seul « but » pàsitif était de trouver un angle intéressant pour que les mômes se mettent à lire ..
        et principalement faire entrer des Francs dans la caisse de l’éditeur de la bibliothèque rose et verte

    • depuis que j’ai vu le rayon jeunesse et le rayon adulte des BDs de la bibliothèque de chez moi, je ne crois plus au métier de bibliothécaire …
      des BDs inoffensives (genre Pierre Tombal) au rayon adulte et des BDs matures au rayon jeunesse (sur les Grands Anciens, du Stephen Wul et d’autres …)
      bon ils ont quand même mis Manara au bon endroit ^ç^

      • Stephen Wul ? Hmm ce serait pas Stefan plutôt ? Si oui alors il n’est pas déplacé au rayon jeunesse — même si les adultes peuvent le lire…

  3. Putain que ça fait du bien à lire!!!!!!

    Ca devrait être en première page de nombreux journaux ou réseaux dits sociaux, en rappel d’intérêt général…

    C’est toujours un vrai plaisir à lire, quand on a 2 onces minimum de second degré……

  4. Cher Connard, MERCI.
    Je me sens moins seul dans ce nouveau monde.
    J’ai vu hier que les romans de Ian Fleming vont subir la même censure.
    Nous sommes encerclés et ils (elles ? Ielles ???) ont déjà gagné.

  5. Moi je trouve que ça fait peur mais j’ai une idée : mettez une de ces personnes en contact avec un livre de Houellebecq, elle entrera en combustion spontanée

  6. Cette société devient nauséabonde, heureusement qu’il reste du bon sens et de l’humour. Merci de réussir à nous faire rire de tout.

  7. Il ne faut pas oublier que selon les censeurs, le passé simple est « inutile ». Le club des cinq réecrit est d’ailleurs entièrement au présent. De la bouche même de ma femme, enseignante (en suisse. Oui, le pays ne mérite pas la majuscule pour ce que je vais dire), « le passé simple a été enlevé du programme du primaire. Trop compliqué pour les enfants », et elle qui leur apprend quand même, passe pour une « conservatrice » auprès d’une partie de ses collègues abrutis par les formation continues obligatoires woke qu’ils doivent suivre pour « rester à jour ». D’ailleurs, en biologie, on ne voit plus les chromosomes pendant la scolarité obligatoire, et les hommes et femmes n’ont plus de « différences » car c’est un « ressenti », chose que les enfants apprennent dès 8 ans en cours d’éducation sexuelle.

    Mais c’est pour notre bien.

    • Vous m’avez devancez pour le présent…
      Le pire dans le Club des 5 est la réécriture complète de paragraphes qui change le sens du texte :
      _ suppression des références catholiques
      _ changement de psychologies des personnages
      etc

      • effectivement, ma libraire m’a fortement déconseillé la nouvelle version du Club des cinq… Ce qui rend l’histoire complètement nulle d’un point de vue temporelle… Elle m’a conseillé de trouver les anciennes versions en occasion… C’est dire, pour une professionnelle du livre…^^

      • I’éditeur a commencé à réécrire le Club des 5 en l’an 200 jsq 2022.
        Il faudrait vérifier si les nouvelles éditions sont revenues à la norme…

  8. Voyons cher odieux, dans votre correction, vous avez commis un impair de taille en épargnant l’imparfait du subjonctif. Les incultes risquent de voir leur sensibilité blessée. Où donc avez-vous la tête ?

    Puisque c’est ainsi, je vais me répandre en compliments sur le bien fou que m’a fait cet article en vous disant qu’il est aussi drôle qu’instructif.

    Na.

  9. Excellent comme d’habitude, drôle et incisif ! Quel talent d’écriture ! Merci Monsieur Connard de prendre le rôle de pourfendeur de la crétinisation de la société actuelle ! Mes deux grands ados ainsi que leur parent 1 et 2 :) se régalent à vous lire régulièrement, ça me rassure sur leur esprit critique !!!

  10. Pour moi la censure c’est une démarche qui est imposée par un gouvernement ou autre forme d’autorité sans tenir compte de la volonté des auteurs ou éditeurs.

    Et cette mode de rééditer des textes après « correction » par des sentitivity est une démarche volontaire des éditeurs comme mesure préventive pour ne pas potentiellement froisser une partie de la population.

    Donc je pense pas que ca relève de la censure, à part si on considère l’opinion d’une minorité de personnes à grande gueule sur twitter comme une autorité.

    Honnêtement, selon moi c’est juste des éditeurs qui se tirent une balle dans le pied volontairement, rien de plus.

    • Quand une ministre de l’égalité entre les sexes se dit ministre de l’égalité Femme-Homme avant d’inventer le « féminicide », vite rejointe par la mairesse de Strabourg qui invente à son tour le « femmage », que le premier ministre dépense des sommes folles contre l’homophobie alors qu’on manque à ce point d’argent -dit-on – pour financer les retraites présentes et futures et que tout ce petit monde politique participe de l’instauration de l’état d’esprit visé par cet article dans les monde de l’édition et de l’éducation, je pense que le terme de « censure » rejoint bien la définition que vous donnez, Pierre.

      • Ce qui est bien (ou pas, c’est selon les sensibilités) avec les articles de l’Odieux Connard, c’est qu’il fait ressortir les vrais connards de leur cuvette à sophisme.

      • d' »inventer » le féminicide ?? Une femme qui meurt tous les 2 jours et demi sous les coups de son mec ou ex, ça n’existe pas ? Et l’homophobie, c’est pas grave ? Ce n’est pas comme si ça tuait tous les jours.
        C’est fou d’être aussi réac.

