Adam à travers la trame

Avec le retour des beaux jours et le changement d’heure, voici que le soleil se couche désormais bien plus tard que ces derniers mois. Par la fenêtre, on aperçoit le bon peuple qui se prend à baguenauder, respirant à pleins poumons l’air du printemps enfin revenu et… mais ?

— Diego ?
— Patron ?
— As-tu bien réglé les horloges, petit paresseux ? Je veux bien qu’il fasse jour plus tard, mais là, tout de même, si j’en crois la stagiaire-pendule du salon, voici qu’il est 23h30 et on y voit pourtant comme à midi.

Diego, posant le plateau à cigares, file à la fenêtre inspecter la situation céleste.

— Ce n’est pas le soleil, patron. C’est le spoil signal. Il y en a des dizaines allumés en même temps.
— Raaah… je vois ce que c’est. Bon, allez, plus une minute à perdre : pousse le buste de Nicolas Cage qui déverrouille l’accès à la Spoil Cave, il est temps d’aller rendre la justice !

En effet, ces dernières semaines ont été généreuses en mauvais films. Entre Moonfall qui appelle votre serviteur de sa petite voix fluette, Morbius dont les affiches laissent deviner un nanar d’un fort beau gabarit, et bien sûr les plateformes de streaming qui se battent pour savoir qui mettra en images le pire scénario, il n’y a plus de repos pour les braves. À vrai dire, m’est avis que puisque faire un bon film semble trop dur, Hollywood a décidé d’en finir avec votre serviteur en le noyant sous les mauvais.

Mais parmi cette nuée de sauterelles de l’intellect, il y a un film qui a retenu l’attention du maître des lieux (et accessoirement, vos messages de petits harceleurs ont dû aider, monstres). Puisque non seulement le pitch repose entièrement sur les voyages dans le temps, mais en plus, sur le fait qu’un voyageur temporel s’en va faire coucou à son lui-même du passé, ce qui fleure bon les incohérences. Et comme vous le savez : s’il y a des voyages dans le temps, il y a 99% de chances que le film se vautre, et ce, à environ trente reprises, laissant ainsi une impression de déjà vu des plus ironiques. Autant dire que le tout a peu ou prou la même odeur de réussite qu’un bilan de campagne d’Anne Hidalgo. Il n’en faut pas plus pour que ces effluves de brûlé n’attirent le monstre que je suis.

Mais, je vous connais : à défaut de brûlé, vous voulez du sang. Aussi, passons aux choses sérieuses : avec Adam à travers le temps, a-t-on affaire au nouveau Looper ?

Spoilons, mes bons !


L’affiche : voyages dans le temps, lens flare et pluie de cendres, je dis oui.

Notre film commence en 2050, alors qu’un petit vaisseau joue les fugitifs au-dessus de notre belle planète, poursuivi par un second appareil qui distribue généreusement du pruneau au fuyard.

À bord de l’aéronef endommagé, mais bien décidé à ne pas s’arrêter, se trouve Adam, un pilote en pleine conversation radio avec sa cheffe qui le houspille et lui fait les gros yeux, du moins autant qu’une radio le permet.

— Allons Adam, cessez ces enfantillages, revenez sur Terre et rendez ce vaisseau !
— Non, je sais bien que si je rentre, vous allez me plomber la truffe !
— Roooh, Adam, qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
— Je ne sais pas, peut-être le fait que le pilote qui me course est DÉJÀ en train de me plomber sévèrement ?

En effet, c’est un bon indice. D’ailleurs, le vaisseau d’Adam reçoit tellement de balles qu’il est lui-même éraflé par l’une d’entre elles. Pardon ? Oui, des balles volent dans le cockpit, mais apparemment, ça ne pose pas plus de problème que ça (vous savez ce que c’est dans l’espace : les trous dans la coque, ce n’est pas si grave). Et puis vous savez ce que c’est : se faire toucher par des balles conçues pour traverser un vaisseau dans le sens de la longueur, ça ne fait pas si mal que cela. C’est d’autant plus vrai que malgré tout, le vaisseau continue à voler sans problème (l’ennemi a visiblement juste endommagé le lave-glace) jusqu’à ce qu’Adam utilise l’arme secrète du bord : un canon à trou noir pour voyager dans le temps.

Son poursuivant à beau lui hurler de ne surtout pas faire ça car ça ne va pas manquer, ça va générer un mauvais film plein d’incohérences, hop : Adam appuie sur le bouton, crée un trou de ver, passe dedans et zou, disparaît loin de l’année 2050.

Mais où est-il donc passé ? Tenez, prenez du brandy. Oh, et mordez dans cette balle de tennis, vous allez en avoir besoin. Prêts pour la douleur ?

Alors direction 2022.

Et retrouvons-y Adam, collégien de 12 qui a deux passions : se faire tabasser par le tout venant, et être parfaitement insupportable, le second justifiant le premier. Pardon, la violence sur les enfants, c’est mal ? Une seconde : ici, nous parlons de cet enfant de film américain qui parle comme un adulte, fait de la psychologie sur tous les personnages et à un doctorat dans toutes les matières possibles et imaginables tout en étant con comme une brique lorsque le scénario en a besoin. Vous voyez de quoi je veux parler ?

