Indiana Jones et le cadran qui dit qu’il faut rentrer

– Euh… est-ce que vous venez de dire « massacrer », Monsieur ?

Johnson part d’un grand rire, et donne une tape vigoureuse sur l’épaule de son nouvel assistant.

– Ah, Steven ! On voit que vous venez d’arriver chez Disney ! Laissez-moi vous expliquer, mon p’tit. Vous savez que longtemps, nous avons été un studio à succès, n’est-ce pas ?
– Oh oui ! J’adorais Le Roi Lion ! Enfin, pas celui avec des animaux bizarres, non : le dessin animé.
– Justement, justement. Vous savez ce qu’est le problème du succès, Steven ? Non, sûrement pas vu votre costume. Le problème, c’est l’argent. Vous commencez à en avoir. Plein. Alors au début,  vous vous achetez de jolies choses : téléphone, voiture, maison… mais l’argent continue à s’accumuler. Rapidement, vous ne savez plus qu’en faire. Alors vous l’exhibez. Vous le dépensez juste pour le dépenser. Et vous devenez un de ces types en boîte de nuit qui achètent des bouteilles de champagne hors de prix juste pour en asperger les copains. Parce que vous pouvez le faire. Et que vous voulez le montrer. Vous voyez le principe ?
– Oui. Chez moi, on appelle ça des « gros cons ».
– Eh bien, chez Disney, nous sommes passés au niveau supérieur ! Nous avons tellement d’argent que notre hobby, c’est de racheter des licences pour les foutre en l’air ! D’où mon propos : aujourd’hui, nous avons une licence à massacrer ! Allez, en piste !

Steven, quelque peu décontenancé, suit son nouveau patron alors qu’il pénètre dans une salle de réunion en lançant joyeusement à la cantonade :

– Alors, qu’a-t-on au menu aujourd’hui ? Michel ?
– Eh bien je me disais… vous vous souvenez d’Indiana Jones et le Crâne de cristal
– Une sacrée merde, Michel ! Pour sûr que je m’en souviens ! Un film d’aventure avec un Harrison Ford de 70 ans ! Quelle idée !
– Eh bien je vous propose d’en faire un nouveau, dix ans plus tard !
– Avec un Harrison Ford de 80 balais ? Géniaaaal Michel ! C’est fabuleux ! Quelqu’un d’autre pour une idée foireuse ? Oui, Jacqueline ?
– Je me disais qu’on pourrait rajouter des voyages dans le temps.
– Haaaan ! Tout film qui en comporte est raté ! C’est extraordinaire, je prends, je prends ! Qui d’autre ! Raoul ?
– On pourrait merder sur les dialogues ? Du genre se contredire à chaque scène, bien volontairement ?
– Ouais, putain !
– Et les décors ? Les lumières !
– Ouiii ! Oh ouiiii !
– Les figurants !
– Arrêtez, je n’ai pas de pantalon de rechange ! C’est bon, je suis convaincu ! Matthéo, c’est vous le scénariste ? Vous avez du papier avec vous ?
– Oui ?
– Parfait, voici deux boîtes de laxatif ! D’ici deux heures, vous devriez avoir un script complet !

Si vous avez une meilleure explication quant à comment Disney parvient à massacrer chaque licence avec une rigueur épatante, je suis preneur.

Mais si vous pensez que je force un peu le trait et qu’Indiana Jones et le Cadran de la destinée n’est pas si raté que ça… laissez-moi vous dire une chose :

Spoilons, mes bons !


L’affiche : la pyramide de héros qui regardent dans toutes les directions, l’autre signe du navet.

Notre film commence en 1944, alors que de petits coquins de nazis sont en train d’évacuer des œuvres d’art d’un château où elles étaient entreposées. De temps à autres, une bombe tombe sur le bâtiment, mais les soldats allemands, bien disciplinés, ne réagissent guère. Mieux encore : ils maintiennent allumé suffisamment de lumières pour faire envie à Eurodisney, des fois que l’aviation ennemie ne les voie pas bien. Ils sont comme ça les nazis : sympas.

Sauf que voilà : au beau milieu de l’affaire, quelques soldats mettent la main sur un intrus. Un Américain déguisé en officier allemand que nous appellerons Indiana Jeune, puisqu’il a la trombine de la grande époque d’Harrison Ford grâce à la magie des effets spéciaux.

Les Allemands, peu impressionnés par ce lifting numérique, décident tout de même d’emmener le malandrin devant leur chef : le kolonel.

– Kolonel, kolonel ! Nous avons attrapé ce filou !
– Tiens donc ! Fouillez les environs, il n’était sûrement pas seul. Pendant ce temps, je vais l’interroger.

Indiana Jeune est jeté sur une chaise face au kolonel, pendant qu’autour d’eux, on continue à évacuer des tableaux dans de grosses caisses de bois.

– Que faisiez-vous ici, sale espion ?
– Je suis venu pour ces œuvres ! Ces œuvres que vous pillez dans toute l’Europe, monstre ! Et je… kolonel ? Kolonel, vous avez la tête ailleurs ? Je suis en train de faire mon discours sur l’art en danger à cause de vous, vous pourriez faire semblant d’écouter !
– Pardon, désolé. Je me demandais qui avait écrit ce dialogue. Non parce que votre propos est un peu rigolo : m’accuser de faire du mal à l’art, dans une scène où je mets des œuvres à l’abri justement parce que vos avions les bombardent…
– Ah oui merde. Bon enfin faisons comme si : le pillage, c’est mal !
– Super. Et qu’est-ce que tu vas faire, petit espion ?
– Eh bien euh… je… eh bien… ah ! Je sais ! De l’art de merde ! Parce qu’aujourd’hui, c’est facile de piller un musée ! Il suffit de se barrer avec les sculptures et les tableaux. Mais dans le futur, j’inventerai « l’art contemporain », et comme ça en arrivant, vous aurez l’air bien con parce que vous ne saurez pas si vous devez vous barrer avec l’extincteur, le lavabo ou le paillasson ! Ah !
– Il suffit, jamais une idée aussi débile ne prendra ! Et surtout pas de votre fait : exécutez-moi ce rigolo.

Voilà qui est mal engagé. Indiana Jeune est aussitôt emmené loin du kolonel pour y être exécuté. Les Allemands le font donc grimper dans la plus haute tour du château, pour… attendez, pourquoi d’ailleurs ? Pour le plaisir de grimper cinq étages ? Pour avoir le bonheur simple de transporter ensuite un macchabée dans un escalier en colimaçon en sens inverse en jurant « Putain qu’il est lourd, il reste combien de marches » ?

On l’ignore, mais pour l’instant, le film n’a pas démarré depuis cinq minutes qu’on est déjà à un souci par scène. Dois-je ajouter que les Allemands, qui sont tous surarmés, décident que pour tuer Indiana ils vont le… pendre ? Oui, les larrons ont monté avec eux plusieurs kilos de corde histoire de vraiment savourer les escaliers gravis sans raison.

Sortez votre boîte à « Ça alors ! » car cette série de décisions incompréhensibles permet à Indiana d’être PILE au bon endroit PILE au bon moment quand une bombe américaine traverse le toit, puis le plancher, et tue miraculeusement tous ses geôliers (mais lui va bien, merci) avant de lui permettre de se libérer ! Secouez votre boîte, il y a de quoi.

Enfin libre, Indiana peut se ruer jusqu’à la cour du château, où il aperçoit une voiture prête à partir. Il tabasse le chauffeur, le sort par la portière, se glisse derrière le volant et…

Là, deux officiers allemands montent à l’arrière. Dont un côté conducteur. Pourquoi est-ce que je le précise ?

Mais parce que ça veut dire qu’un des deux types était à deux mètres, du bon côté du véhicule et a donc forcément vu Indiana péter la gueule de son chauffeur avant de balancer son corps inconscient au sol juste devant lui. Et donc, au lieu de donner l’alerte ou de sortir son flingue…

Il s’installe sur la banquette arrière comme si de rien n’était et ordonne que hue, dada.

J’insiste : cinq minutes. CINQ PUTAINS DE MINUTES et il y a plus d’erreurs dans ce films que dans un court métrage d’écolier.

Mais attendez, ce n’est pas fini. 

Car avoir deux officiers à l’arrière n’arrête pas Indiana. Qui n’a pas pris la voiture pour s’enfuir, non, mais pour partir à la poursuite du train par lequel le kolonel est parti avec les œuvres d’art. Et ça tombe bien, puisque ledit train, lui aussi, roule toutes lumières allumées alors qu’il est sous les bombes ! Voilà qui facilite drôlement le travail d’Indiana (et des aviateurs alliés, donc) ! Ces nazis sont vraiment d’une amabilité proverbiale. La suite ? Je vous passe les cascades, mais notre héros parvient à sauter de la voiture sur une moto, tue tous les Allemands sur sa route (qui se contentent généralement d’agiter les bras en l’air en faisant « Aaah ! » ou d’être aussi inefficaces que possible), et rattrape le train du kolonel.

Et justement, allons faire un tour à bord.

Car le kolonel n’est pas parti qu’avec des tableaux de dames toutes nues. Non, avant de partir, il a aussi glissé dans ses bagages un prisonnier : le complice qui accompagnait Indiana Jeune, que ses hommes venaient de débusquer. Un petit bonhomme moustachu et rondouillard qui a l’air tout perdu.

– Ach, qui êtes vous ? Vous étiez avec l’espion américain, hmmm ? Vous guidiez leurs maudits bombardiers ?
– Alors c’est-à-dire que si vous ne laissiez pas tout allumé en permanence…
– Ah, ça ! C’est une longue histoire ! Quand j’étais enfant, mein papa disait toujours « C’est pas Versailles ici ! ». Or, comme tous les nazis, je hais le Traité de Versailles, et depuis, je laisse tout allumé pour… mais je m’égare. Je disais donc : qui êtes-vous, sale espion ? Que veniez-vous faire ici ?
– Euh… eh bien je suis le docteur Gégé Shaw, professeur d’archéologie à Oxford.
– Et qu’est-ce que vous faisiez à rôder près de mon château ?
– D’après nos informations, vous avez en votre possession la lance qui a servi à faire bobo au Christ. Nous sommes donc venus la récupérer pour…
– Attendez, attendez. Comment pouviez-vous savoir ça alors que dans la scène précédente, un certain docteur Koquin venait m’annoncer qu’il venait miraculeusement de retrouver la fameuse lance ? Elle est en notre possession, oui, mais depuis moins de 10 minutes. Alors comment avez-vous pu être informé d’un truc qui n’était même pas encore arrivé ?
– … 
– Merde, encore une scène ratée. Bon, ben tant pis, passons à la suivante.

Et la suivante, c’est justement le docteur Koquin, éminent professeur allemand, qui vient trouver le kolonel pour lui annoncer une mauvaise nouvelle.