      • Ariane le terme « féminicide » est invention, une femme qui se fait tuer par un être humain (tout comme un homme d’ailleurs) est un « homicide » ce qui n’a rien à voir avec le sexe de l’assassiné mais le fait de tuer quelqu’un de son espèce donc un être humain, alors à moins que vous ne considériez les femmes et les hommes comme deux espèces différentes, ce terme est bel et bien inventé et ne veut rien dire, ce qui n’empêche pas des femmes d’être victime d’homicide (par leur conjoint, un ex ou tout autre personne)

      • « Féminicide » ne pourrait s’appliquer que pour une seule chose : un tueur « en série » qui ne tue spécifiquement que les femmes parce que femme.
        Un conjoint violent/meurtrier tue sa compagne non pas parce qu’elle est femme mais par jalousie, violence etc. Ce homme criminel serait homosexuel, il aurait tuer son compagnon tout pareil.
        Bizarrement quand une lesbienne tue sa compagne, les néoféministes ont piscine…

      • Désolé Snjor mais tu as tort même dans le cas que tu décris ça resterai des homicides, à partir du moment où un humain tue un autre humain c’est un homicide (après on peut le classer en involontaire, avec préméditation ect), le terme « féminicide » n’existe tout simplement pas en français

      • féminicide m’a toujours hérissé le poil … tout comme matrimoine d’ailleurs (que j’avais oublié mais je suis retombé dessus en cherchant l’affligeant femmage -_-‘)
        et Yuri a entièrement raison sur ce point

        ce que ces abrutis ne comprennent même pas c’est que (contrairement à ce qu’ils prétendent) le masculin peut invisibiliser l’homme mais pas la femme et/ou valoriser encore plus la femme …
        comme dans l’utilisation du terme « abrutis » employé peu auparavant et qui (dans le cas présent) inclus aussi bien hommes que femmes alors que abruties ne désigne que des femmes
        de même que « l’auteur qui a vendu le plus de livres » sera justement la personne (homme OU femme) qui aura vendu le plus de livres alors que l’auteure (ou autrice mais c’est trop moche) qui a vendu le plus de livres sera simplement la femme qui aura vendu le plus de livres (même si 50 hommes en auront vendu plus)

      • « Uxoricide » serait plus exact : ce sont généralement des hommes — très rarement des femmes– qui tuent leur compagne (pas n’importe quelle femme). Curieusement à Rome tuer un proche (parent, fratrie etc) était un parricide (crime « plus facile à commettre qu’à justifier » selon Papinien).

      • Si le terme feminicide existe en français. Cela s’appelle un néologisme et permet d’exprimer une idée nouvelle simplement. L’idée en question étant que le crime passionnel, en fait, c’est grave et punissable.
        La langue française n’est pas morte, il arrive régulièrement qu’elle se transforme, que des mots ou expressions se perdent ou que d’autres y apparaissent, parfois y font un passage comme un manequin sur le chemin des chats pour ne laisser que l’impression qu’ils aient existé un jour.
        Même l’académie française, pourtant temple de la réaction contre la nouveauté nous sort parfois des règles de sont chapeau, je pense évidemment au « au temps pour moi » qui n’existait pas avant son invention par ces immortels qui tentent de ne pas mourrir, mais des règles plus pénibles comme la majuscule aux nationalités sont en réalité très récentes et calquées sur l’anglais. Et qui a décidé que « malgré que » n’était pas français ? C »est une forme qu’on trouve sous la plume de grands auteurs, parfois académiciens, aujpurd’hui vouée aux gémonies alors qu’elle est juste moche à l’oreille.

      • Yuri : « le terme « féminicide » est invention »

        Evidemment, comme la totalité des mots de toutes les langues existantes ou ayant existées.

      • Le néologisme feminicide est discrimant : son apparition sous entend qu’assassinner sa conjointe est plus grave qu’assassinner son conjoint, ou n’importe qui d’autre.
        Si homicide par conjoint c’est trop compliqué pour ceux qui n’ont pas assez de culture pour savoir que le mot ne vient pas d’homme au sens d’humain mâle, mais d’hominidé, l’espèce dans son ensemble, je propose le néologisme conjointicide.
        Évidemment, ça ne plaira pas à tout ceux qui s’imaginent que la discrimination positive c’est inclusif par définition.
        Mais il doit rester une minorité d’être au raisonnement cohérent, et je suis certain d’en trouver sur ce blog

  11. Rhôôôô, cher Odieux, vous avez fait ma journée ! J’ai beaucoup ri ! Et en plus vous avez ENTIEREMENT raison sur le fond, naturellement. Merci pour votre humour incisif et ravageur, une arme indispensable contre la folie de ce monde…

  12. et oui !merci odieux connard effectivement çà fait un bien fou a lire .
    d’ailleurs je me demande quand ces courageux bien pensant vont s’attaquer a 1984 histoire de mesurer toute l’ironie de la chose

  13. Le plus ironique étant que les versions originales des oeuvres en question voient leur valeur grimper en flèche et deviennent instantanément plus recherchées. Mouvement boursier « involontaire » ?

  14. Bonjour, vous avez fait un gros oubli :
    il faut TOUT mettre au présent –> les Sensitivity Readers sont très très sensibles, ils sont offusqués par les autres temps incompréhensibles pour eux (trop dur).

    p.s. : les homosexuels viennent d’être exclus des Sensitivity Readers (et les Asiatiques jamais admis) –> propos non élogieux sur les Noirs expurgés des romans de James Bond mais pas les autres… Les homosexuels se sont donc endurcis?

    • Pourquoi les homosexuels ont-ils été exclus ? Ils n’utilisaient pas assez leurs ciseaux? Pour les Asiatiques je ne suis pas surprise, ils ont tendance à être oubliés par les « anti racistes »…

  15. Je viens de terminer Guerre et Paix, et j’imaginais les commentaires des relecteurs du XXIe siècle.
    TW scènes de guerre. TW Chevaux éventrés – ben oui, scènes de guerre. TW sexisme. Hey, c’est un roman du XIXe siècle ! TW scènes de chasse. TW repas à base de viande. TW ¨Pierre Bezoukhov est gros. TW Maria Bolkonsky est laide. TW consommation d’alcool. TW consommation de tabac…
    La liste serait aussi longue que le roman et ce n’est pas peu dire. Je me demande si le dit roman passera l’épreuve des relecteurs fragiles du XXIe siècle comme il a réussi à survivre à l’ère soviétique…

  16. « Ah au fait, quand on a pour “art” de retirer des choses des œuvres des autres, on n’est pas artiste, on est juste dangereux »

    Ou revenu à un autre siècle. Un de ceux ou brûler des livres est une activité plaisante (et prélude à allumer ensuite d’autres genres de feux).