Voiiiilà. Eh bien voici Adam.

Je suis satisfait que vous rejoigniez mes arguments, mais lâchez cette batte maintenant.

Oh, et si Adam n’était pas suffisamment insupportable, le film lui rajoute une couche de « Mais ce n’est pas sa faute s’il gonfle tout le monde  » en nous expliquant que son père, brillant scientifique, est mort dans un accident de voiture 18 mois plus tôt. Une tentative de nous faire ressentir de la compassion pour ce jeune héros. Alors que non. Adam est la recette magique du personnage que vous vous surprendrez bien plus souvent à appeler par un synonyme de « trou du cul » que par son prénom.

Dire que nous avons 1h45 à passer avec ce héros : nous voilà gâtés.

Oui, mais voilà : une nuit qu’Adam est seul à la maison pendant que sa mère est partie à un rendez-vous, voilà qu’il entend un grand bruit dans la forêt qui borde sa maison isolée. Adam se tourne vers son chien :

— Tu as entendu Skippy ? Qu’est-ce que cela pourrait bien être ?
— Wouf.
— C’est vrai Skippy, c’est probablement un truc dangereux, mais n’est-ce pas une EXCELLENTE raison pour partir seul au fond des bois au milieu de la nuit seulement armé d’une lampe de poche et sans prévenir personne ?
— Wouf.
— Skippy ? Où as-tu appris ce synonyme de « trou du cul » ?

Et notre héros de partir nocturnement à l’aventure dans les bois jolis, pour y trouver que des arbres ont l’air d’avoir mystérieusement brûlé autour d’un endroit précis. Sûrement une soirée pétard qui a dégénéré. Mais… rien de plus. C’est donc broucouille que notre ami s’en retourne vers chez lui, lorsqu’il aperçoit quelque chose : la dépendance où son papa aimait à travailler est ouverte. 

— Vite Skippy, allons voir ! 
— Wouf.
— Mais non Skippy, ce n’est pas risqué ! Toi, tout de suite, tu imagines des cambrioleurs ! Et pourquoi parles-tu « de se faire éviscérer comme une merde » ? 

Car c’est connu : quand tu es seul dans une maison au fond des bois, que des phénomènes étranges commencent à s’y produire, et que tu retrouves des portes verrouillées mystérieusement ouvertes, c’est le moment d’aller voir par groupes de un ce qu’il s’y passe.

Ne mordez pas si fort dans la balle de tennis quand même, vous allez vous faire mal.

Adam, malgré ses décisions dignes d’un candidat de Marié au Premier Regard, sera cependant, tout le long du film, présenté comme un enfant très intelligent. Hmmm. Oui, d’accord. Un peu comme les marmots qui sont présentés comme surdoués par leurs mamounes parce que « Il a quatre de moyenne, c’est bien la preuve qu’il est trop intelligent pour l’école« .

Mais passons.

Car en s’aventurant dans la remise, quelle n’est pas la surprise d’Adam de tomber nez à nez non pas avec un type armé d’un pied de biche, mais avec un adulte en combinaison de pilote qui est en train de mettre du sang partout, ce gros cochon, blessé au ventrou qu’il est. Notre héros a donc aussitôt la bonne réaction.

Pardon ? Paniquer un peu ? Courir ? S’exclamer « Aaaah qu’est-ce que vous branlez là ? » en secouant les bras ?

Ohoho. Non : Adam est parfaitement à l’aise, et se met même aussitôt à tutoyer le nouveau venu et à le traiter comme un ami. N’est-ce pas ce que l’on fait lorsque l’on trouve un inconnu chez soi au milieu de la nuit ? Personnellement, je demande toujours à Diego de laisser des cookies dans une assiette au milieu du couloir. Couloir dans l’angle de tir de la MG-42, mais si vous commencez à chipoter, hein, bon.

Revenons à Adam, l’ami des messieurs étranges qui rentrent chez vous la nuit.

— Eh, bonjour monsieur ! Moi c’est Adam ! Tu fais quoi, là ?
— Je perds mon sang comme une merde. Ça ne te dérange pas si je fouille ta maison pour me servir en objets utiles ?
— Ah mais fais-toi plais’ mec.

Et Adam de joyeusement suivre l’inconnu alors qu’il fouille sa maison et récupère de quoi se soigner. Adam est noté 4,7 sur 5 sur le TripAdvisor des cambrioleurs je suppose, au vu de son accueil chaleureux, de son incapacité à paniquer et de son désintérêt complet pour sa propre sécurité.

Ce dernier point étant aussi fort positif d’après moi, tant je souhaite sa mort à chaque fois qu’il ouvre la bouche.

Cependant, rapidement Adam constate qu’il y a un truc bizarre avec le cambrioleur : il sait tout de lui, donne sa date de naissance exacte ou le nom de son collège, connaît tout de sa maison, sait comment se ferme la porte du frigo qui a pourtant un petit défaut, etc. 

— Attends mystérieux intrus, je crois comprendre… tu es…
— Oui Adam, tu as compris. Dis-le.
— Oui c’est ça : tu es un gros pervers !