– Kolonel ? Vous savez la lance…
– Oui ?
– Elle est fausse.
– Que ? Mais ? Espèce de bourricot, vous n’avez pas pensé à vérifier AVANT de débarquer comme une fleur pour me dire que vous aviez la lance ayant blessé le Christ ? Surtout que visiblement, ça vous a pris trois minutes vu que vous avez réussi à le faire entre la précédente scène et celle-ci !

Vous trouvez ça con ? Mal écrit ? 

Vous n’avez encore rien vu. Car à cela, la réponse du docteur Koquin est…

– Alors oui, je sais que vous devez être déçu, kolonel, mais…
– Mais ?
– Il se trouve que j’ai dans la poche une relique bien plus extraordinaire !
– Quoi ?! 
– Oui, je garde toujours sur moi une relique miraculeuse pour ce genre de situation de « J’ai parcouru l’Europe à la recherche d’un objet avant de le rapporter sous les bombes à mon chef, mais paf au dernier moment je pense à vérifier si c’est le vrai et oups non donc il me faut un plan B. ». C’était ça ou une boîte de Mon Chéri. Mais comme je sais que tout le monde n’aime pas, les reliques, c’est plus sympa.
– Ah oui vous êtes très organisé. 
– Merci.
– Et donc, cette relique de secours que vous avez toujours dans la poche ?
– Eh bien cela s’appelle « le cadran de la destinée ». Cela permet de voyager dans le temps ! Idéal quand, par exemple, on est en train de perdre une guerre.
– C’eut été intéressant de nous en parler avant si vous l’aviez déjà, gros blaireau !
– Oui hein ? Surtout que je n’en ai que la moitié. Et qu’avec vos moyens, j’aurais sûrement pu retrouver l’autre, mais sinon, ben pas de film donc euh… voilà.

Je…

Je savais que ce serait mauvais, mais à ce point ? Et rappelez-moi : la grève des scénaristes a commencé APRES l’écriture de ce film ? 

Le docteur Koquin, l’homme qui annonce ses découvertes d’abord et vérifie si elles sont vraies après.

Surtout que j’essaie d’imaginer la logique derrière le concept.

* * *

Bureau des scénaristes, un mardi, 10h49

– … et donc, au début du film, on suivrait le docteur Koquin venu annoncer aux nazis qu’il a découvert la moitié du cadran de la destinée, dont Hitler veut se servir pour gagner la guerre.
– Hmmm… non. 
– Pardon M. Johnson ?
– Non. Enfin, c’est trop direct ! Je ne sais pas moi : et si le docteur Koquin arrivait avec une relique qui n’a rien à voir avec le film ?
– Mais… mais pourquoi ?
– Et si en plus il s’apercevait qu’elle était fausse ? Mais après ? Du genre « Ah merde, tout ça pour rien ! »
– Monsieur Johnson, cela veut dire rajouter du temps d’écran ! Des scènes ! Des dialogues ! Le film va coûter plus cher et sera moins bien ! Et comme vous le dites : pour rien !
– Oh oui ! OUIII ! 
– Monsieur Johnson, lâchez votre bite ! Et puis comment on introduira le cadran de la destinée, l’objet le plus puissant du film dans ce cas ?
– Oh ben, z’avez qu’à dire que le docteur Koquin l’avait dans la poche.

* * *

Là aussi, si vous avez une meilleure explication, je suis preneur.

Mais revenons à nos nationaux-socialistes.

Car nos amis aux brassards rigolos sont dérangés par l’arrivée impromptue d’Indiana Jeune. Là encore, je vous passe les cascades avec de la baston dans et sur le train, mais Indiana sauve son brave Gégé, prend le temps de se changer alors que tout le train est en alerte (ben oui, il y a des priorités), se retrouve face au kolonel qui a visiblement des pouvoirs de téléportation puisqu’il arrive de l’avant du train alors qu’il les poursuivait depuis l’arrière… oh, et il est aussi très malin : bien qu’ayant un flingue, il décide sans aucune explication d’affronter Indiana avec la réplique de la lance du Christ et meurt (tué par son propre pistolet, le film voulant insister sur le fait qu’il en avait bien un… mais pourquoi ?! POURQUOI ?!), quant au docteur Koquin, alors qu’il tente de poursuivre nos amis qui courent sur le toit du train, il prend un obstacle en pleine tête à pleine vitesse, et est tué sur le coup, alors que son corps propulsé par le choc disparaît dans la nuit.

Le train, lui, se fait bombarder avec encore plus de cascades improbables, avant d’être capturé par des parachutistes britanniques (à l’époque, on larguait souvent des parachutistes sur les trains).

Les méchants sont vaincus, nos héros sauvés, et Indiana Jeune ne repart pas les mains vides : certes, la lance du Christ était fausse, mais au moins, il a récupéré le fameux cadran de la destinée des mains du défunt docteur Koquin !

Nous pouvons donc sauter quelques années, et nous rendre en 1969 à New York pour y retrouver notre héros, devenu Indiana Jones puisqu’il n’est plus très jeune. En effet, Indiana Jones étant né en 1899 (on s’instruit sur ce blog), notre héros a donc 70 balais. Et ça tombe bien : nous voici le jour où il prend sa retraite d’enseignant à l’université, ce qui nous rappelle que cette réforme, c’est vraiment n’importe quoi. De toute manière, Indiana en a marre : il n’a plus de jolies étudiantes qui écrivent des mots d’amours sur leurs paupières avant de cligner langoureusement des yeux. Non, à la place, il n’a que de jeunes gens qui se font ouvertement chier, et qui estiment que finalement, c’est le docteur Jones qui devrait être dans un musée. P’tits cons. Par ailleurs, ils n’ont d’yeux que pour l’évènement du jour : le retour des astronautes de la mission Apollo 11 qui a vu les premiers hommes marcher sur la Lune, et qui vont participer à une grande parade dans les rues de la villes.

Marmonnant des propos impliquant des trous et des culs, Indiana s’en va fêter son départ seul dans un bar.

Sauf que même là, pas moyen d’être tranquille, merde : une femme vient s’assoir à côté de lui.

– Bonjour, docteur Jones.
– Raaah, mais c’est pas vrai. Écoutez ma p’tite, si c’est mon corps que vous voulez, vous arrivez trop tard. Ou trop tôt, ça dépend ce que vous voulez en faire. Mais dans les deux cas, faudra pas trop compter sur ma prostate.
– Que ? Mais non enfin ! C’est moi, Héléna ! Héléna Shaw ! La fille de Gégé Shaw, votre ami archéologue !
– Aaah oui, je m’en souviens ! Avec votre père, on vous regardait jouer dans le parc avec les autres enfants. Enfin, ça, c’était jusqu’à ce que, vous voyant poursuivre une amie, je m’exclame « Attention, elle a Shaw au cul ! ». Depuis, on ne m’a plus laissé approcher du parc pour enfants.
– Euh… bon, changeons de sujet. Je viens d’obtenir mon diplôme d’archéologie ! Comme mon papa !
– Vous avez dû beaucoup redoubler, vu votre âge.
– Ouais ben moi au moins, j’ai pas de couches !
– Mais moi au moins, j’ai une retraite.
– Okay, vous êtes joueur, mais changeons de sujet. Je vous la fais courte : je me passionne pour le cadran de la destinée, comme mon père. Une incroyable invention, conçue par Archimède lors du siège de Syracuse. Sauf qu’il a été brisé en deux par Archimède lui-même, mais papounet m’a dit que vous en aviez récupéré une moitié dans un train nazi ! 

Et Indiana d’étancher la curiosité de la jeune femme en l’invitant dans son bureau à l’université, puisqu’il en a toujours les clés, afin de lui montrer la moitié du cadran de la destinée qu’il a planqué toutes ces années dans une réserve. Indiana explique alors de quoi il retourne.

– Ton père m’avait supplié de détruire cet objet, mais je n’ai pas pu. C’est un morceau d’histoire ! Archimède était un grand mathématicien. Il pensait que l’on pouvait tout prédire. Y compris les fluctuations… du temps. Ah et accessoirement, il existe quelque part dans le monde une tablette qui dit où se trouve l’autre moitié.
– Mais ? Et toutes ces années, vous êtes resté assis sur ces infos ? 
– Eeeeh bieeeeeeeeeeeeeen… ui.

Mais sur ces entrefaites, voilà qu’arrivent des méchants armés. Qui n’hésitent pas à tuer les profs de l’université qui se mettent sur leur chemin, avant de tenter de capturer Héléna et Indiana. Nos héros réagissent immédiatement en se divisant en deux groupes de un, et pendant qu’Héléna file par une fenêtre, Indiana fait ce que tout bon archéologue ferait à sa place : il envoie des objets anciens précieux à la gueule de ses assaillants.

Les archéologues qui me lisent sont sûrement en train de pleurer, roulés en boule dans un coin mais, allons, ça va, ça va. Tenez, regarde ce tableau de classification des vases grecs en fonction de leurs couleurs. Voilààà. C’est fini ce gros chagrin. Chhhhut. 

Et reprenons.

Après avoir saccagé les collections de l’université, Indiana tente d’avertir la police à l’aide d’un téléphone. Sauf que soudain, on lui met un pistolet sur la tempe, un sac Franprix sur la tête, et on l’embarque dans une camionnette. Où lorsqu’on lui retire son sac, il se retrouve face à une femme noire.

– Mais ? Comment est-ce possible ?
– Quoi, ça vous surprend, une femme noire agent de la CIA ? Car oui, nous sommes la CIA. 
– Non ! Vous traînez avec les méchants ! Or, nous sommes au XXIème siècle et les films sont racistes ! Comme toute femme noire, vous êtes forcément naturellement gentille !

Et le pire ? C’est qu’Indiana a raison.

En effet, on comprend bien vite que si la femme noire que nous appellerons Marguerite est agent de la CIA, les méchants tueurs qui l’accompagnent ne le sont pas. Ses supérieurs lui ont imposé pour la mission. Et elle n’est pas contente car… caaaar… mais oui ! Contrairement à eux, elle est GENTILLE !

Ouf ! Un instant, j’ai cru qu’on allait traiter les gens de couleurs comme les égaux des blancs, j’ai eu peur. 

En attendant, la camionnette qui emmène Indiana Jones est soudainement bloquée par le défilé qui bloque la moitié de la ville, en honneur des astronautes revenus sur Terre. Et comme un autre véhicule arrivé derrière les bloque, il va falloir continuer à pied. Indiana et ses ravisseurs croisent donc des policiers sur les bords du défilé ! Indiana va pouvoir… euh… pouvoir… 

Ah ben non. Non, il n’appelle pas à l’aide. 

Il se retrouve au milieu de centaines de civils ? Idem, plus un mot ! Pourquoi donc ? Mais enfin, il y a une excellente raison, soyez un peu attentifs :

Sinon le film s’arrêterait !