  17. Félicitations pour cet article qui rappelle que création suppose liberté d’expression et que réception ne suppose pas exigence mais tolérance.
    Il est fou de se dire que, comme lors des procès de 1857 faits aux Lesbiennes de Charles Baudelaire, à Madame Bovary de Gustave Flaubert ou encore aux Mystères du peuple d’Eugène Sue, on se réclame encore d’une morale de la réception des oeuvres ! Poussée ici au ridicule car, si l’on pouvait effectivement se choquer de la grivoiserie baudelairienne et ne pas comprendre l’ironie flaubertienne et la pensée indirectement rapportée de ses personnages, on est passé à la censure de tout ce qui ne rejoint pas une certaine pensée dans l’air qu’on ne saurait nommer sans passer pour un odieux connard ;)
    La réécriture au présent, elle, figure dans les éditions FLE (français langue étrangère), soit les livres destinés aux personnes apprenant la langue mais ayant acquis la nationalité française. Pour autant, en effet, on voit de plus en plus fleurir ce type d’ouvrage entre les mains de gens qui, pourtant, ont pour langue maternelle et natale le français: c’est cela le plus préoccupant (avec l’introduction du mot « malaisant » et du pronom « ielle » dans le Robert, trahi non pas son successeur Rey mais par la.e successeur.e de celui-ci.

    • Diantre, impossible de lire l’article sans s’abonner alors que ça devenait croustillant à la fin de la partie accessible !

  18. Quand je vois cette propension à vouloir éliminer toute mention des gros et des moches, je retrouve cette littérature japonaise pour ados où toutes les filles sont immanquablement magnifiques. Bien loin de dépeindre un monde parfait où la laideur n’existe pas, cela donne surtout le sentiment que le personnage principal a le cerveau tellement frit par les hormones que tout ce qui porte un vagin lui émoustille l’asticot au-delà du raisonnable (oui, dans la culture japonaise, les filles ont nécessairement un vagin, je sais, ça paraît fou dit comme ça).

    Roald Dahl, c’est un type qui a subi une ablation à vif des végétations, parce que vive la médecine des années 1920, et qui a vu plusieurs camarades de classe mourir de maladie aujourd’hui considérées comme bénignes, parce que là encore, vive la médecine des années 1920. C’est un type qui, à peine majeur, s’est vu confier une troupe de tirailleurs africains pour tirer sur des civils allemands. C’est un type qui, ayant eu l’opportunité de participer au lobbying pour pousser l’entrée en guerre des États-Unis, fustigeait la bourgeoisie américaine complètement déconnectée de la réalité de la guerre, que lui même connaissait bien pour avoir passé plusieurs années dans la RAF. Évidemment qu’un type comme ça n’est pas woko-compatible !

    Ce qui me chagrine le plus dans ce révisionnisme, c’est qu’il témoigne d’une pauvreté culturelle affligeante. Somme toute, ces gens-là s’en prennent essentiellement à des œuvres relativement récentes, parce que ce sont, je pense, les seules qu’ils connaissent. Comment réagiraient-ils face à un *Candide*, qui parle de nègres, de sauvages amazoniens, tient des propos discutables sur les sodomites, ou encore décrit Cunégonde comme « grasse » et « bien laide » ? Entreraient-ils en combustion spontanée à la lecture de la *Démonomanie des sorciers* de Jean Bodin, un livre tellement éloigné de nos réalités actuelles qu’il en est comique ?

    Je reste persuadé que c’est précisément en lisant de très nombreuses œuvres, issues de périodes et de cultures différentes, que l’on peut développer un regard critique sur les œuvres actuelles, et que tous ces censeurs manquent cruellement de ce préalable indispensable.

    • En effet, la « cancel culture » et les appels publics à oublier/censurer les propos qui peuvent déranger telle ou telle personne ou groupe, n’ont sans doute pas émergé tous seuls. Beaucoup d’échanges qu’on peut avoir avec les autres concernent les derniers trucs à la mode (de quelques semaines tout au plus). Quand on a zéro curiosité pour ce qui s’est écrit, dit, montré avant notre passage à l' »age de raison » (ou même à l’age de la majorité), c’est assez logique au fond de péter un fusible la première fois que notre sensibilité est dérangée.

      Reste à savoir peut-être pourquoi et comment une telle absence de curiosité est encouragée dans notre société xd.

    • L’inculture est en effet un préalable, avec l’absence de second degré, de perception de l’ironie et ce genre de choses. Ça me rappelle aussi cette boite américaine qui voulait bien installer ses locaux rue Gay-Lussac à condition qu’on renomme la dite rue au nom qui la choquait…

  19. Vous avez oublié d’effacer les termes « mère » et « grand-mère » de votre correction du Petit Chaperon Rouge, c’est bien trop genré. On préférera « parent 1 » (ou 2, allez savoir) et « grand-parent 1 » (ou 2, 3, 4…).

    • Et encore, « parent n°x » est trop hiérarchique : qui se dévouera pour être parent 2, ou 3 ou 4 ?

      Je propose « parent smiley cerise », « parent smiley framboise », « parent smiley pomme » etc…en plus cela rappellera nos campagnes diététiques d’Etat que le monde entier nous envie.