Une taloche dans la gueule informe Adam que sa réponse laissait à désirer.

— Mais non, bougre de con ! Je suis toi ! Toi du futur !
— Ouiii c’est ça, et dans deux minutes vous allez me dire « On peut aller dans ma vieille chambre ensemble ? »
— Je t’en remets une dans la gueule ou bien ? Non, je suis toi ! Nous sommes nés en 2010, nous allons au collège Valérie Pécresse de Melun, nous avons un micro-pén…
— Haaaaaaaaaaalte-là, c’est bon, tu m’as convaincu. Salut, moi du futur !

Afin de mieux distinguer nos deux héros, nous parleront désormais d’Adam, pour désigner le plus jeune des deux, et de Ryan Reynolds pour le plus vieux, personne n’ayant mentionné à l’acteur qu’il avait le droit de jouer autre chose que lui-même.

— Mais alors quand je serai grand, je serai Ryan Reynolds ?
— Oui.
— Mais je voulais être Nicolas Cage !
— Je… bon sang, je ne me souvenais plus que l’âge bête l’était autant.

Ryan prend tout de même le temps d’expliquer à Adam ce qu’il fout là. À savoir qu’il vient de l’année 2050, où il a volé un vaisseau avec un canon à trous de ver pour voyager dans le temps, avec le projet de retourner sauver quelqu’un en 2018. Mais que son appareil ayant été quelque peu malmené, il a atterri en 2022 par erreur. Pour preuve de son histoire, Ryan emmène Adam au fond des bois et appuie sur l’équivalent de ses clés de bagnole, à savoir celles de son vaisseau, et celui-ci jusqu’alors invisible apparaît là où Adam avait remarqué les arbres calcinés.

— Ouah, c’est drôlement pratique ce système de camouflage !
— Dans le futur, Cyber-Macron a doublé le nombre de pervenches. Tu n’imagines pas ce que l’on est prêts à faire pour se garer en double file.
— Mais au fait, si tu n’es pas à la bonne époque Ryan, pourquoi ne prends-tu pas ton vaisseau pour repartir et aller en 2018 sauver je-ne-sais-qui, là, tout de suite ?
— Parce que je suis blessé. Et que le vaisseau refuse de démarrer si le pilote est blessé.

Je… ah oui, quand même.

Adam et Ryan sont contents de savoir que dans le futur, on conçoit des vaisseaux d’exploration qui s’arrêtent de fonctionner en cas de situation dangereuse.

Alors encore, qu’il refuse de démarrer quand tu as l’équivalent du bar du Macumba dans chaque bras, d’accord. Mais quand on parle d’un appareil conçu pour des missions dangereuses (voyager dans le temps), le bloquer quand le pilote est blessé, et donc en a le plus besoin, c’est complètement con. Je pense que cette sécurité s’intitule « quelqu’un à posé le scénario sur les commandes, ce qui nous bloque ici, c’est ballot« .

Puisque Ryan ne peut repartir, il va donc rester un peu et s’installer dans la dépendance de son paternel en attendant de guérir. Lorsque Maman Adam rentre à la maison, elle ne remarque donc rien, et non, Ryan n’a pas saigné sur le tapis, il est vraiment sympa (il sait que ça ne part pas en machine). Quant à Adam, il se comporte toujours comme un rectum surmonté d’un toupet blond, sa mère ne constate donc rien d’inhabituel à son sujet.

En tous les cas, sachez que nos deux héros ont quand même quelques échanges intéressants. Comme le célèbre :

— Mais au fait, Ryan, qu’est-ce que je suis dans le futur ?
— Tu veux vraiment savoir ?
— Oh oui !
— Dans le futur, tu es un pédophile.
R… Ryan ? Pourquoi verrouilles-tu la porte ?

Pardon, non. En fait, Adam pose une vraie question presque intelligente.

— Ryan, attends ! Si tu viens du futur, alors tu dois te souvenir de ce moment, là, maintenant ! Et donc savoir comment ça se finit ! Ou alors ce qu’il se passe maintenant influence ta mémoire en ce moment-même ? Ou bien est-ce un multivers et tu n’es en fait qu’un type d’une dimension parallèle qui…
— Tututut. Écoute-moi bien. Voilà comment ça fonctionne : il n’y a qu’une seule ligne temporelle. Mais pour autant je n’ai aucun souvenir de notre situation actuelle. C’est à mon retour dans le futur, dans mon temps normal, que tout va s’harmoniser et que j’aurai donc le souvenir de tout cela.

Attention, c’est important : le film prend le temps de nous dire comment fonctionne le voyage temporel et ses conséquences. Vous avez bien retenu ? Il n’y a qu’une seule ligne temporelle (le choix le plus difficile à gérer sans se planter, rappelons-le) MAIS il y a joker : rien de ce qui n’arrive dans le passé n’influence les gens du futur, du moins, tant qu’ils ne sont pas retournés dans ledit futur.

C’est noté ?

Bien. Nous savons pourtant pertinemment que comme le veut la tradition, le film va oublier ses propres règles à peu près à chaque fois que cela l’arrangera.