Voilà. On en est là. Les gens derrière le film n’arrivent même plus à justifier ce qu’il se passe à l’écran. Et puis soudain, sans explication, Indiana se rappelle que « Ah oui, merde, c’est pas mes potes en fait les gens qui m’emmènent », et profitant d’un moment d’inattention, Indiana colle une paire de bourre-pifs à ses ravisseurs et s’enfuit. L’un des méchants à sa poursuite décide, pour s’ouvrir un chemin dans la foule de…

Attendez ?

IL TIRE EN L’AIR ?

Je vous remet le contexte ? Un défilé d’ampleur nationale, les astronautes ayant marché sur la Lune, le tout en plein New York, en pleine guerre froide… et donc, un personnage décide de se mettre au milieu de la route et de tirer ? Là, je sais ce que vous allez me dire :

« Il doit y avoir des policiers partout, ils vont s’en mêler ! »

Oui, il y a des policiers partout. Même qu’on les voit dans tous les plans. SAUF dans celui-là ! Puisque le film lui-même n’arrivant pas à justifier comment les méchants pourraient échapper à la police après une connerie pareille… il se contente de faire disparaître tous les policiers durant quelques secondes. Probablement qu’ils sont tous allés se moucher au même moment : maudit pollen !

C’est. Génial.

Indiana, après avoir fait quelques mètres, parvient tout de même à tomber sur un agent des forces de l’ordre à cheval, réapparu entre deux plans. Il lui explique donc promptement sa situation :

– Monsieur l’agent ! Je suis poursuivi par des vilains ! Vous savez, ceux qui viennent de tirer en l’air à environ cinq mètres de vous et où toute la foule s’est couchée en hurlant !
– Pardonnez-moi, je n’ai rien vu et rien entendu : je me mouchais.
– Maudit pollen !
– Je ne vous le fais pas dire. Et donc, vous disiez ?

Mais las ! Indiana n’a plus le temps : il dégage le fonctionnaire, s’empare de sa monture, et hop ! Il remonte tout le défilé à cheval ! Il est rapidement pris en chasse par les méchants, dont l’un a volé une moto à un autre policier enrhumé, et l’autre une voiture. 

« Cette fois-ci, la police va réagir ! Après tout, on vient carrément de leur voler leurs affaires ! Ça doit gueuler dans les radios ! » allez-vous insister « Alors, qui va se joindre à l’action ? Les policiers sur les bords du défilé ? Ceux à cheval ? En moto ? Puisqu’on vient de voir qu’il y en avait ! »

L’un des méchants (il a une moustache) sur sa moto de police volée. Police qui n’est donc là que pour filer motos et chevaux, mais ne surtout pas arrêter les types armés qui tirent partout.

Oui mais… tous les agents du coin sont visiblement repartis se moucher. C’est vraiment terrible, ce rhume ! La course-poursuite peut donc se faire sans encombre, cascades, re-cascades, Indiana fuit à cheval dans le métro… et parvient finalement à échapper à la CIA. 

Mais au fait, pourquoi la CIA en voulait à Indiana et Héléna ?

Eh bien, voici venir le méchant du film : derrière tout cela se cache le docteur Koquin !

Qui…

Pardon ? Il était mort ? 

Oui, oui. Mais le film l’a oublié. Non, je ne plaisante pas. Au début du film, on nous a fait toute une scène pour nous montrer le docteur Koquin se mangeant un énorme obstacle en pleine tête à 100 kilomètres heures, ce qui est mortel dans environ 100% des cas, mais en fait, il va bien. Ah et en supposant qu’il ait miraculeusement survécu, non, il n’a pas la moindre cicatrice. Vous savez ce que c’est, hein : on fait de la moto, on se prend un panneau dans la gueule à pleine vitesse sans casque, mais on en sort avec une grosse bosse et une bonne leçon. 

Non mais sérieusement : si c’était pour le faire revenir, pourquoi lui mettre un truc mortel dans la gueule plus tôt dans le film ? Pourquoi ne pas juste le faire tomber du train ? 

Donc, ce n’est pas de la petite incohérence, on va devoir se fader un film où les scénaristes ont oublié qu’ils avaient tué l’antagoniste dans les dix premières minutes. Chapeau. Mais, bref : que fait ce vilain nazi ici ? Eh bien le docteur Koquin, physicien de son état (même si visiblement, la physique et lui font deux), a en effet été récupéré par les Etats-Unis après la fin du conflit, et travaille désormais pour leur programme spatial. Et comme il est très influent en cette période de conquête spatiale et de missiles intercontinentaux, il a joué de sa position privilégiée pour mettre la CIA sur la trace du cadran de la destinée. Et donc, d’Indiana et Héléna ! Et les méchants tueurs armés qui accompagnent la gentille agent de la CIA malgré elle sont ses hommes de main.

Vous savez tout. Nous pouvons donc nous en retourner du côté d’Indy.

Qui ne sait plus où aller ! À son âge, ça arrive, mais là quand même, c’est plus grave que d’habitude. Il est désormais recherché, son appartement est probablement surveillé… heureusement surgit de nulle part un de ses vieux amis : Sallah ! Son compagnon avec qui il a traversé moult aventures dans de précédents films. Le brave invite Indiana à se cacher chez lui, et lui donne quelques détails qu’Indiana ignore.

– Alors ? Tu t’es fait voler ton bout de cadran de la destinée, vieux grigou ?
– Oui, eh, ça va hein. En plus je me le suis fait piquer par ma filleule, Héléna Shaw.
– Aaah, mais justement. Savais-tu qu’elle avait été condamnée plusieurs fois au Maroc pour trafic d’antiquités ? Et qu’à chaque fois, elle avait été libérée par un mafieux local ? Il se trouve que ledit mafieux va tenir cette semaine, quelle coïncidence, une grande vente d’antiquités volées dans son hôtel marocain. Nul doute que tu devrais y voir réapparaître Héléna !

Ah, les fameuses grandes ventes d’antiquités volées qui se tiennent dans des hôtels en vue ! La discrétion assurée.

Sallah n’a donc plus qu’à accompagner Indiana Jones à l’aéroport, à lui hurler « Bonne chance, Indiana Jones ! » devant tout le monde histoire de bien le griller sachant qu’il est recherché (mais ça aussi, le film l’a oublié), et pif paf pouf, allez hop, Indiana parvient à monter dans l’avion sans aucun problème et s’envole pour Tanger. Et une fois sur place, il déboule donc à l’hôtel, puis dans la salle de vente aux enchères qui n’est gardée que… par un adolescent.

Je rappelle que l’on parle d’une vente internationale d’antiquités volées : sécurité MAXIMUM !

* * *

Bureau des scénaristes, un jeudi, 14h12

– Indiana doit rentrer dans la salle cachée où se tient la vente illégale.
– Cachée ? Non, c’est chiant. Mettez-là bien en vue, dans un endroit où n’importe qui peut tout voir et entendre.
– Mais, M. Johnson… je… bon, on n’aura qu’à dire que c’est parce qu’ils n’avaient pas d’autres endroits. Et puis bon, c’est gardé.
– Gardé ? Non ! Vous savez quoi ? Vous me mettez une porte gardée uniquement par un adolescent ! 
– Un ado… attendez, là, c’est trop, Monsieur Johnson. 
– Et con, hein l’ado ! Et pas armé ! Oh, et puis occupé à autre chose, du genre discuter avec les clients au lieu de faire son boulot !
– Vous ne préférez pas qu’on ne mette pas de garde, dans ce cas ?
– Non ! Oh putain non ! Ce serait trop cohérent ! Chiez-moi bien tout ça je… ooooh… je… quelqu’un a du sopalin ?

* * *

Indiana peut donc se pointer sans problème dans la salle de la vente illégale, merci, mais, à sa grande surprise, arrive aussi le docteur Koquin, escorté par ses méchants hommes de main. À noter qu’alors que ces gens sortis de nulle part interrompent les enchères et commencent à s’invectiver, le reste de la salle pourtant constitué de criminels et autres trafiquants ne pipe mot. Du moins, durant de longues minutes, jusqu’à ce qu’un type n’en ait marre et ne se lève l’arme à la main.

– Bon écoutez, moi je suis venu ici pour acheter des antiquités, pas pour écouter un vieux monsieur à chapeau qui sent le pipi s’engueuler avec un nazi à lunettes.
– Ah ben merde ! Alors vous réagissez, finalement ?
– D’après le script, on veut bien que des gens armés débarquent à notre vente illégale sans moufter, mais au bout de quelques minutes, on commence à trouver le temps long. Alors voilà, c’est dit, j’en ai marre : je trouve le temps long !

Voilà qui crée une diversion : hop, ça tourne à la baston, au pan-pan, aux cascades, et finalement, c’est le docteur Koquin qui s’enfuit avec le fameux bout de cadran de la destinée.

Indiana et Héléna, eux, se retrouvent brièvement arrêtés par la police, s’enfuient, sont pris en chasse par des bandits avec lesquels Héléna avait frayé, s’enfuient à nouveau, et alors que pendant ce temps-là, le docteur Koquin qui est en voiture devrait déjà être du côté de Carcassonne, il suffit qu’Indy saute dans un touk-touk pour que soudain, il se retrouve juste derrière les méchants.

C’en est à se demander pourquoi ils sont à la poursuite d’une machine temporelle : visiblement, ils en ont déjà une.

– Vous exagérez patron. Peut-être que la voiture a tout simplement dû suivre une route sinueuse, là où le touk-touk a pu se faufiler un peu partout.
– Diego, mon petit, tu prends bien des libertés. Mais soit ! Je retiens ta théorie. Pourtant, je peux te prouver que la mienne est plus solide. Tu te souviens de la scène précédente, où Indiana rentrait dans l’hôtel où se tenait la vente ? Il faisait nuit et la fête battait son plein à tous les étages.
– Certes. Et ?
– Maintenant, sachant qu’il ne s’est écoulé depuis tout au mieux que dix à quinze minutes…
– Mais ? Il fait grand jour !

Eeet oui. Rappelons que cette erreur peut vous valoir un bon coup de pied au cul en première année de cinéma.

À Hollywood, elle vous ouvre les portes d’un budget de dizaines de millions.

Après une course-poursuite sans grand intérêt qui vous laissera le temps de regarder votre montre plusieurs fois, nos héros échouent à rattraper les vilains. Qui gagnent une base américaine, où puisque le docteur Koquin est influent, on lui confie un hélicoptère pour filer vers des cieux plus cléments. 

Sauf qu’à bord se trouve Marguerite, l’agent de la CIA qui comme je le disais plus haut, répond au principe raciste du taux de gentillesse indexé sur celui de la mélanine. Je vous laisse donc deviner qui, de tous les Américains à bord, est le seul personnage qui va oser sermonner ce brave scientifique au lieu de lui obéir ? 

Voilà. Marguerite, c’est à toi.