  20. J’ai arrêté ma lecture à « Men in Black », cela a heurté ma sensibilité.
    Aujourd’hui, on dit « Personnages masculins cisgenres habillé-e-s (parce qu’on ne sait jamais, c’est cisgenre masculin, mais on n’est pas sûr à 100%) de costumes ne réflétant pas la lumière »

  21. Une oeuvre est le produit de son époque.
    Alors effectivement on trouve choquant des trucs de l’époque.
    On ne le fait plus, c’est certainement mieux dans certains cas; mais où commence l’auto-censure ?
    Après, ne consulte/regarde/écoute une oeuvre que ceux qui le veulent.
    Si tu veux pas parce : ne le fais pas et n’emmerde pas le monde.

    Et surtout ne fait pas disparaitre les traces de l’ignominie, utilise ton intelligence pour recontextualiser; ça serait bête de reproduire les mêmes erreurs plus tard.

  22. Si je peux me permettre, l’inclusif ne fait pas seulement « chier les aveugles et les dyslexiques ». Il blesse aussi terriblement les non-binaires qui se retrouvent forcés de s’identifier à un genre. Et ça, c’est intolérable. Il faut donc écrire au neutre.
    Par ailleurs, le fait de considérer que d’Artagnan et Aramis sont nécessairement des hommes est extrèmement blessant.
    Le texte devrait donc se lire comme suit:

    Les Trois Mousquetaires – Correction de la correction
    «Cette fois, ce fut um hôté qui lo reçut ; d’Artagnan était physionomiste, ul observa lu maîtré du lieu, et comprit qu’ul n’avait pas besoin de dissimuler avec ol, et qu’ul n’avait rien à craindre.
    — Camarade, lui demanda d’Artagnan, pourriez-vous me dire ce qu’est devenu um de mes amiës, que nous avons été forcés de laisser ici, il y a um douzaine de jours ?
    — Aimable ?»

    sources:
    https://web.archive.org/web/20210505042052/https://divergenres.org/regles-de-grammaire-neutre-et-inclusive/
    https://lavieenqueer.wordpress.com/2018/07/26/petit-dico-de-francais-neutre-inclusif/

  23. MER-CI cher Odieux !!!
    J’arrive pas à comprendre pourquoi cette génération s’obstine à vouloir lire des livres qui visiblement la choque ou qu’elle déteste. Les lisez pas, foutez leur la paix à ces bouquins.

    Bon en revanche, je pousserai plus loin la relecture du petit chaperon rouge : qu’est-ce qui vous dit que c’est une fille, cher monsieur Connard ? S’est-elle définie comme telle ? Dans le doute, j’utiliserai le terme « personne à utérus non mature »

    • « jeune personne qui se genre probablement au féminin et dont la capuche soit rouge, sans que ce choix de couleur soit nécessairement lié au communisme ». (ou « jeune presonne dont l’expression de genre est féminine » ?)

  24. La première fois où j’ai entendu parler de censeurs dans les livres, cela s’appelait l’inquisition… La seconde, on ne s’appliquait même plus à les réécrire, on les brulait…
    Heures sombres de temps révolus que je ne souhaite pas revoir refaire surface… Mais le problème reste entier si jamais la notion de ces « heures sombres » disparait elle aussi, puisque choquante…^^

    Comme évoqué un peu avant, ma libraire m’a conseillé de trouver les livres du « Club des Cinq » en occasion, et non la « nouvelle » version réécrite… C’est dire pour une professionnelle du livre!…
    Ne reste-t-il que l’humour noir pour évoquer le sujet?

    • Dans un sens, une réécriture, je trouve ça encore pire qu’un autodafé. Avec un autodafé, au moins, on annonce la couleur : on purge sans faire de ronds de jambes. Une réécriture, c’est vicieux… Ça permet l’argument totalement hypocrite « les livres sont toujours vendus, donc on interdit rien ».

      Je pense que votre libraire tient la solution. Il faut boycotter ces éditions réécrites par le Miniver, faire circuler les éditions d’occaz au maximum. Utiliser leurs propres méthodes contre eux. « Canceler » les « canceleurs », en somme…

    • Je me demande si les Club des Cinq n’ont pas déjà été réécris/retraduits. J’ai du lire quasiment toute la série quand j’étais enfant dans les années 1990, dans plusieurs éditions différentes. Les éditions en cartons épais des années 50 à 70 achetés d’occasion et des livres achetés neufs. Dans certains livres, ils circulent à bicyclette alors que dans d’autres ce sont sur des vélomoteurs. Je n’ai vraiment pas envie de tout relire pour établir un comparatif (ou si les vélomoteurs apparaissent dans la série Les Cinq, qui reprend les personnages mais écrits par un autre auteur et avec des illustrations façon BD).
      Ah oui, un passage à censurer d’urgence : dans Le Club des Cinq et le Trésor de l’Île, ils boivent de la bière ! Enfant, ça m’avait surpris, la bière, c’était le truc qui pue que buvait mon père !

  25. Les nouveaux censeurs. Bientôt, ils voileront les tableaux (trop de nudités et puis, c’est sexualiser le corps humain), la musique pareil, plus de Gainsbourg et les autres, trop choquants, en fait, notre société va ressembler à un endroit insipide, peuplé de crétins fragiles qui ne supportent rien, « bienveillants et tolérants », tu parles surtout avec ceux qui pensent comme eux. Tu risques une fatwa, si tu sors des sentiers battus, mais aveugles pour tout le reste. Une société déconnectée, pauvre intellectuellement parce qu’il ne faudrait pas trop qu’ils pensent, ils pourraient avoir bobo à la tête. Bref, des proies faciles avec une immense cible dans le dos pour des gens comme moi.

  26. Alors déjà, on dit biche transgenre, pas transsexuelle, malheureux. Et puis, vous n’avez pas idéeeeee !!! La mère et la grand-mère « folles » ?!?! Mais c’est PSYCHOPHOBE MA PAROLE !!!