Mais passons, et laissons nos amis aller se reposer un peu après ces échanges hauts en futures (hoho, suis-je drôle) incohérences.

Le lendemain, Ryan et Adam profitent de l’absence de l’autorité maternelle pour aller en ville acheter quelques médicaments pour le bidou troué du plus vieux d’entre eux. L’occasion de croiser quelques-uns des bourreaux du collège d’Adam, qui après avoir tatané leur cible habituelle, sont étonnés de se faire mettre en déroute par un Ryan Reynolds. Les rues ne sont plus sûres, ma bonne dame.

Seulement voilà. De retour à la maison, voici qu’à nouveau, des bruits suspects se font entendre dans les bois. 

— C’est le moment pour sortir en slip et avec une lampe de poche !
— Mais ? Bon. Ta gueule, Adam. 
— Hein ? C’est ce que je fais pourtant toujours dans ce genre de situation !

Justement. Ryan lui fait remarquer que cela flaire bon la grosse embrouille, et sort donc son arme du futur : une espèce de gros sabre en plastique. Ce qui tombe bien puisqu’au même moment, des soldats du futur, jusqu’alors invisibles, apparaissent un peu partout autour de la maison et la prennent d’assaut ! Les gens de 2050 ont retrouvé notre fuyard !

Adam, qui s’apprêtait à les accueillir avec des fraises Tagada, est quelque peu surpris lorsque la baston éclate.

Mais comme Ryan est le héros, et même s’il est armé uniquement d’une arme de corps à corps, il parvient sans problème à vaincre des types armés de gros fusils d’assaut, principalement grâce à leur incroyable capacité à ne surtout pas tirer et à s’approcher en courant du héros par groupes de un.

Quel combat palpitant. La dernière fois que j’ai vu autant de suspens, c’était dans un épisode des Power Rangers.

Finalement, tout semble perdu lorsqu’un gros vaisseau similaire à celui de Ryan apparaît au-dessus du champ de bataille après être sorti de son champ d’invisibilité. Et se met à menacer tout ce petit monde de ses gros canons. Et à bord se trouve une femme d’âge mûr qui pose son regard menaçant sur Ryan.

— Maya ! C’est elle, la vilaine qui me poursuit ! s’exclame Ryan.
— Ouuuuh, je t’entends en bas, Ryan ! J’ai des micros sur mon appareil, chenapan ! C’est moi la vilaine ? Moi, l’ancienne associée de ton père ? Moi qui t’ai toujours bien traité, et toi, tu me voles un de mes vaisseaux pour aller faire un tour dans le passé ? Tu croyais que j’allais te laisser faire ? Que nenni ! Je suis venue te ramener à la maison !

Ryan se gratte le menton.

— Mais… ce n’est pas possible, Maya.
— Comment ça ? 
— On a annoncé plus tôt dans le film qu’il n’y avait qu’une seule ligne temporelle. Donc, logiquement, quand je suis parti dans le passé, j’ai instantanément modifié le futur. Ce qui veut dire que tu arrives d’un futur où j’ai déjà terminé ma mission. Mission qui, nous le verront plus tard dans ce film, devrait t’empêcher de revenir du futur.

Attendez, vous voulez dire que le film a oublié que la méchante ne pouvait tout simplement pas exister ? Rhooo. Va-t-on chipoter sur ce genre de petits oublis ? Maya, elle pense, que non.


— Tu sais quoi Ryan ? Tu es chiant : FEU À VOLONTÉ !

Oui, Maya est mauvaise perdante.

Heureusement, au moment où elle tente de trouer notre héros, voici que débarque du fond des bois une mystérieuse damoiselle avec un gros pétard dont chaque tir fait de gros bobos à l’appareil de Maya, obligeant la vilaine à se replier. Ryan, agréablement surpris par cette apparition (les femmes avec des lance-grenades au fond des bois, c’est quand même plus sympa que les donzelles qui distribuent des épées au fond des mares mon p’tit Arthur), se jette dans les bras de la nouvelle venue.

Nos héros se font des câlins de tête, ces fameux câlins que tout le monde se fait après avoir été séparé des années durant.

— Laura ! Tu es vivante ! Adam, viens là trouduc’. Je te présente Laura, ma femme venue du futur. Laura, tu te souviens quand tu avais dit que tu aurais bien voulu me rencontrer plus jeune ? Voici Adam. C’est moi-même à 12 ans.
— Enchantée, Adam.

Adam, voyant ce qu’il épouse dans le futur, sent son slip mystérieusement rétrécir.

— Bon, il n’est pas très causant ton toi-même de 12 ans du passé, Ryan.
— Je sais. Mais attends, attends… Laura, que fais-tu ici ?
— Eh bien comme tu le sais Adam, dans le futur, j’ai décidé de retourner dans le passé, et plus précisément en 2018. Où mon vaisseau a été détruit. 
— Oui je sais ma chérie, c’est pour cela que j’étais venu te chercher ! Pour tenter de te sauver ! Maya m’avait dit que tu avais eu un accident lors du retour vers 2050 et que tu étais morte ! Sauf qu’en venant te chercher, Maya a justement tenté de me stopper, m’a tiré dessus, et paf, j’ai atterri en 2022 au lieu de 2018.
— Bon ben comme tu l’auras deviné, Maya est une truie des bois. Tu le sais, dans le futur, elle est la patronne de la société qui gère le voyage dans le temps, est super riche, et a obtenu quantité de pouvoir en investissant au meilleur moment dans quantité d’entreprises encore inconnues.
— C’est vrai qu’elle a toujours eu le nez creux pour dénicher les bons plans ! Comme si elle savait à l’avance quelle entreprise allait décoller, ou quelle campagne présidentielle allait tourner à la blague.