– Docteur Koquin, vous faites n’importe quoi ! Après vos hommes de main qui tuent des civils et ruinent une parade aux Etats-Unis, maintenant, vous causez un tel chaos dans Tanger que vous manquez de créer un incident diplomatique ! Et c’est à nous de venir vous récupérer ! C’en est trop ! Influent ou pas, je vous ramène au pays, et vous aurez des comptes à rendre !
– Ça vaaa. J’ai eu ce pourquoi je suis venu : la moitié du cadran de la destinée. Et je pense savoir où trouver la tablette qui indique où se cache l’autre. Alors si nous y allions avec cet hélicoptère ?
– Jamais ! Docteur Koquin, vous êtes VILAIN ! Dans la vie il faut être GENTIL ! Car la GENTILLESSE, c’est BIEN !
– Pfou, louuuurd ! Allez, mes hommes de main : tuez tout le monde.

Et ses deux porte-flingues abattent non seulement Marguerite, mais aussi tout le personnel de l’hélicoptère pour mieux en prendre les commandes. Les méchants peuvent donc poursuivre leur route à vive allure.

Pendant ce temps, à Tanger, Indiana s’engueule un peu avec Héléna.

– Super ! Maintenant, un ancien nazi a le cadran de la destinée ! Bravo le veau !
– Ouais, et moi aussi j’ai écopé d’une relique, sauf qu’elle a un chapeau. Allez, retourne mâcher tes biscottes, si tu commences maintenant, t’auras peut-être fini la première ce soir.
– Partir ? Pour que tu ailles à la poursuite du docteur Koquin seule ?
– Et pourquoi pas ? Je connais par cœur les carnets de mon père. Je pense donc pouvoir retrouver la tablette qui indique où se cache l’autre moitié du cadran de la destinée !
– Ben pourquoi tu l’as pas déjà fait alors ? Au lieu de venir vendre une demie-relique à une vente aux enchères foireuse ?
– Eeeeeeeeeeh bieeeeeeeeeeeeeeeen…
– Ouais, je vois. Bon écoute, on sait toi et moi que… enfin, grâce au script, on sait que ce que tu cherches est quelque part en mer Égée. Donc toi, tu as les infos sur le site plus précis, et moi, j’ai des amis sur place avec un bateau et du matériel de plongée. Alors faisons équipe, d’accord ?

Personnellement, pour que les deux fassent équipe, je m’attendais à ce que chacun dispose d’une partie des informations indispensables à l’autre. Ce qui était d’autant plus facile qu’Indiana a passé près de trente ans avec le cadran pour lui tout seul et aurait pu découvrir quantité de détails en l’étudiant.

Mais non, là, le motif pour les forcer à rester ensemble, c’est que l’une sait tout, et l’autre a un pote à Kiloutou. Fabuleux.

Harrison Ford, ici réalisant dans quel film il se trouve.

Héléna et Indy s’envolent donc pour la Grèce, et emmènent dans leurs bagages Trouduc, l’adolescent idiot et incompétent qui servait de gardien à la vente aux enchères d’antiquités volées. Pourquoi ? Eh bien parce que… euh… eeeeh bien… Héléna… est pote avec lui. Voilà. Et donc, ben, euh pif paf pouf. 

Là encore, gros travail pour justifier de ce que les héros font ensemble. Quelle écriture ! Quel travail ! 

La fine équipe rejoint sur les bords de la mer Égée un vieil ami d’Indiana, Renaldo, un plongeur plus tout jeune qui dispose bel et bien d’un bateau. Tout le monde grimpe à bord, et lors d’un moment de calme, Héléna et Indiana se mettent à discuter.

– Indy, je pense savoir où est la tablette que nous cherchons : vous savez que la moitié du cadran de la destinée que nous connaissons a été retrouvée par des plongeurs sur l’épave d’un navire romain coulé, n’est-ce pas ?
– Oui.
– Eh bien ma théorie est que la tablette… est dans l’autre moitié du navire. Celle qui est juste à côté, un peu plus profond, et qui est inaccessible à des plongeurs. Tenez, j’ai fait un beau dessin de ce bout d’épave perdu, avec sa localisation exacte et sa profondeur. 
– Comment pouvez vous le savoir si personne n’a jamais trouvé ce bout d’épave ?

Du bout du pied, Héléna fait glisser le script sous la table, pendant qu’Indy change de sujet.

– Au fait Héléna. Dans les carnets de votre père, il y avait des dates.
– Des dates ?
– Mais ? D’où faites-vous la surprise ? Il y a deux scènes, vous m’expliquiez connaître par cœur tous les carnets de votre père !
– Ah euh… vous me laissez deux minutes que je ramasse le script sous la table ?
– Non, on s’en fout. Parmi ces dates, on trouve le 20 août 1969, soit dans trois jours. Ainsi que le 20 août 1939… soit juste avant qu’Hitler n’envahisse la Pologne.
– Des dates ? Vous pensez vraiment que le cadran permet de voyager dans le temps ?
– Oh non je ne crois pas au surnaturel… c’est vrai que j’ai vu un truc ou deux dans ma jeunesse, que je ne peux expliquer mais…

Oui, un truc ou deux.

Comme l’Arche d’Alliance tuant des centaines de nazis. Ou un croisé immortel, gardant le Graal qui t’a permis de sauver ton père. Soit juste les preuves que non seulement le surnaturel existe, mais Dieu aussi.  Rien de bien impressionnant, somme toute. Mais le film présente vraiment Indiana qui lance tranquillement qu’il a simplement vu des choses « qu’il n’explique pas ». Mais que pour autant, il ne croit pas spécialement à plus, hein ! Le Graal sauvant son père ou une malédiction décomposant instantanément un nazi, c’était p’têtre juste une réaction chimique peu commune.

Non mais… vraiment. Mais comment peut-on écrire ce genre de dialogues ? Dans le doute, le film repart sur les gros clichés, avec Héléna qui ne rebondit surtout pas et enchaîne.

– Et vous Indy, que feriez-vous si vous pouviez remonter dans le temps ?
– Je reviendrais au moment où j’allais signer pour ce film de merde.
– Non, alleeeeez !
– D’accord. Je dirais à mon fils de ne pas s’engager dans l’armée. Il l’a fait pour m’embêter, et il est mort. Sa mère était inconsolable, on a divorcé, et voilà.
– Oh ! Ça explique comment le film s’est débarrassé des encombrants protagonistes du volet précédent qu’étaient votre femme et votre fils.

Profitez-en, c’est le meilleur moment du film : celui où on apprend que Mutt, l’insupportable fiston d’Indiana Jones et le Crâne de cristal, est mort. 

Tiens allez, rien que pour ça, je me rallume un cigare.

Le film, lui continue à se vautrer dans ses contradictions permanentes, puisqu’enfin, le navire de nos héros arrive au-dessus de l’épave romaine recherchée. Et Renaldo d’annoncer :

– Bien, nous allons plonger sur l’épave.
– Mais ? Attendez, non, merde ! Cette fois-ci, c’est dans la scène précédente qu’Héléna expliquait que si la deuxième moitié n’avait pas été fouillée, c’est qu’elle était trop profonde pour des plongeurs !
– Du calme Indy. Vous allez plonger et tout ira bien.
– Non ! J’en ai marre ! TOUTES les scènes sont ratées ! Vous merdez le jour-nuit, vous faites disparaître et réapparaître des personnages quand ça vous arrange, vous passez votre temps à donner des infos avant de dire l’exact contraire cinq minutes après merde ! MERDE ! C’était pas compliqué d’écrire un truc tout con du genre « Oooh, la tablette est dans une deuxième épave non-fouillée que j’ai localisée ! » ou un truc du genre ! Mais non, il faut que vous sortiez un truc débile du genre « On ne peut pas plonger dessus, donc on va plonger dessus » ! J’en peux plus ! Qu’on me donne mon fouet !
– Bon dieu, je crois que papy fait un AVC ! Vite, filez-lui ses cachets !
– Non pas mes mrgnnn… meugn… que… qu’est-ce que je disais ? Ah oui : Renaldo, et si je plongeais sur l’épave ? Tu as une équipe de plongeurs à bord, mais je pense que moi et mes 70 balais, on est plus qualifiés !
– Aaaaah, voilà qui est mieux ! Très bien Indy : Héléna et toi, vous irez ! Moi et mon ami Jean-Jacques le plongeur, on ira sous l’eau, mais on restera en arrière à se curer le nez.

Ah ben oui, c’est utile, ça.

Les dialogues insistent lourdement sur le fait que Renaldo est l’un des meilleurs plongeurs au monde. Tout ça pour qu’au moment de plonger, il décide de ne rien faire. La semaine prochaine découvrez Pilar, la meilleure tueuse du monde, mais quand il faut tuer quelqu’un, elle te donne un flingue et part faire ses courses à Monoprix.

Indy et Héléna accèdent donc en 0,7 secondes à la fameuse épave « inaccessible aux plongeurs », qui était donc en réalité si peu profond qu’un type en apnée aurait pu y aller. Le navire est évidemment incroyablement bien conservé, et a encore tout son équipage de squelettes (la mer, cette conservatrice de musée méconnue). Passons, car évidemment, il y a quelques mésaventures avec des murènes, mais nos amis parviennent à récupérer un coffre qui a l’air intéressant.

Hélas, au même moment, un navire arrive à la surface et vient aborder le leur : ce sont les méchants ! Et comme nos amis plongeurs n’ont pas de bouteilles, mais de l’oxygène qui arrive jusqu’à eux par tuyaux façon scaphandres, les méchants les coupent.

À votre avis, qui d’Indy, Héléna, Renaldo ou Jean-Jacques le plongeur professionnel va être la SEULE personne à mourir en gigotant, là où les autres se contentent de tirer sur la cordelette qui gonfle leur gilet pour remonter ?

Oui : adieu, Jean-Jacques. Malgré ta profession, tu étais donc bien moins compétent qu’un petit papy.

De retour à la surface, c’est donc un peu la débandade, puisque les vilains ont pris le contrôle du frêle esquif de Renaldo. Le docteur Koquin parade sur le pont, et aidé de ses hommes, capture nos héros et récupère le coffret qu’ils venaient de récupérer. Qui contient bien une tablette d’Archimède ! Cependant, la joie du docteur Koquin est de courte durée.

– Hélas, ce qui est écrit dessus est visiblement un code. Je ne peux le déchiffrer. Mais vous, docteur Jones… vous pourriez !
– Jamais !
– D’accord. Dans ce cas, je tue Renaldo : pan !
– Salaud ! Tu as tué ce personnage qu’on n’a vu que pendant deux scènes et qui n’a servi à rien !

Avant qu’il ne se décide à tuer des personnages ayant eu plus de 45 secondes à l’écran, Héléna décide d’intervenir.

– Moi, docteur Koquin ! Je peux décoder la tablette !
– Vous ?
– Oui et je le ferai… pour… 100 000$ !
– C’est pas cher, vous savez ? Tenez, voici plutôt une poignée de diamants.