  27. Ah oui… J’ai suivi cette affaire…
    On plaisante, mais en fait, sur le fond, il n’y a pas de quoi rire. C’est une pure régression culturelle, philosophique et anthropologique, et de quelques siècles. On a bel et bien affaire à une secte de néo-puritains qui souhaitent remodeler le monde à leurs convenance au nom d’une idéologie qui emprisonne la morale pour n’en extraire qu’une moraline politiquement approuvée. Mais tout ça se fait au nom du monopole du cœur, de l’inclusivité et des bisous, donc tout va bien, n’est-ce pas ?

    Au-delà de l’idéologie en elle-même et du procédé orwellien, l’OC a évoqué (à juste titre) que cela traduisait une vision atroce de la littérature. Ainsi donc, quand on prend un livre, il ne faudrait pas se faire heurter sa petite sensibilité ? Mais la lecture, n’est-ce pas par essence le voyage, l’inconnu, le mystère ? La possibilité de jubiler, d’exulter tout comme d’être attristé, apeuré et parfois sidéré ? Surtout que là, dans le cas de Dahl, on parle pas d’être choqué par un truc à la « Mein Kampf », mais par les mots « fat » ou « crazy » (!!!)

    La lecture c’est donc le voyage, mais le voyage en Center Parks, dans un décor uniforme et conventionnel, avec même des tapis moelleux sur les sentiers pour éviter de s’écorcher un genou…

  28. Afin de préserver l’accessibilité de vos textes à nos amis malvoyants, utilisez donc le point médian « · » plutôt que le point « . », les liseuses et autres logiciels d’assistance à la lecture le supportent bien mieux.

    Pour le composer sur Windows « Alt+0183 » (oui, c’est bien cette série de chiffres absconse), sur Mac « Maj+Alt+F ».

    Personnellement, j’y met un point d’honneur.

    Bien à vous.

    • le point médian est une invention inutile créée par des abruti(e)s qui ne savent pas quoi faire de leur temps libre à part nous les briser …
      (bien que le masculin soit déjà inclusif (n’en déplaise à certains), avant on mettait des parenthèses, on conjuguait au masculin et ça faisait le taf …)
      quant aux liseuses je me demande bien ce que ça donne « un.e hôte.sse » et « la.e maître.sse » et autres monstruosités de ce genre

  29. Dieu merci, j’ai connu une époque où au primaire, on nous faisait lire du Roald Dahl (Moi Boy, en l’occurrence, une autobiographie) sans que cela ne pose un problème.

    Je suis curieux de savoir, si les lecteurs en sensibilité vont repasser sur l’Iliade ou l’Odyssée d’Homère, ou s’ils seront plus ambitieux en tentant une correction de la Bible, de la Torah ou du Coran.

  30. Monsieur Connard, pensez-vous qu’il serait envisageable de voir une version sensi-corrigée du petit livre vert (Principes politiques, philosophiques, sociaux et religieux) de l’Ayatollah Khomeini ? Il pose tout de même un certain nombre de problèmes.

    • Je pensais plus à un autre bouquin écrit par un obscur caporal autrichien qui a fait fureur dans les années 20-30 de l’autre côté du Rhin… Le petit livre rouge ça pourrait être pas mal non plus.

      Scoop : l’un comme l’autre sont des purges à lire mais sont très éclairants pour bien comprendre les ressorts de notre histoire.

      • @prim38 : votre commentaire me fait penser à une petit ironie de l’Histoire : le « petit livre du caporal » semble avoir effectivement été interdit en France un peu avant la déclaration de guerre. Ca ne nous a pas empêché de subir une des pires défaites de notre histoire, et notre appareil d’Etat (et pas que) de plonger lourdement dans la collaboration.

        Mais bon, des exemples montrant que la censure ne protège souvent que les intérêts des censeurs (et même pas toujours d’ailleurs), il y en a tellement…

    • Vous ne risquez pas grand-chose si vous vous « attaquez » à la Bible (liberté d’expression), c’est autre chose si c’est le coran (islamophobie)… Je rappelle qu’il y a 3 réelles attaques PAR JOUR contre les catholiques, qui en parle ?

  31. Le souci majeur est que ces senseurs à la sauvette ne liront pas cette diatribe. Et si jamais l’un d’entre eux viendrait à se perdre sur ce texte, il n’en réfléchirait pas pour autant.
    En tout cas, merci Monsieur Connard, merci :)

  32. N’empêche que je n’ai qu’une hâte : que les sensibility reader se penchent sur les « Twilight »et leurs dérivés, ainsi que les « Cinquante Nuances de Grey et leurs dérivés
    … oubliez ça, ça va leur donner raison !

  33. Quand on voit le nombre de commentaires de fachos, on ne peut que se dire que vous avez raté votre coup, Monsieur Connard. C’était bien vu de viser les excès de la « cancel culture », mais du coup tous les relous réacs sont d’accord avec vous, et je doute que ce soit pour les même raisons que vous avez écrit ce papier. Dommage.
    Je pense qu’en ces temps de proto-dictature, d’extrême pauvreté, de révolte qui couve (heureusement), il y a d’autres priorités sur lesquelles exercer votre verve et vous enfoncez une porte ouverte qui est déjà une cible pour la plupart des gens. Vous êtes consensuel et j’en suis déçue.

    • Fachos, réac, relou : il est curieux de voir certains insulter les autres lecteurs du blog mais bizarrement que dans un seul sens…
      Ariane, avez-vous reçu des insultes des lecteurs d’extrême-drouâââte fantasmés?

      Si vous êtes sensible à la lecture du blog :
      VOUS AUSSI, DEVENEZ SENSITIVITY READER.trice !

    • Merci Ariane, je lisais tous les commentaires en espérant en voir un censé, je commençais à paniquer. Courage pour le torrent de trolls qui va suivre !