Tout en le disant, Ryan commence à comprendre que PEUT-ÊTRE qu’une méchante disposant d’une machine à voyager dans le temps aurait pu s’en servir, pour, je ne sais pas, ses intérêts personnels ?

C’est fou.

— Tu as tout compris, Ryan. En fouillant les archives de 2050, j’ai découvert que Maya avait effectué un mystérieux voyage vers 2018 dans le plus grand secret. Or, comme tu le sais, c’est juste avant que ton père n’invente le voyage dans le temps avec elle, comme par hasard ! J’ai donc compris que Maya était retournée dans le passé pour se filer toutes les bonnes infos pour s’emparer du projet, s’enrichir, et devenir une personne surpuissante dans le futur. Je suis allée en 2018 confirmer ma théorie. Sauf qu’au moment de retourner vers 2050… mon vaisseau a été détruit par une mine qu’elle avait laissé sur sa trajectoire ! Je me suis donc retrouvée bloquée en 2018. Alors, en attendant, j’ai veillé sur ta petite famille, de loin…

Ryan plisse les yeux si fort qu’il peut voir l’âme de tout être vivant dans un rayon de trente mètres : il est en effet très dubitatif.

— Oui mais attends Maya, dans ce cas, j’ai deux questions.
— Bien sûr Namour. 
— La première, c’est pourquoi tu as eu l’air surprise de rencontrer Adam à l’instant si tu as plus ou moins veillé sur lui ces dernières années ?
— Euh… ah merde, attends, laisse-moi consulter le script.
— Laisse tomber, car j’ai une question bien plus emmerdante : si tu étais bloquée dans le passé, pourquoi n’en as-tu pas profité pour changer le futur ? Par exemple en prévenant mon père que son associée était une truie ? Ou en agissant contre Maya avant qu’elle ne devienne trop puissante ?
— Parce que…. eeeeeeeeh bien…

Mais oui : parce que sinon, il n’y aurait pas de film. 

N’oubliez pas les enfants : à partir du moment où vous écrivez une histoire où les personnages ont le pouvoir de voyager dans le temps, ils risquent de s’en servir. Par exemple, et au hasard, pour résoudre l’intrigue du film.

Heureusement, alors que Ryan, Laura et cette andouille d’Adam comprennent que le scénario n’a aucun sens, voici que revient le vaisseau de Maya, visiblement bien décidé à leur plomber la truffe.

Ryan se met à gesticuler.

— Mais attendez, ça aussi, c’est pareil ! Si nous venons tous d’un futur modifié par Maya grâce à un voyage en 2018, comment cette même Maya peut-elle être ici avec nous, alors qu’elle devrait désormais venir d’un futur que NOUS avons modifié ?

BLAMBLAMBLAM font les canons en tirant sur nos héros pour les empêcher d’appuyer sur le fait que Maya est une incohérence volante et surarmée. Tout le monde doit donc fuir en voiture, lors d’une course-poursuite palpitante avec l’aéronef de Maya remplie de ces moments magiques où un ordinateur de bord du futur à besoin de 15 secondes pour verrouiller une cible à dix mètres (soit 14,5 de plus qu’en 2022) et mieux encore, quand la cible est verrouillée, les tirs partent quand même à côté. Ne me demandez pas à quoi servent ces séquences, à part à rajouter des trucs absurdes, je ne me l’explique pas non plus. Ou alors…

* * *

Hollywood, 2020

— Et là, le vaisseau tire sur la voiture des héros, mais la rate.
— Attends Roger, j’ai une meilleure idée : si on rajoutait une séquence avec des gros plans sur l’ordinateur de bord du vaisseau qui fait plein de calculs et de machins pour bien verrouiller la cible ?
— Mais il la rate quand même ?
— Ben oui.
— Michel, est-ce que tu es vraiment en train de demander à ce que l’on rajoute une scène, donc du budget, avec des effets spéciaux et des accessoires qui coûtent du pognon – genre un ordinateur du futur et son interface – donc encore plus de budget, tout ça pour obtenir un résultat exactement inverse à ce que la scène montre ? À savoir que le vaisseau n’a pas du tout verrouillé la cible ?
— Oui.
— Michel, tu sais, ta capacité à coûter des millions tout en faisant de la merde contre-productive m’épate.
— Merci. L’histoire retiendra le nom de Michel McKinsey.

* * *

Finalement, les héros parviennent quand même à mettre Maya en déroute…

Ah non pardon : Maya laisse temporairement tomber. Oui, elle est comme ça : elle se lasse de tirer sur les héros. Oui, vraiment. Après avoir envoyé deux soldats tenter de les tuer, et puisqu’ils ont encore échoué, elle décide de les laisser prendre la fuite alors qu’elle pourrait les suivre.