Et si vous connaissez les prix du marché des arts antiques, même en prenant le dollar de 1969, le docteur Koquin a raison : 100 000$ pour une pièce unique au monde, c’est ridiculement bas.

Mais vous savez où c’est beau ? 

C’est que durant la vente aux enchères plus tôt dans le film, le demi-cadran d’Héléna… n’atteignait même pas cette somme. Or, notre héroïne était toute contente. Ce qui signifie donc qu’Héléna est visiblement une trafiquante d’art volé qui ne connait pas son propre marché. Ah, j’aime quand vraiment, scène après scène, dialogue après dialogue, absolument tout est raté et se contredit en permanence.

Payée en diamants, Héléna se met donc au travail.

– Il est écrit « La seconde pièce du cadran repose avec moi, dans ma tombe sous la grande bibliothèque d’Alexandrie. »
– C’est à Alexandrie que nous devons aller, alors !

Oui.

Alors, je ne suis pas un expert hein. Mais il y a quand même un truc qui me chatouille. Attendez, laissons la place aux scénaristes.

* * *

Bureau des scénaristes, un mercredi, 23h12

– Monsieur Johnson je… je n’en peux plus je… je veux rentrer chez moi.
– Ah, mais chier sur une licence, c’est un métier mon p’tit ! Il faut vous endurcir ! Tenez, le message que les héros viennent de trouver. Que dit-il ?
– Que la tombe d’Archimède est sous la grande bibliothèque d’Alexandrie. 
– Merdez-moi ça, allez !
– Euh, ben… comme la bibliothèque est perdue… ils ont l’air bien cons ?
– Raah, mais non ! Ils pourraient justement la retrouver ! Bon, je vais vous aider : tenez, qui a écrit le message ?
– Je ne sais moi… un scribe quelconque ?
– Non ! Ce sera ARCHIMEDE LUI-MÊME ! Changez bien le message pour qu’il dise « JE suis enterré, gnagnagna MA tombe », tout ça.
– Mais ? S’il est mort, comment pourrait-il écrire un message indiquant où il est enterré ?
– Aha… Ahaha ! Et les héros ne relèverons évidemment rien ! AHAHA !
– Monsieur Johnson, vous me faites peur !

* * *

Les héros, eux, ne relèvent rien.

De toute manière, profitant d’un moment de distraction des méchants, Héléna décide de les trahir : elle se saisit d’un morceau de dynamite qui trainait dans les affaires des plongeurs, l’allume, le balance, puis attrape Indy et Trouduc pour aller voler le rapide petit navire avec lequel les méchants étaient arrivés et s’enfuir avec. Laissant ainsi le docteur Koquin et ses hommes de main à la dérive sur un navire de plongeur qui vient de manger de la dynamite.

Sans cependant avoir de voie d’eau, merci de demander.

À bord du rapide bateau qui file sur la mer Égée, Indy et Héléna papotent pendant que Trouduc bave dans un coin.

– Héléna, merci pour votre petite manœuvre, mais vous leur avez quand même donné toutes les informations en traduisant la tablette !

Je ne vous cache pas que là, je m’attendais à ce qu’Héléna réponde « Non, je leur ai menti », ce qui aurait en plus expliqué pourquoi le texte n’avait aucun sens. Mais non, non, le film insistant lourdement sur ses propres défauts, une fois de plus, elle commente d’un :

– Oui, je leur ai tout traduit à la lettre. 

C’est insupportable. Je vous assure que ce film est une souffrance sans fin tant on dirait qu’il vous gifle, scène après scène. Je vais devoir y aller fort, mais il faut le dire : j’ai vu des Marvel écrits avec plus de soin que ça. 

En attendant, Héléna sourit stupidement, et cela intrigue Indiana Jones.

– Qu’est-ce qui vous fait marrer ?
– Vous ne remarquez rien d’étrange avec la tablette ?
– Ah ! Enfin on va parler du fait que le message n’a aucun sens ?
– Euh, non. En fait je voulais vous parler de… son poids !
– Vous savez, c’est un peu grossophobe. C’est peut-être une tablette healthy at every size. 
– Pardon ?
– Non, j’essayais d’être de votre génération, mais apparemment, c’est loupé. Voyons ça.

Car la tablette est supposée être en cire, mais est bien trop lourde ! Indiana a donc une idée : allez hop, je fais fondre tout ça, et pif paf, qu’est-ce qui apparaît en-dessous ? Un imposant cadran en or, entièrement gravé ! Avec dessus un message qui dit en substance « Ce que vous cherchez est caché dans la grotte appelée l’Oreille de Denys à Syracuse, bien cordialement, lolilol, Archimède ». Nos héros filent donc vers la Sicile et Syracuse, où ils s’arrêtent en ville le temps de faire le plein d’équipement.

Sauf que Trouduc, qui est un trouduc (je sais, c’est surprenant), décide qu’il s’emmerde ferme dans cette aventure, et vadrouille seul en ville.

Quelle surprise, donc, lorsqu’il tombe sur le docteur Koquin et ses hommes qui le kidnappent. Oui, le docteur Koquin. Pardon ? Comment a-t-il réussi à savoir qu’il fallait se rendre à Syracuse ? Et surtout, comment y est-il déjà alors que nos héros qui ont pourtant foncé viennent à peine d’arriver ?

Je suis sûr que nous aurons une explication plus tard. Ahem.

Spoiler : en fait, non. Le docteur Koquin se téléporte au bon endroit simplement parce sinon, le film s’arrête. Du grand cinéma.

En attendant, Indy qui a entraperçu la scène va trouver Héléna pour la prévenir.

– Héléna ! Le docteur Koquin, il est là ! Et il a kidnappé Trouduc !
– Ah et euh on est supposés s’être attachés à lui ?
– D’après le scénario, oui, car sinon c’est à peine s’il sert à quelque chose.
– Bon alors en route ! Par où sont-ils partis ?
– Par là ! Vers la gauche de l’écran ! Ils sont sûrement déjà en route vers l’Oreille de Denys grâce aux infos de Trouduc !
– Très bien, dans ce cas volons une voiture déjà orientée dans cette direction et…

Faisons demi-tour pour partir vers la droite.

Oui même ça. Même ça c’est raté.

Ce qui veut dire qu’au moment de tourner cette scène, quelqu’un a donc dit aux acteurs « Regardez dans cette direction comme si vous cherchiez des yeux le véhicule des méchants, puis sautez dans cette voiture, emmerdez-vous à faire un demi-tour, et allez exactement à l’opposé ». À ce stade, j’en suis à me demander comment c’est physiquement possible.

En tout cas, ils devaient connaître un raccourci magique puisque grâce à leur manœuvre, alors que le docteur Koquin est parti devant, c’est Indiana et Héléna qui arrivent en premier à l’Oreille de Denys, la grotte qu’ils cherchent. Comme je le disais plus haut : pourquoi diable cherchent-ils une machine temporelle quand durant tout le film, ils plient l’espace-temps à volonté ?

D’ailleurs, sur place, Indiana décide soudain que ouais, en fait, chercher Trouduc, bof. Il propose un autre plan :

– Nan mais maintenant qu’on est là, autant récupérer l’autre moitié du cadran avant les méchants.

Ah ben oui, tiens. Faisons ça.

Une fois dans la grotte, pourtant touristique, Indiana et Héléna découvrent un accès secret à une partie inconnue de la caverne en environ 0,3 secondes (c’était vraiment bien caché). Il en faudra 0,6 au docteur Koquin et à ses hommes, sur leurs traces, pour les suivre en s’exclamant :

– Ce passage secret ! Ils sont passés par là !
– Chef ? Chef, j’ai une question. Comment vous savez qu’ils sont passés par là ?
– Eh bien parce que c’est le seul passage possible ! 
– Non mais : comment vous savez qu’ils y sont déjà passés ? Physiquement, sachant qu’on est partis avant eux, avec Trouduc pour nous dire dans quelle grotte nous rendre, on devrait être arrivés les premiers. Alors comment savez-vous que le film a merdé et que eux sont déjà là ?

Un jet de script dans la margoulette plus tard, les hommes de main du méchant hochent la tête : tout s’explique. 

Revenons en tête de la course, et suivons Indiana et Héléna qui après divers passages plus ou moins palpitants (le vieux pont de planches pourries, les bestioles dégoûtantes sur les murs, le puzzle foireux à résoudre, etc), arrivent enfin à ce qu’ils cherchaient : la tombe d’Archimède !

Ah. Donc on est d’accord : Archimède a bel et bien rédigé des messages sur où il était enterré après sa mort. Il était vraiment super fort. En attendant, nos héros ouvrent la tombe, et là…

– Mon dieu ! Ce squelette est aussi bien conservé que s’il avait passé 2 000 ans au fond de l’eau dans une épave romaine !
– Arrêtez de puputer, Indy. Voyez plutôt : il a l’autre bout du cadran de la destinée dans les mains !
– Formidable !
– Euh… attendez ? Indy ? Regardez, sur sa tombe est gravé un phénix… avec des hélices ? C’est impossible ! Et il porte une montre !
– Archimède a donc bien inventé le voyage dans le temps ?
– ACH ! FOUI FOUI FOUI !

Héléna et Indy se retournent, surpris.

– Docteur Koquin !
– Et fffoui, mes amis. Le cadran de la destinée marche, Archimède en est la preuve !
– Euh, attendez, vous n’étiez pas supposé avoir Trouduc avec vous ?
– Si mais il nous a faussé compagnie en chemin. Enfin, on s’en fout : donnez-moi le cadran ou je vous plombe la truffe.

Et le pauvre Indiana doit s’exécuter, sous peine de l’être.

Le docteur Koquin assemble les deux morceaux du cadran de la destinée, y insère une relique bonus pour finir l’assemblage (souvenez-vous qu’il a toujours une relique de secours sur lui au cas où il déçoive quelqu’un, ne me demandez pas d’où il la sort), et paf ! L’artefact est complet et les aiguilles dessus se mettent à tourner…

Lorsque soudain, arrivé par un autre passage découvert on ne sait comment, Trouduc jaillit de l’obscurité et cause une diversion qui permet à une nouvelle bagarre de commencer !

Indiana prend une balle et se retrouve blessé et prisonnier des méchants, qui le ramènent à leur camionnette. Héléna et Trouduc parviennent à s’enfuir, mais voyant leur ami prisonnier, s’emparent d’une moto et suivent de loin le véhicule des margoulins. À bord duquel, ça cause sec.