    • « Je pense qu’en ces temps de proto-dictature, d’extrême pauvreté, de révolte qui couve (heureusement), il y a d’autres priorités »

      Merci Ariane. Si seulement cette phrase pouvait être relue mille fois aussi par les militants « woke ». Ces gens se revendiquent de gauche ? Leur seul combat est d’asséner dans l’espace public leur égoïsme individualiste obsédé par des critères génétiques ou des préférences intrinsèques ! En vérité, je ne vois aucune différence entre un « woke » et un militant facho : les deux sont obsédés par la couleur de peau, le sexe génétique, les préférences et orientations sexuelles, les siennes comme celles des autres ; la forcément méchante laïcité et l’immigration (forcément gentille ou forcément méchante selon l’orientation politique) ; et les deux groupes entendent bien imposer leur vision des choses à la société si possible par la force.

      Pendant ce temps, l’extrême pauvreté a doublé en 10 ans en France ; l’inflation galopante (+15% sur les produits alimentaires) fait que jamais autant de français n’ont eu recours à l’aide alimentaire ; le réchauffement climatique est hors de contrôle ; 80% des insectes ont disparu en 30 ans ; les cas de cancers explosent chez les moins de 50 ans ; l’Education Nationale est débordée avec un niveau qui s’écroule, une offensive des religieux ; les services publics sont saccagés et même une pandémie n’a rien changé concernant la gestion de l’hôpital public…

      Et pendant ce temps là aussi, le CAC40 annonce encore une fois des profits records, et après avoir attribué sa légion d’honneur à un esclavagiste reconnu, le gouvernement de notre pays censément démocratique a trouvé comme seule idée de réforme de faire travailler plus longtemps ses citoyens, même si plus de 75% des gens y sont opposés.

      Si seulement les militants « woke » mettaient un peu d’énergie sur les vrais problèmes au lieu d’en inventer.

    • impressionnant … de connerie mais impressionnant tout de même

      alors je dois être un vieux con réac mais il me semblait que la censure était plutôt vue comme fasciste à la base … or tous les commentaires qui en parlent sont contre

      malheureusement une personne a eu le tort de vouloir t’éduquer (oui désolé le mot « féminicide » est une hérésie) et évoquer d' »autres priorités » que le gouvernement pourrait avoir (mais visiblement il vaut mieux lutter contre l’homophobie que de faire quelque chose pour les retraites (remarque c’est pas con: ça coûtera bien moins cher tellement ils sont moins nombreux)) et voilà l’espace commentaire devenu un repaire de fascistes patentés

      en réalité, le commentaire le plus fasciste que j’ai lu (et je les ai tous lus) c’est le tien …
      de là à faire le lien avec le wokisme il n’y a qu’un pas que je ne peux m’empêcher de franchir (hé oui le fasciste à l’ancienne n’aurait pas « défendu » les homosexuels contrairement au néo-fasciste qu’est le woke)

    • « mignon », ces gens qui parlent de proto-dictature tout en montant sur leurs grands chevaux devant des propos déplaisants.

      Si ici on enfonce des portes ouvertes, pourquoi y perdez-vous votre précieux temps de militante révolutionnaire ?

  34. Je vais lire : « Non responsabilité et réinsertion » d’un proto poutiniste…….
    (elle est pas de moi mais de Santini)

  35. Je ne prétends pas prendre la parole à la place de Mr Connard mais :
    – c’est un auteur, c’est normal que la censure littéraire soit un sujet important pour lui et pour les lecteurs en général
    – ce blog est fait pour qu’il exprime ses réflexions sur les sujets qui l’interpellent ou qui l’inspirent, il ne s’agit pas de combat politique, et il n’écrit pas pour « exercer sa verve »
    – s’il doit écrire des articles en fonction d’éventuels commentaires extrémistes quels qu’ils soient alors aucun sujet de société ne peut être abordé ni par lui ni par aucun autre écrivain ou journaliste, on arrive à de l’auto-censure
    – il n’y a rien de consensuel à exprimer des idées si proches soient-elles des « réacs fachos » tant que le débat est ouvert dans le respect. Il ne faut pas confondre l’expression d’une idée qui sera partagée par des personnes qui ne nous ressemblent pas idéologiquement avec l’adhésion d’un courant de pensée. L’extrême droite est contre la réforme des retraites, moi aussi. Ça ne fait pas de moi une facho ni une personne consensuelle.

  36. Magistral, Ôdieux, mais ce Camp du Bien, qui fait tant de mal en toute impunité (celle de se dire victime), arrive à nous faire monter en tension : pour parler comme eux, c’est dommage.

  37. Mais sont-ce bien les Sensivity Readers qui font ça, ou des maisons d’éditions sans respect pour le texte original, qui utilisent les SR comme excuse pour refaire des textes dont les droits leur seront exclusifs durant encore 70 ans? Car je ne sais pas si ce sont des militants qui ont réclamé à changer le texte de James et la grosse Pêche ou Charlie et la Chocolaterie, ou les ayants droits qui se sont dit « tiens si on relançait de 70 ans la rente des ventes des livres de Roald Dahl, en mettant ça sur le dos des « woke » au passage? » Hmm?

  38. Ooooh mais le joli hommage à Pennac en final.
    Ajoutez à tout cela que le choix s’est porté sur le pauvre Roald à cause d’opinions politiques plus que borderlines… ça va sabrer sec chez Céline. Mais quid des auteurs dont les opinions ont évolué ? On va censurer le Hugo royaliste des débuts mais respecter le républicain de la fin ? Bref, ça devient vraiment n’importe quoi …

  39. A la fin, vous nous dites ceci : « Si les sentiments faisaient office de loi, mon mépris pour vous vous aurait déjà tous collés au gnouf mes petits amis. »
    J’ai tout de même l’impression qu’un(une) sensitivity readers vous a caviardé lors de la publication. Connaissant vos sentiments pour l’humanité, la peine capitale par lapidation avec chatons est plus dans vos gouts qu’une simple mise au gnouf …
    Soyez prudent, ils sont déjà sur le blog.