Vraiment, elle est trop sympa. Laura, Adam et Ryan vont eux se cacher dans une petite bicoque où Laura a vécu ces quatre dernières années. L’occasion de mettre sur pied un plan.

— Les amis, je pense que puisque nous venons d’un futur où Maya contrôle tout, de l’économie mondiale à l’espace-temps, le mieux à faire serait d’empêcher directement la découverte du voyage dans le temps. Plus de voyage temporel, plus de Maya qui devient surpuissante ! Malin, non ?

À ce stade, si votre serviteur était autour de la table, il s’allumerait un cigare, en tirerait une bouffée, puis l’écraserait sur le visage poupin d’Adam qui ne mérite que cela. Avant d’expliquer que là encore, c’est impossible. Ou au mieux, la mission va échouer.

Comment je le sais ?

Parce que si la mission était un succès, Maya n’aurait pas pu revenir du futur les emmerder. Plus amusant encore : en empêchant le voyage dans le temps, comment pourraient-ils revenir dans le passé pour le mettre à mal avant qu’il ne soit inventé ?

Vous me direz « Apapap ! Le héros au début du film a bien dit que les conséquences de ce qui était modifié dans le passé n’arrivaient qu’une fois le voyageur temporel revenu dans son futur !« 

Oui, sauf que Maya vient dudit futur, où techniquement, ils sont rentrés d’une manière ou d’une autre (soit par voyage, soit en passant les 28 années suivantes sur Terre). Comme toujours, le film annonce une règle, et n’arrive pas à la suivre. C’est prévisible comme les opinions politiques d’une personne qui précise ses pronoms dans sa bio Twitter.

Ignorant ce script qui se pète la gueule, nos puissants personnages décident donc d’un plan.

— Ryan, tu vas retourner en 2018 et empêcher l’invention du voyage dans le temps.
— Mais Laura ? Je ne risque pas de te croiser sur place ?
— Euh… ah merde, attends… le scriiiipt….
— Okay, j’ai compris, ça aussi ils ont oublié. Bref, okay, je vais en 2018 et j’empêche mon propre père d’inventer le voyage temporel. Mais attends ! Je ne peux pas piloter mon vaisseau ! Je suis encore blessé, et tu te souviens, les vaisseaux sont étrangement conçus pour ne surtout pas accepter un pilote blessé.
— Oui mais la détection est basée sur l’ADN ! Tu n’as qu’à emmener Adam avec toi : il pourra déverrouiller l’appareil puisqu’il a le même ADN mais n’est pas blessé !

Oui : apparemment, le vaisseau peut détecter un changement d’ADN quand quelqu’un est blessé – ne me demandez pas comment – par contre il n’arrive pas à détecter que les cellules de son pilote ont 12 ans au lieu de 40. Un peu con, ce vaisseau, surtout quand il s’agit d’un truc pour voyager dans le temps.

Alors que nos héros en sont à ces réflexions, et que Ryan pleure que bouhouhou, mais sans voyage dans le temps, jamais je ne rencontrerai l’amour de ma vie à la fac des voyageurs temporels, voici que Maya, son vaisseau et sa gentillesse proverbiale reviennent avec une nouvelle escouade de soldats du futurs, qu’elle a probablement sortis de son chapeau.

Le chapeau de Maya.

Oui, elle était partie juuuuste le temps de laisser nos héros papoter : elle est vraiment super arrangeante. Vous êtes sûrs que c’est la méchante ? 

Laura se sacrifie pour retarder l’ennemi, pendant que Ryan et Adam retournent au vaisseau de Ryan. Qui refuse de s’allumer tant qu’Adam n’en fait rien, comme prévu par ce raccourci scénaristique qui oblige Ryan à emmener l’insupportable rectum ambulant avec lui. Le vaisseau, lui, s’est automatiquement réparé pendant son petit temps de repos, ce qui est pratique.

Ryan décolle, mais se retrouve poursuivi et mitraillé par le vaisseau de Maya, lors d’une course-poursuite où l’on appréciera le moment où Ryan coupe et rallume les moteurs pour disparaître brièvement des capteurs ennemis, dans une séquence où le spectateur attentif à envie de s’exclamer « Mais ? Ne fallait-il pas Adam il y a une seconde pour allumer les moteurs ? »

Non, vraiment, à ce stade, c’est volontaire. Du moins, j’espère.

L’appareil de Ryan se retrouve juste assez endommagé, là encore par un fabuleux hasard scénaristique, pour ne plus pouvoir faire qu’un seul saut temporel : allez, à la guerre comme à la guerre, direction 2018 !

Et pouf, nos héros débarquent quatre ans plus tôt.

Ils se rendent aussitôt à la faculté où enseigne leur papounet, lors d’une séquence émotion car pour eux, cela fait longtemps qu’ils ne l’ont plus vu vivant. Papounet est un scientifique et enseignant de génie, mais son QI chute d’environ 160 points sitôt que ses enfants du futur apparaissent, puisqu’il ne les laisse pas parler.