– Le cadran de la destinée fonctionne simplement, docteur Jones : à la date donnée, il suffit de se rendre à des coordonnées précises, et hop ! On y trouve un passage pour aller jusqu’à une autre époque. Et cela tombe bien car, l’une de ces dates est aujourd’hui : le 20 août 1969. Et mieux encore, les coordonnées où aller sont toutes proches !
– Docteur… dans ma poche… prenez…
– Vous êtes faible, Indy, vous perdez du sang. Ne parlez pas. Qu’y a-t-il dans votre poche ?
– Ma boîte… à « Ça alors ! »…
– Ah, bravo, bel esprit ! Bref, je m’en fous : je vais prendre un avion, m’envoler jusqu’aux coordonnées, et voyager jusqu’au 20 août 1939. Et là, je tuerai ce gros naze d’Hitler entre le fromage et le dessert, puis je filerai les plans du moteur à réaction à l’Allemagne ! Et paf, comme ça, nouveau chef, nouvelles armes : on va gagner la Seconde Guerre mondiale !

Ah oui, rien de compliqué, donc. On sent que ce plan a été longuement pensé.

Soit. En tout cas sur un point, le docteur Koquin a tout prévu pour éviter de se faire plomber en revenant en 1939 : il enfile un bel uniforme de SS, quant à l’avion avec lequel il compte voyager… c’est un Heinkel 111 d’époque. Bref, il devrait faire couleur locale.

Un Heinkel 111, pour ceux qui voudraient savoir.

– Une seconde… 
– Oui Indy ?
– Nous sommes à Syracuse… d’où aviez-vous déjà un bombardier allemand d’époque prêt à décoller sur un aéroport local ? 
– Oui alors je… oooh, le temps passe, il faut y aller ! Vite, mes hommes ! Déguisez-vous aussi en nazis ! On s’envole !

Et tout ce petit monde de grimper à bord, avant d’embarquer Indiana parce que… euh… voilà. 

De son côté, Héléna arrive avec Trouduc sur la piste de décollage. La réalisation étant toujours autant aux fraises, on peut les voir courir à découvert avec devant eux une dizaine d’hommes de main du docteur Koquin qui regardent bien dans leur direction, mais hop ! Ils ne les voient pas ! Ce n’était pourtant pas compliqué de simplement dire aux figurant de regarder dans la direction opposée, mais là encore, tout, absolument tout est raté avec une constance qui force le respect.

Héléna donne rapidement ses instructions à Trouduc.

– Trouduc, tu as déjà piloté un avion ?
– Jamais. Mais j’adore parler avec des pilotes.
– C’est suffisant !

Hmmm ? Pourquoi me regardez-vous ? Vous attendez un commentaire ? 

Non, là, aussi, je dirais que c’est « suffisant ».

Allez, concentrez-vous. Héléna, reprenez je vous prie.

– Bon, Trouduc, tu vas voler un avion de tourisme et poursuivre ce gros bombardier allemand !
– Mais pourquoi ?
– Parce que… euh…
– Okay, le script. Et toi ?
– Moi je poursuis l’appareil nazi à moto pour grimper dans le train d’atterrissage pendant qu’il décolle !

Et ce qui est dit et fait, avec Héléna qui fonce, s’accroche au train de l’appareil, et abandonne sa moto sur la piste… moto qui devrait logiquement se retrouver pile dans la gueule de Trouduc qui décolle juste derrière (car oui, il décolle un avion en trois secondes), mais hop, pif pouf, non, on change de plan et soudain hop, l’avion de Trouduc a déjà quitté la piste sans le percuter alors que dans le plan précédent, ce n’était pas le cas. Pratique !

Nos héros peuvent donc filer vers les coordonnées indiquées par le cadran de la destinée. Et en effet, dans le ciel, au milieu d’une tempête se forme un énorme tunnel lumineux, dans lequel l’avion allemand se glisse, suivi par celui de Trouduc. 

À bord de l’appareil du docteur Koquin, Indiana ricane.

– Eh les couillons ! Vous avez pensé à la dérive des continents ? Les coordonnées ont pu légèrement bouger en 2 000 ans ! Donc je ne sais pas vers quelle époque on voyage, mais ce n’est probablement pas 1939 !

Tu as raison, Indiana : ce tunnel géant lumineux dans le ciel pile poil aux coordonnées pour 1939 n’a sûrement rien à voir. C’est probablement le cousin germain de celui que vous cherchez.

Et en effet.

Car à la sortie du tunnel magique, le bombardier nazi se retrouve avec au-dessous de lui Syracuse, certes, mais assiégée par des galères romaines. Pour des raisons tout à fait inexplicables, et alors qu’on voit qu’il y a des projectiles plein les airs, le pilote s’exclame « Et si on volait en rase-mottes pile au-dessus de la bataille ? ». Une excellente idée, puisqu’après avoir fait un bruit de stuka en descendant comme dans tous les mauvais films, l’avion se mange des projectiles de balistes et autres gros machins, mais pour autant, continue à tourner autour des galères. Faudrait pas se mettre à l’abri en profitant par exemple du fait qu’un avion, ça vole.

– Kaka ! s’exclame le docteur Koquin. Nous sommes en 214 avant notre ère ! Et vous, mes hommes de main, qu’est-ce que vous faites ?
– Hein ? Ah bah nous on ouvre les portières de l’avion pour vider nos chargeurs de pistolet au hasard sur les galères, pourquoi ?

Si la médiocrité était du fromage fondu, même un Savoyard endurci demanderait pitié tant le film nous gâte. 

Car l’avion continue à tourner sans fin au-dessus des galères, qui sont visiblement peuplées d’anti-stormtroopers : à chaque fois qu’ils font tirer une baliste, tantôt elle empale un des pilotes du bombardier, tantôt elle transperce un nazi qui tirait à la portière. Et le… 

Oui ? Vous dites ? « Et l’avion de Trouduc, lui ? »

Ah mais non. Non non. Les Romains disposant d’un détecteur de gentils, ils ne tirent pas dessus. Juste sur le gros avion avec des croix rigolotes. Avion qui finit par riposter à la mitrailleuse car les soldats professionnels du bord se rappellent soudain que « Eh ! Quitte à tirer, si on utilisait autre chose que nos armes de poing à la portière ? »

Est-ce que ça vous étonne venant d’un film où au début, un officier armé préférait utiliser une réplique de la lance du Christ pour affronter Indiana Jeune plutôt que son flingue ? Voiiilà.

Une fois de plus, permettez-moi de vous passer les cascades qui ont peu d’intérêt à l’écrit, et retenons qu’Héléna retrouve Indiana à bord du bombardier, qu’ils piquent un parachute et sautent, alors que l’avion lourdement endommagé par les balistes, lui, va s’écraser près de Syracuse avec tous les méchants embarqués, docteur Koquin compris. Archimède, qui passait par là, trouve le cadavre du pauvre physicien et lui pique sa montre (ah, bravo !). Puis, il est un peu plus étonné quand il découvre, impeccable, son cadran de la destinée dans l’épave.

– Bordel, mais c’est l’invention sur laquelle je travaille ! Terminée en plus ! Et dites donc, c’est pas pour me vanter, mais c’est du solide, ça résiste à un crash. J’ai bien fait de fabriquer le cadran en vibranium. Allez, j’embarque le tout !

Fais donc ça, mon bon, pendant que nous retournons du côté d’Indiana et Héléna. D’ailleurs, vous savez comme tout est raté dans le film ? Oui ? Eh bien, c’est aussi le cas des décors, puisque pour représenter un débarquement de soldats romains, nos héros atterrissent près d’une plage où l’on peut apercevoir des obstacles antichar en bois. C’est connu, à l’époque, on adorait construire ce genre d’obstacles pour arrêter des véhicules qui n’existaient pas. Mais quelqu’un a dû se dire « J’en ai vu dans Il faut sauver le soldat Ryan, donc ça doit être un truc typique des plages où des soldats débarquent« . Je pense qu’on a loupé le peu le réseau de barbelés en poil de mouton.

Arrive, sur ces entrefaites, Archimède. Et ça tombe bien, nos deux héros, amoureux d’antiquité, peuvent lui parler sans souci car ils maîtrisent les langues anciennes.

Héléna et Indiana se reposant près de l’un des fameux obstacles antichars de l’antiquité alors qu’Archimède vient leur rendre visite.

– Archimède ! On adore ton travail !
– Merci, braves gens. Vous avez une tête à venir du futur, alors tenez, je vous donne le cadran de la destinée que je viens de ramasser, il devrait vous ramener chez vous. Et moi, je vais briser le mien en deux, pour que jamais il ne cause pareille catastrophe.
– Oui enfin c’est débile. Car si tu fais ça et qu’on est là quand même avec un cadran entier, c’est la preuve que ça ne marche pas. 
– …
– Oui c’est chiant les voyages dans le temps, hein ? 
– Bon écoutez, du vent les clodos temporels. Vous avez le cadran, prenez aussi mon pied au cul et retournez à votre époque.
– Sauf que pour ça, il faut passer par ce tunnel magique encore ouvert dans le ciel, et il nous faudrait un avion !
– YOUHOUUU !

Derrière eux, ils aperçoivent Trouduc, posé près des murailles de Syracuse avec son appareil.

– Mais ? Trouduc, comment as-tu réussi à te poser sur un terrain super rocailleux sans te vautrer, toi qui n’avais jamais piloté ?
– Eh bien figurez-vous que l’avion que j’ai volé… avait par un incroyable hasard son pilote super expérimenté et docile qui dormait à l’arrière !

Indiana Jones se met à furieusement fouiller ses poches.

– Vite ! Ma boîte à « Ça alors » !
– Indiana, arrêtez ! 
– Raaah, de toute façon, j’peux jamais rien faire ! Si c’est comme ça, puisque je suis blessé, je préfère rester ici et mourir avec Archimède à mes côtés !
– Non !
– Et puis de toute façon, comment comptez-vous repartir ? L’avion est posé le nez face aux murailles ! Il va déjà nous falloir le faire pivoter pour le remettre dans le bon sens, et sur ce terrain foireux, bonsoir ! D’ailleurs, justement vous l’avez vu le terrain ? Redécoller là-dessus va être impossible ! Encore moins avec la population locale ou les Romains qui vont forcément venir voir cette machine inconnue ! En plus, le tunnel est en train de se fermer dans le ciel, on n’aura jamais le temps de-
– PAR LE POUVOIR DE JOHN CARTER OF MARS !

Ceux qui se souviennent de ce film savent que quand un réalisateur n’a aucune idée de comment il va justifier la transition entre deux scènes, il suffit d’assommer le héros. Et donc, d’une grosse mandale à la Mike Tyson, Héléna assomme Indiana. Oui, elle frappe des vieux. Elle est comme ça.

C’est donc sans aucune explication qu’Indiana se réveille… 

Dans son lit, à New York, en pyjama, sa blessure bandée.

Avec près de lui, le cadran de la destinée, plus loin, une lance romaine brisée, et à la porte, Héléna qui le regarde.