  40. on commence par réécrire certains bouquins, on tente un peu de réécrire l’Histoire et à force, on va finir avec un gentil moustachu autrichien qui voulait aider le monde mais le méchant capitalisme (oui le méchant communisme c’est tellement millénaire dernier) l’en a empêché …

  41. Pingback: Adrienne rigole – Adrienne·

  42. En 1993, Connie Willis a écrit une nouvelle d’anticipation  » Ado », parue en français dans « Une histoire de la science fiction-4- 1982-2000, le renouveau », anthologie sous la direction de Jacques Sadoul. Je copie ici un extrait de sa préface :
     » A l’époque où j’ai écrit « Ado », la censure littéraire ne faisait rêver que quelques fanatiques et les Fondamentalistes se contentaient d’exiger le retrait de l’ Attrape- cœurs de J.D.Salinger des programmes des lycées. Depuis, la Mégère apprivoisée est clouée au pilori par les féministes, et un juge fédéral a fait mettre le magicien d’Oz et Cendrillon à l’index des collèges privés du Tennessee. Quant aux livres de Nancy Drew, ils ont été retirés de la Bibliothèque publique de Boulder en tant qu’ouvrages sexistes et racistes. L’année dernière, une croisade de lutte contre l’intempérance a entraîné la disparition du Petit Chaperon rouge de la Bibliothèque de Culver City. Que cette enfant fût chargée d’apporter du vin à sa grand mère « donnait un mauvais exemple ». Et, il y a quelques mois, l’Etat de Pennsylvanie a assimilé la présence d’une reproduction de la Maja Desnuda dans une salle de cours à un cas de harcèlement sexuel. »
    Dans cette nouvelle, une enseignante en littérature doit étudier une pièce de Shakespeare, en prenant en compte toutes les censures de toutes les communautés, de tous les groupes militants, de tous les métiers… Je vous laisse imaginer. C’est beau, c’est drôle, c’est, sans vouloir attenter au talent prodigieux de notre maître Odieux, plus inspirant que l’excellent billet que je viens de lire.
    En ce qui me concerne, on peut inventer des mots, lorsqu’ils sont nécessaires à l’expression de nouveaux éléments ou de nouvelles façons de penser les choses. Les termes féminicide, matrimoine et homophobie ( qui devrait être « homosexuallophobie », mais passons…) se réfèrent à des conceptions nouvelles mais claires : dans un féminicide, c’est bien une femme qui est tuée parce qu’elle est femme et que la personne qui la tue pense qu’en tant que femme elle lui appartient et /ou doit se comporter de telle façon (que cette personne soit un conjoint, un ex-conjoint, un prétendant ou la belle-mère …), comme un parricide est le meurtre de son père parce qu’il est son père, ou un régicide le fait de tuer un roi parce qu’il est roi ; le matrimoine est ce qui est transmis par les lignées maternelles, l’homophobie désigne la discrimination de personnes en raison de leur homosexualité, réelle ou supposée.
    Mais plaquer ces mots et ces nouvelles conceptions, quelle que soit la façon dont on les juge, sur des ouvrages hors contexte est absurde et nocif. J’enseigne en lycée professionnel ( vous pouvez penser ce que vous voulez de ma psychotypicité) et nous trouvons parfois le mot  » nègre » dans les documents historiques : les élèves réagissent tous, ce qui est encourageant pour notre société, mais une fois que je leur ai expliqué pourquoi et comment ce terme était employé, ils reprennent l’étude du texte avec plus de solidité dans leurs opinions, ayant compris que « nègre » dans un texte du XVIIIème siècle et « nègre » actuellement sur un terrain de foot, n’est en fait pas le même mot.
    Merci Odieux, je vais me replonger dans les aventures d’Arsène Lupin, avant qu’elles ne soient réécrites.

    • Merci pour ce beau commentaire qui encourage à l’évolution de la langue et à l’exercice de l’intelligence! (de la part d’une autre lectrice de « Ado », une nouvelle lue dans la même petite édition Librio dont vous parlez ^^ car je crois qu’elle figure d’abord dans le recueil « aux confins de l’étrange » chez J’ai Lu SF)
      Et merci aussi d’enseigner :-) un beau métier vraiment pas toujours facile, surtout sous les derniers gouvernements.

  43. La « tolérance » des gens qui veulent créer une mode et l’imposer en somme, M. Odieux xd (et des ceux qui trouvent sans doute payant pour leur pomme d’entretenir cette mode).

    Moralité, quand quelqu’un veut changer le sens des mots et des œuvres, ne croyons jamais à priori que c’est bien intentionné.

  44. Pour « Les dix petits nègres », le titre a été changé aux USA en 1940 avec l’accord d’Agatha Christie. A l’époque, ce n’est pas vraiment le mouvement « woke », me semble-t-il. Et le titre a été changé en 1985 en Angleterre, toujours pas à l’époque d’un mouvement « woke ». Parler d’une censure est bien exagéré puisque le titre fait référence à une chanson qui s’appelle « Dix petits indiens ». Pour les « retouches » qu’il y a dans le texte (comme le dit l’odieux au début de ce billet) il s’agit simplement de remplacer le mot « nègre » par le mot « soldat » (une dizaine d’occurrences dans le livre je crois).

    Pour « Le club des 5 », il y avait déjà eu une réécriture en 1976 (date des premières éditions : 1955). Ensuite en 2000 il y a une modernisation (le télégramme devient le téléphone, par exemple) puis en 2005 on remplace le passé simple par le présent. A aucune de ces dates on n’a crié à la censure, me semble-t-il… Ou du moins, il ne faut pas accuser les « wokistes » ou autre « cancel culture » pour affirmer qu’ « on ne peut plus rien dire de nos jours » (ou alors « nos jours » signifie 1940 ou 1976 autant que 2023).