— Vous êtes Adam à 12 ans ? Et à 40 ans ? Et j’ai inventé le voyage temporel ? Formidable ! Mais ne m’en dites pas plus, car sinon, vous risquez de déstabiliser le temps.
— Attends, on…
— LALALALA JE N’ENTENDS RIEN !
— Mais il…
— LALALALALALALALALALA !

Car non, à aucun moment il ne lui passe par la tête qu’entre ce qu’il sait du voyage temporel, et ce qu’en sait son fils, voyageur temporel, peut-être que ce dernier est vachement plus au courant des règles. Et donc, qu’il devrait peut-être l’écouter.

Non, à la place, il fait chier.

Je vous passe toutes les séquences sur « Je ne dois surtout pas vous écouter, vous risquez de perturber l’espace-temps« , répétées en boucle, ou le sentimentalisme à deux sous du type « Papa, tu dois surtout t’occuper de moi, Adam, car ces moments seront perdus à jamaiiiiis !« 

Puisque bon : honnêtement, qui ça intéresse ? Oui, vous au fond ? Je vous laisse prendre la porte et aller regarder Outlander, si vous voulez des voyages dans le temps foireux, de sentiments qui le sont tout autant, et une douzaine de viols par épisode pour faire bonne mesure. Mais ça, c’est cadeau.

Finalement, Ryan et Adam comprenant que leur père est au mieux inutile, au pire complètement con, décident de se passer de ses services et d’aller faire sauter sa machine expérimentale et tous ses travaux dans le centre de recherches financé par son associée, la jeune Maya. 

Les deux compères s’y rendent, mais à peine arrivés sur place, voilà qu’ils sont attaqués par des soldats du futur ! Il faut croire que Maya du futur les attendait…

Mais là encore, les soldats oubliant d’utiliser leurs armes – c’est palpitant – nos héros peuvent les tataner sans problème. Le tout dernier vilain est même vaincu par l’arrivée impromptue d’une voiture en travers de sa mouille, conduite par… 

— PAPOUNET !
— Eh oui les enfants, c’est moi. Vous vous souvenez de tout ce que j’ai dit sur le fait de ne pas modifier le futur ?
— Oui ?
— En fait, balec’.

Vous nous le dites si on vous emmerde, amis scénaristes. Tenez d’ailleurs, ils en sont au stade où ils ne se relisent plus au point de laisser passer ce dialogue de Ryan :

— Eh bien, il aura fallu 44 ans pour que je vienne sur le lieu de travail de mon père.

Oui. Sauf qu’au début du film, mon bon, tu dis bien être né en 2010. Et que tu reviens de 2050. Donc tu as 40 ans, pas 44. Mais même ce truc basique qu’un élève de CE1 aurait vu passer, hop ! Ça passe sans souci dans une production à… attendez…

116 millions de dollars.

Je ne me lasserai jamais de ces chiffres. Vous savez, hein, pour un petit million de plus, je suis prêt à rendre service et à vous relire, amis d’Hollywood. Je suis comme ça. Le cœur sur la main.

Papounet, se demandant comment avec un seul enfant, il a pu produire deux cons.

Mais revenons à nos idiots qui ne connaissent ni leur âge, ni pourquoi ils agissent comme ils le font.

C’est donc Papounet et deux versions de son fils qui infiltrent les locaux de la société de Maya. Et gagnent sans encombre, grâce à la carte d’accès de Papounet, la salle où se trouve l’énorme accélérateur de particules qui un jour, permettra le voyage dans le temps.

Bon, je dis « énorme » mais il est gros comme un camion, hein. Mais par rapport à nos héros, c’est très gros.

Hélas, au moment où nos amis s’apprêtent à tout détruire avec confiance, Papounet expliquant qu’il a le bon goût de ne jamais garder trop de copies de ses travaux (c’est vraiment pratique quand même), une voix les interpelle.

— Pas si vite !

C’est Maya qui arrive accompagnée de soldats du futur… et de sa jeune et jolie elle-même du présent ! Appelons-la Maya-la-Belle.

— Maya ! Ah, si on avait pu se douter que tu débarquerais, alors que tu as envoyé des hommes nous tuer il y a seulement quelques minutes !
— Oui, et notez comme je vous ai ensuite laissés parvenir jusqu’à la salle où je savais que vous vous rendriez sans encombre ! Même pas un garde à l’entrée ou près de la machine dont dépend toute ma carrière, tout mon futur, toute ma vie : rien ! 
— Vous êtes vraiment sympa.
— Je sais. Mais bon, là, tout de suite, je vous demande d’arrêter les conneries. Ce pourquoi, mon cher Ryan, laissez-moi prendre en otage votre cher Adam de 12 ans et lui braquer une arme sur la tête. Si vous n’obéissez pas à ce que je vous dis, je le tue, et paf, ça vous tue aussi. Là, tout de suite.
— Mais ? Je croyais que les conséquences de tout ce que l’on faisait n’avaient lieu que lors de notre retour dans le futur ? 
— … nan mais vous savez bien que ça change à chaque scène maintenant.
— Ah oui, c’est vrai.

Mais Ryan a un plan. Un plan élaboré. Il fait… un clin d’œil.