– Alors papy, on ouvre les yeux ?
– Nan mais dis donc, je suis resté dans le coma un mois que je ne me réveille que maintenant ? Comment j’ai pu rester inconscient pendant que vous remettiez l’avion dans le bon sens, redécolliez, passiez le tunnel magique, arriviez à Syracuse, m’emmeniez à l’hôpital, puis après les soins nécessaires, m’embarquiez dans un autre avion direction New York, faisiez tout le trajet au-dessus de l’Atlantique, me sortiez de l’aéroport, me rameniez chez moi, et enfin, me glissiez dans mon lit ? Tout ça avec UNE patate ? C’est la licence Indiana Jones ou One Punch Man, ici ? 
– Eh oh, il se calme papy ?
– Je me calme si je veux !
– Okay : vous voyez cette boîte de suppositoires ?
– Je me calme tout court.
– C’est mieux. Tenez, je suis sympa, je vous ai amené de quoi vous calmer : votre ex-femme.

Et en effet, voici que Marion, l’ex-femme de notre héros est à la porte. Héléna a tôt fait de mettre les voiles pour les laisser seuls, et Indiana peut ainsi causer en paix avec sa dame.

– J’aime pas quand tu m’appelles Saddam.
– T’aimais bien ça, lors de notre virée à Vegas quand je te…
– Non, Indiana. Arrête. Je suis venue car on m’a dit que tu étais de retour. Es-tu vraiment de retour ?

C’est vraiment la question qu’elle lui pose.

– Pardon ? Donc quand je suis un prof, je suis chiant et tu divorces, mais si je traverse le temps et l’espace pour me faire plomber le cul par des nazis, là par contre tu rappliques ? 
– Je crois que c’est le message du film.
– « J’aime te voir souffrir » ? « Risque ta vie pour me divertir sinon je divorce » ? C’est un beau message de merde.
– Mais Indiana… c’est un beau film de merde !

Le pire, c’est que je ne plaisante qu’à peine : apparemment, Indiana Jones n’est « de retour » pour sa femme que quand il manque de se faire tuer. Sympa.

C’est donc sur ce message pas bien clair que la caméra se tourne vers le chapeau d’Indy, en train de sécher, et qu’il attrape soudain avant que l’écran ne vire au noir et…

FIN !

Les notes étant oppressantes, si je devais filer un smiley à cette copie, j’y collerais un petit Crâne de Cristal.

Avant de partir, une petite photo d’Indiana Jeune, qui nous rappelle que si l’on a dépensé des millions pour rendre numériquement sa jeunesse au héros, on n’a pas dépensé plus de 10 balles pour acheter une âme au film.


– Et votre nom de famille est…
– Johnson.

Du bout des doigts, le recruteur inspecte le CV du candidat qui lui fait face. Plusieurs pages. Toutes concernant des échecs. Des massacres de licences, les unes après les autres, des bides complets des catastrophes financières…

– Monsieur Johnson, pouvez-vous m’expliquer pourquoi vous avez été renvoyé de chez Disney ?
– Je suis allé trop loin. Même pour eux. Avec le dernier Indiana Jones… je me souviens encore du regard de mon patron au moment où un bombardier combat des galères romaines et perd. 
– Je comprends votre patron, Monsieur Johnson, soupire le recruteur. Si j’en crois les documents que vous m’avez fournis, votre carrière n’est qu’une longue suite de rachats de licences, avant de couler dessus un énorme étron chaud. Alors, je vous avoue que la question me brûle les lèvres, je vais être direct : est-ce que vous le faites exprès ?

Johnson hésite un instant. Et puis, d’une voix tranquille, avoue :

– En effet.
– Je pense dans ce cas que nous pouvons arrêter l’entretien ici.

Le recruteur se lève, et d’une main ferme, serre elle de Monsieur Johnson.

– Bienvenue chez Netflix.

50 réponses à “Indiana Jones et le cadran qui dit qu’il faut rentrer

  1. Je comprend la grève des scénaristes, pour le coup… On dirait qu’il n’y a eu *personne* pour mener le film dans une seule direction, ça part dans tout les sens, ça bourre les élements volés à droite et à gauche sans réfléchir à comment les agencer, y’a ni âme ni réflexion, c’est affligeant.

  2. mon cauchemar perso : que disney bidouille fantasia… le fric peut tout, alors il veut tout, alors il ose tout, alors il fait tout. entre une 2CV et une Tesla, à jamais pour la 2CV.

    • Je ne comprend pas comment on peut « bidouiller » fantasia
      C’est un concert
      Donc, c’est essentiellement des morceaux de musiques

      • En changeant les morceaux par du Beyoncé ou du rap pour faire plus inclusif . Et les dessins animés deviennent des CGI. Et le tout raconté avec un ton moralisateur woke.

      • @Wasabi ton moralisateur woke. Pour choupinou, montre nous sur la poupée ou les vilains wokes feminazis khmers verts du lobby LGBT reptilien t’ont touché. Wokisme, le mot inventé par les petits flocons de neiges mâles blancs heteros effrayés a la vue d’une femme, d’un noir ou d’un homo…

  3. Magnifique résumé M. Connard,

    J’aurais rajouté cependant deux scènes qui ont retenu mon attention :
    – la première lors de la mort de la GENTILLE agent de la CIA, où le docteur Koquin la regarde dépérir et lui dit, sur le ton de la grosse révélation qui change tout : « mon nom est Koquin, pas Kalembour ». Ce qui a le mérite d’achever la pauvre actrice qui devant cette révélation peut enfin quitter le film.
    – la seconde, lorsque le méchant docteur Koquin annonce son plan à Indiana : « Nous allons retourner en 1939 et tuer Hitler alors qu’il assiste à un essai du V1 ».
    Germe alors dans mon esprit la réflexion suivante : c’était trop compliqué d’ouvrir Wikipédia et de voir que cet engin n’a pas volé avant 1944. Apparemment oui.

    Au passage, demande à la population : est-ce que quelqu’un pourrait m’expliquer pourquoi un expert en fusée allemand a été chargé de retrouver la sainte-lance ?
    À moins que les Américains n’aient engagé un archéologue pour envoyer des gens sur la lune… ou que le coup de panneau à 200 km/h lui ait donné des connaissances en physique…

  4. J’ajouterai que pendant un looong moment – furtivement au décollage puis sans aucun complexe après le « tunnel magique » – le « Heinkel 111 », dont l’odieux connard a l’obligeance de fournir une photo est montré avec DEUX dérives…

    J’en rajoute sur l’aviation (oui c’est une idée fixe) mais un plancher d’avion sous lequel on peut se balader façon Helena Shaw, c’est moyennement crédible, surtout s’il est relié au train d’atterrissage… Logiquement Héléna aurait du finir en sandwich à l’huile de moteur lorsque la roue serait rentrée dans son logement…

    Ce qui me surprend le plus concernant le méchant c’est qu’il n’arrête pas d’invoquer le « pouvoir des mathématiques », se prétend physicien, a les « connaissances » d’un archéologue et l’endurance d’un Indiana jeune

    Ah et dernier détail, mais un carré de Polybe, cela relève du cryptage et non de l’archéologie. En d’autres termes, un archéologue n’a que peu de chance de décoder un message « en Polybe » sans table de déchiffrement… contrairement à un mathématicien (même bi-classé physicien)

    • Le carré de Polybe, c’est facile à déchiffrer, c’était peut-être innovant il y a 2000 ans, mais entre-temps, la ruse a été largement éventée.

      Personnellement, j’ai à ajouter dans les incohérences probables l’agent de la CIA noire, à peine dix ans après la fin de la ségrégation officielle aux Etats-Unis. Par les mêmes qui t’expliquent que de nos jours, le racisme est tellement présent contre les Noirs que dépasser 40 ans relève d’un hasard statistique.

      Sinon, un détail qui m’a le plus agacé : Dans les années 30, une course poursuite épique où on renverse tout sur son passage dans un pays sous mandat colonial où les indigènes n’ont pas leur mot à dire, c’est une belle scène d’action.
      40 ans plus tard, dans un pays indépendant où les voitures ne sont plus des curiosités rarissimes, un coup de téléphone aux autorités et tout le monde finit en cabane après une arrestation musclée. Que les héros s’en sortent à chaque putain de fois est totalement délirant.
      C’est ce qui est beau avec ce film : les incohérences sont présentes à tellement de niveaux qu’elles arrivent à saturer le sens critique du spectateur moyen.

      Je me demande s’il serait possible d’engager une action collective pour mauvais traitements et escroquerie. Avec jointes au dossier les coupures de presse nous promettant un bon film.

    • Et le soi-disant « Nord atlas » que sShow demande à Trouduc de voler… qui est en fait un Nord « Pingouin » production française du messerschmitt bf108 après la guerre

  5. Pour ceux que ça intéresse, la chaîne YouTube Film Theory a récemment sorti une vidéo traitant justement de la chute de qualité chez Disney.

  6. remplacer les scénaristes par l’IA n’est peut être pas une mauvaise idée, finalement

  7. Il ne faut pas oublié la mauvaise foi de l’O.C. dans tous ses spoils.

    Mais force est de constater que les productions grand public US – pas que Disney, mais en effet en particulier Disney – sont de pires en pires niveau cohérence scénaristique et originalités des idées.
    La seule constante en ce moment est le « remake » / suite de licences à la sauce wokisme / cancel culture qui aboutit toujours au même résultat : un grossier vomi débilitant.

    On est loin de la grande époque du cinéma hollywoodien et de Disney, bien que discutable sur certains points surement.

    • C’est quoi la sauce wokisme, oser montrer des noirs, des femmes, des homos, des minorités, alors qu’on sait tous que ça n’existe pas et que le monde est constitué uniquement de mâles blancs hétéros catholiques?

      • En tout cas Chanmax, la drogue que tu as récupéré en remontant 4000 ans en arrière a l’air très puissante. Dommage d’ailleurs car je préférais ton commentaire sur les gros paradoxes temporels à laisser si loin dans le passé des traces de technologies et idéologies modernes…

    • @herhearthbeats, ouais, du coup ca réponds pas a la question, puisque 95% des gens qui parlent de wokisme utilisent ce terme par défaut pour se plaindre qu’on mette en avant des minorités. Genre « ce caillou est wokiste, il a l’air féministe, foncé ou un peu gay. » J’en ai même vu utiliser le terme wokiste juste parce qu’ils trouvaient le film mauvais, c’est dire.

  8. Le plus con dans tout ça, c’est qu’il y avait moyen de faire un film potable en montrant à l’écran la mort de Mutt et le divorce d’Indy (via un cauchemar, des pensées ou autre), suite à quoi notre archéologue se consacre à la recherche du cadran pour sauver son fils et juste au moment où il trouve la bonne piste, il est intercepté par les méchants Nazis et là l’histoire peut commencer. Y avait même moyen de faire une petite morale finale du genre « accepter le destin et ne pas essayer de modifier l’histoire » ou autre mais visiblement ça leur demandait trop de réflexion

    • En effet.
      Vous devriez postuler comme scénariste là bas. Votre fortune est faite.
      Quoique, la médiocrité semble actuellement mieux payée que la qualité. Désolé pour les faux espoirs.