    Alors, il me semble qu’on peut tout à fait se moquer de ça. C’est effectivement un peu ridicule. Mais de là à en faire le combat d’une vie (j’exagère à peine) comme certains dans les commentaires, ça me semble être le signe d’un racisme, précisément. Un peu comme ceux qui se disent anti-sexistes mais qui passent leur temps à montrer que les féministes sont des connes qui desservent leur cause : ils sont en réalité bien sexistes, sinon ils s’occuperaient un peu d’autre chose.

    Car oui, il y a des féministes connes, des anti-racistes débiles, etc., mais passer son temps à taper sur eux, c’est suspect je trouve.

    Pour la « censure » des sensivity readers, c’est un bien grand mot : il s’agit surtout, je crois, d’un coup marketing qui cessera dès qu’il lassera, ce qui va être rapide en France sans doute.

    Pour conclure, je dirais que le fond du problème c’est le capitalisme : le but n’est pas moral mais financier.

    • le féminisme consistant à défendre les femmes, le fait de taper sur des « connes qui desservent leur cause » cadre parfaitement avec le féminisme je trouve
      et comme ces gens-là ont une fâcheuse tendance à la mythomanie et à l’hypocrisie, les mettre face à leurs contradictions et aux faits ne me semble pas si négatif
      (forcément certains y prendront un plaisir malsain mais généralement ça reste une minorité)

      et pour le Club des Cinq, on a crié à la censure (du moins quand le passé simple est devenu le présent et que beaucoup d’autres choses ont été modifiées) mais pas forcément immédiatement au vu des dates des articles en parlant (de 2011 à 2016)

      le but est effectivement très certainement purement financier mais néanmoins dicté par des morales plus que douteuses …
      et au final au lieu d’éduquer les gens, on les crétinisent …
      (ça a certes commencé avant (quand le gouvernement a déclaré vouloir 80% de réussite au bac en 1985 et n’a eu de cesse de baisser le niveau du diplôme pour y parvenir) mais il faut dire que depuis l’avènement de la télé-réalité ça a plutôt empiré …)

    • Que de phrases, pour passer à côté du sujet !

      Qu’un ou une auteure, de son vivant et de sa propre initiative, adapte son œuvre à son public, comme l’a fait Agatha Christie, il n’y a aucun mal à cela. *Neverwhere*, qui est selon moi le meilleur roman de Neil Gaiman, existe en plusieurs versions, de sorte à clarifier les nombreuses références éminemment londoniennes qui émaillent l’œuvre, et seraient difficilement compréhensibles pour des étrangers.

      C’est également très courant dans la littérature japonaise, du fait de leur processus éditorial : après une première version en feuilleton publiée à compte d’auteur sur le Net vient une version remaniée pour une publication commerciale, avant souvent d’avoir une troisième version en bande dessinée.

      Mais que des ayant-droits ou autres éditeurs décident, après la mort des auteurs, de remanier un texte pour le rendre plus compatible avec ce qu’ils estiment être la morale des temps, là est le problème !

      Enid Blyton a-t-elle écrit des textes teintés de racisme et de sexisme ? Cela ne fait aucun doute. Enfant déjà, j’avais pu le percevoir. Ce n’est pas pour autant une raison pour le trafiquer a posteriori : ces textes sont racistes, sexistes, etc. tout ce que vous voulez. Qu’ils le restent ! C’est un témoignage d’une autre époque, et de pourquoi on ne pense plus comme cela aujourd’hui.

      Oui, mais du coup on ne peut tout de même pas donner ça à lire à des enfants ! Peut-être pas, en effet. Peut-être qu’Enid Blyton a fait son temps, et qu’est venue l’heure de ranger ses œuvres sur l’étagère-musée. Et il n’y a rien de mal à ça : certaines œuvres subissent mieux que d’autres le passage du temps. Qui aujourd’hui, à part des passionnés, lit encore du Madame de Staël, ou du Paul Féval ? Qui se souvient, tout simplement, de l’existence d’Hélisenne de Crenne ou de Jacques Tahureau ?

      Laissons les œuvres dépassées mourir de leur belle mort plutôt que de vouloir à tout prix les maintenir sur respirateur. Et je terminerai sur une pensée un rien provocatrice : si l’on considère qu’une littérature jeunesse vieille de près d’un siècle, aux relents racistes et sexistes, doit absolument être mise entre les mains des bambins, quitte à la défigurer, qu’est-ce que cela dit de l’attrait de la littérature jeunesse actuelle… ?

  45. Il faut vraiment être un lapin de trois semaine pour ne pas deviner que l’affaire n’a rien à voir avec une quelconque idéologie.

    La maison d’édition à trouvé un sujet polémique. Comme prévu la droite s’est mise à crier au scandale, à la censure, au sacrilège, pour un truc que tout le monde aura oublié dans un an. Comme d’habitude, quelques gauchistes moins malins que les autres ont foncé droit dans le panneaux et on eu la malheureuse (et surtout stupide) idée de défendre l’initiative, donnant le bâton pour se faire battre. Les journaux y trouvant aussi leur intérêt ont relayé l’affaire, assurant gratuitement une couverture internationale à la maison d’édition en question, conformément au plan initial.

    Bref, une entreprise qui crée le bad buzz et rafle la mise, des politiciens de droites et des journaux qui se servent au passage comme des vautours, et les minorités utilisées comme prétexte qui paient les pots cassés. Rien qui ne soit très habituel. Et vous vous foncez tête dedans faire de la pub pour ces nouvelle éditions. Quel odieuse naïveté !

  46. En 2001, Terry Zwigoff, le pote de Robert Crumb, réalisait le film Ghost World, qui traitait déjà de ce phénomène, un film salutaire.

    Pour ma part j’attends avec impatience la réédition des œuvres de Céline en bibliothèque Rose…

  47. Pour faire bugger un « Sensitivity reader », lui demander d’expurger un bouquin de Bukowski.

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