      • Oui, ce postulat de départ aurait été une bonne idée. Si ça se trouve, ça a fait partie des ébauches de scénario et été rejeté.

    • Un détail qui peut être vous intéressera.
      Leboeuf, le fils prodigue qui devait reprendre le manteau de son père, semble avoir bel et bien choisi de ne pas tourner dans ce film.

      Les scé-nanard-istes ont du faire avec, profitant de l’occasion pour booster le score ESG d’une boîte qui n’en demandait pas tant.

      Dans le même temps, Leboeuf, récemment converti au catholicisme, a tourné une adaptation intrigante de la vie du Padre Pio, précédant ses stigmates.

      J’y vois avec enthousiasme la naissance d’un futur Caviezel.

  9. Le duel entre le n’importe-quoi hollywoodien et le masochisme de l’OC est serré en ce moment…et nous, public cruel, qui comptons les points xd. Enfin grâce à sa pédagogie c’est toujours quelques Euros en moins dans la machine à transformer l’argent en daube.

    Je note aussi qu’on a échappé aux méchas/soucoupes/zombis nazis, et à Héléna qui poutre tout le monde en envoyant des météores avec les poings façon Saint Sey…heu Captain Marvel (là elle se contente en effet, plus modestement d’agresser des personnes âgées). Ce sera sans doute pour la suite.

  10. PS : la vente d’antiquités au vu et au su de tout le monde est peut-être la partie la plus crédible du film. Après tout Al Capone n’est tombé que pour fraude fiscale, et les têtes de la pègre (marseillaise ? Je ne sais plus) s’affichaient en public voire dans la presse à scandales, certaines de leur impunité.

  11. Un fort bon résumé de cet étron !

    Je vais me permettre d’en rajouter sur les scènes à bestioles, particulièrement inutiles dans ce film, et aucunement impactantes (probablement puisque toutes les bebetes ont été rajoutées numériquement)

    Et la fameuse scène d’introduction avec le Harrisson rajeuni fait tout aussi faux : pour bien montrer le rajeunissement, ils se sont sentis obligés de mettre le visage en pleine lumière, et l’effet spécial se ressent à chaque fois.

    Par ailleurs, en terme de cascade, la scène du train du 3eme (dernière croisade) est terriblement mieux que celle de ce film, et ça a été tourné sans les moyens techniques actuels il y a une trentaine d’années !

  12. Bon, c’était un peu longuet quoique palpitant, mais ça valait le coup pour la dernière phrase.

  13. J’ajoute 2 petits détails : le petit pont de bois dans la grotte qui casse a l’aller et… la fuite au retour avec tout le monde qui marche sur le joli pont reconstruit… Et toujours dans la grotte, il faut quand meme noter que le tombeau d’Archimede ne présente pas de pierre tombale sur le dessus mais juste un drap qui recourvre la dépouille…. c’est toujours plus simple.

  14. Bah, les Indiana Jones c’est comme les Star Wars, il n’y en a que 3 (et encore, les 3 Indiana Jones.ne se valent pas tous).

  15. Il y a également une caractéristique autre que la médiocrité de leur scénario qui distingue les films spoilés par OC : leur budget croissant, qui les rend au final peu rentable. Et la désaffection d’une partie de leur public.

    https://www.courrierinternational.com/article/box-office-indiana-jones-et-mission-impossible-malgre-le-succes-le-compte-n-y-est-pas

    Au point qu’Indiana Jones est déficitaire, de même que le dernier Mission Impossible.

    à contrario, Barbie et oppenheimer, ayant eu davantage d’entrées tout en ayant coûté trois fois moins cher à produire.

    • Réponse facile des cinéastes intéressés : « c’est la faute à la réaction, au machisme, au racisme et j’en passe de cet horrible public hirsute et barbare qui pue, qui clope et qui pollue. Et donc la solution est…. » heu oui bon là désolé j’arrête car j’ai peur, les « solutions » étant probablement déjà dans les cartons, y compris chez des personnes très puissantes et influentes. La réalité dépasse toujours la fiction xd.

      • Bof même pas, ce qu’ils disent, c’est surtout la faute au streaming/à la VOD, puis après ça a été la faute au COVID, maintenant ça va être la faute à l’IA…

        Mais jamais du fait qu’ils sont infoutus de pondre un scénar cohérent ou une direction artistique décente (ne parlons même pas de profondeur filmique).

      • Oui, sur le point général on est d’accord, c’est la faute de toute le monde sauf eux. Ce qui montre une sacré maturité et cohérence.

        « Maintenant ça va être la faute à l’IA… » C’est déjà le cas parait-il pour certains pans de nos écoles « d’élite » : « c’est la faute de l’IA si des gens même pas capable de faire une ligne sans faute de français sont reçus depuis des années, bouuuu ! ». Pour un cynique, les années à venir seront passionnantes…

      • @Herhearthbeats

        Oui, c’est merveilleux, on a déjà trouvé une utilité capitale à l’Intelligence Artificielle : justifier l’imbécilité naturelle ! Personnellement, c’est cette dernière qui m’inquiète le plus. Elle est infiniment plus performante… Faut dire ça fait des milliers d’années qu’on investit dedans ! Même la Silicon Valley peut pas rivaliser…

        « Pour un cynique, les années à venir seront passionnantes… »

        Oh, elles le sont déjà pas mal, je trouve :p

      • Mais bougre d’âne, t’as lu le message auquel tu répondais ? C’est pas Indiana Jones qui se prétends féministe, c’est Barbie. Celui des deux qui a été rentable. Et celui qui aurait pu se plaindre du machisme en cas d’échec.
        Quand tout ce qu’on a dans la tête c’est un marteau, on prends tout pour un clou lol. Faut sortir de vos obsessions !

      • @Un passant : d’accord sur les dangers du couple intelligence artificielle / betise humaine. Un déferlement probablement déjà en cours de la bonne vielle excuse pour ne pas réfléchir du « la machine sait ! » Sans doute évolution tardive de « Le sage/prêtre/roi/chaman sait ! »

  16. Cher Connard,
    Merci beaucoup pour ce spoil toujours si savoureux, mais je suis surpris que vous ayez fait l’impasse sur le principal twist du scénario : le fait que le cadran de la destinée soit en fait un appareil conçu pour ramener des intervenants du futur à travers le temps au moment du siège de Syracuse et ainsi inverser le cours de la bataille, et donc de l’histoire. Twist probablement plus audacieux que tout ce que le script a bien voulu proposer jusqu’ici mais arrivant bien sûr avec son lot d’incohérences battant tout record (remarque inutile d’Indy sur la dérive des continents, prescience d’Archimède sur le déroulé des événements, mais surtout à quoi bon casser en deux le cadrant s’il a précisément rempli sa fonction – à moins que ce ne soit pour s’assurer que seul un esprit aussi évolué que le docteur Koquin et son bombardier puissent remonter le temps).

  17. Concernant les incohérences visuelles du type : on regarde à gauche et on part à droite, il faut bien penser que désormais les séquences sont prévues principalement pour faire une belle bande annonce qui incite à venir au cinéma (ou acheter/louer les films). Une fois dans la salle (ou dans l’ordi), peu importe que ce soit nul puisque c’est payé.
    Si on payait en sortant, et donc seulement si on a apprécié le film, le cinéma serait différent.

    Il n’empêche que depuis que Disney pourrit tout, ils n’ont jamais gagné autant de fric. Donc au final ils ont raison.

      • Quel horrible système capitaliste que celui d’Hollywood ! Il faudrait qu’ils subventionnent leurs propres films, genre avec les impôts de tous les contribuables qu’ils aillent au cinéma ou pas (et les taxes sur les films importés aux USA…taxes qu’on pourrait en profiter pour gonfler d’ailleurs, je suis sur qu’elles sont scandaleusement faibles). Et puis on pourrait aussi créer un système qu’on appellerait par exemple « avances sur recettes » histoire que les acteurs soit payés selon le budget du film, qu’il marche ou non en salles. Comme ça, ils auraient toujours l’impression que le film marche, et défendraient le système.

        Et le budget serait forcément bien utilisé. Puisque principalement à payer les acteurs. Qui du coup auraient intérêt à pousser à l’inflation.

        Après tout, c’est NOTRE solution et c’est donc la meilleure au monde forcément. D’ailleurs le rayonnement de notre culture le prouve. Non ? xd

  18. Je trouve qu’on s’en sort bien, ils auraient pu utiliser le cadran pour ressusciter le fils d’Indiana Jones mort à la guerre.

  19. « Le train, lui, se fait bombarder avec encore plus de cascades improbables, avant d’être capturé par des parachutistes britanniques (à l’époque, on larguait souvent des parachutistes sur les trains). »

    Il y a bien des navires qui sont chargés par la cavalerie… ;-)

  20. Salut.
    Je suis partagé entre une relative bienveillance due à mon attachement pour Indiana Jones et un agacement devant les conneries et approximations diverses accumulées dans un film malgré – ou en raison d’- un tel budget.
    Pour compléter la liste déjà bien remplie :
    – début du film, bombardement de nuit … par des avions américains alors que ces derniers sont des pilotes diurnes. Les bombardements nocturnes étaient (sauf erreur de ma part) l’apanage de la perfide (et noctambule) Albion.
    – l’avion teutonisant de la fin du film : un cockpit de He-111, mais c’est bien tout. C’était un bombardier moyen étriqué, sans porte cargo ou plancher où d’éventuels passagers pouvaient se mouvoir en toute quiétude. la soute de bombardement n’avait rien à voir… et la dérive, Frodon, la dérive!!!
    Sinon, merci pour ce spoiler, cher OC.

    • Il faut comprendre, les auteurs doivent croire que le public type n’est jamais allé plus loin que « Memphis Belle ». Et « La Bataille d’Angleterre », c’est prémoderne donc pas glop, déchet. Alors comment vont-ils comprendre qu’ils voient un BOMBARDIER si les mitrailleurs ne circulent pas à l’aise dans la carlingue ? xd.

  21. « Non ! Ce sera ARCHIMEDE LUI-MÊME ! Changez bien le message pour qu’il dise « JE suis enterré, gnagnagna MA tombe », tout ça.
    – Mais ? S’il est mort, comment pourrait-il écrire un message indiquant où il est enterré »

    Peut-être effectivement qu’une autre personne a écrit ça au nom d’Archimède, ou qu’Archimède l’a écrit avant de mourir.

  22. Mais du coup, ca gêne personne qu’un avion se soit écrasé 200 ans avant JC avec des nazis a bord, et qu’on puisse donc éventuellement en retrouver des descriptions de l’engin, des costumes, des croix gammées, dans les textes antiques, de quoi apporter de l’eau au moulin des partisants de la théorie des anciens astronautes ou des nostalgiques du 3e Reich, entre autres, mais surtout, qu’on puisse retrouver dans le futur des vestiges d’un avion datant de plus de 2000 ans?

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