Et comme dans tous les films, où un type lève un doigt, remue un orteil ou opine du chef, la personne à qui il s’adresse comprend instantanément ce que cela veut dire. Soit dans le cas présent :

« Adam, pendant qu’elle me parle, mets-lui un coup de tête, puis tape dans son bras, et force-la à tirer vers le réacteur qui alimente l’accélérateur de particules ! »

C’était pourtant évident.

Ce qui est dit est fait, et hop ! Le réacteur au milieu de la pièce, qui est mi-turbine, mi-trou-noir, s’emballe et se met à attirer à lui tout ce qui est métallique. Les méchants soldats du futur en armure se retrouvent donc collés aux vitres du réacteur, des objets volent dans tous les sens mais…

Attendez, tous ?

Nenni ! En effet TOUS les objets dont les héros ont besoin ne sont eux pas affectés par ce mystérieux phénomène magnétique : ordinateurs, armes ou disques durs restent donc bien en place. On va supposer qu’ils n’étaient pas en métal, mais en scriptonium.

Papounet peut ainsi lancer sur un ordinateur la procédure de verrouillage de la salle du réacteur avec un gros compte à rebours, les gentils se passer tranquillement le seul disque dur contenant les recherches de Papounet, et la méchante menacer tout le monde de son gros fusil sans aucun problème.

Jusqu’à ce qu’enfin, elle ne parvienne à tenir en joue nos trois compères.

— Vous voilà faits ! Moi et mes balles capables de transpercer un char, je vais vous transformer en pulpe, petits emmerdeurs ! Écarte-toi, Maya-la-Belle, pendant que je les tue !

Papounet se prend alors à sourire, ce qui étonne ses enfants. Mais lorsque Maya tire… sa balle se retrouve instantanément aspirée vers le réacteur, et en chemin, transperce Maya-la-Belle ! Et puisqu’elle meurt, cela fait instantanément disparaître son double du futur !

— Mais bordel ! Je ne comprends jamais comment ça marche cette merde ! Alors ça y est, dans cette scène, toute action sur le passé se répercute instantanément sur le futur sans aucun délai ? 
— Voilà, mon petit Adam.
— Mais dans ce cas, si Maya est morte, jamais elle n’a pu revenir en 2018 se donner plein d’infos sur le futur, et donc tout ce que l’on vit n’a jamais pu arriver !
— Ah euh… héhé… il faut croire que maintenant les règles changent d’un plan à l’autre !
— Accessoirement Papounet…
— Oui Adam ?
— Comment as-tu su que la balle de Maya serait attirée par le réacteur ?
— Elle a dit que sa balle pouvait transpercer un tank. Donc, elle contenait beaucoup d’acier. Et serait donc attirée par l’accélérateur.
— Oui enfin c’était un pétard du futur : comment pouvais-tu savoir que ça fonctionnait toujours avec un noyau d’acier ? Mieux : comment savais-tu que la balle serait aspirée AVANT de tous nous tuer ?
— Ahaha hé euh… ta gueule fils d’imbécile et sortons d’ici !

Et tout le monde de sortir de la salle à la dernière seconde, comme de bien entendu, avant que tout ne pète et que les travaux de Papounet ne soient détruits. Papounet et ses deux fils peuvent donc rentrer dans leur maison familiale, pendant qu’Adam de cette époque et sa maman sont partis.

— Mais au fait, Ryan et Adam, pourquoi n’avez-vous pas disparu, vous ?
— Oh euh… l’espace-temps a besoin de temps pour se corriger !

Véridique : une scène plus tôt, Maya disparaissait instantanément en tuant Maya-la-Belle, par contre, là, alors que le voyage dans le temps n’existe plus, nos amis peuvent encore glander quelques heures. Mais êtes-vous vraiment étonnés ?

À ce stade, je pense que l’on peut ouvertement supposer que toute la fin du film a été écrite un vendredi soir par un stagiaire. Faisant sa découverte d’entreprise de troisième.

Mais passons.

Adam profite du calme enfin revenu pour glisser quelques mots à son papa :

— Papounet, je dois te dire que tu devrais être prudent sur la route. En effet, dans quelques mois, tu…
— Non, tu ne dois rien me dire ! Et si cela modifiait le futur ?

Ah ben oui : modifier tout le futur et l’histoire de l’humanité en détruisant le voyage dans le temps et Maya, future patronne du monde ou peu s’en faut, d’accord. Mais garder papa en vie quelques années de plus ? Non, ça, ce serait trop beaucoup !

Notons qu’aucun de ces deux couillons ne fera remarquer à Papounet l’incohérence de son propos.

Non mais quel travail.

Finalement, alors que Papounet a le dos tourné, pif pouf : le temps se corrige, et Adam comme Ryan disparaissent. Et le temps peut reprendre son cours. On peut ainsi voir Papounet qui décide de passer plus de temps à la maison avec sa femme… sauf que même cette scène est ratée.

Oui, même ça, c’est trop dur.

En effet, on voit Papounet dire « Aujourd’hui, femme et enfant, je ne vais pas au travail, je reste à la maison avec vous. » Sauf que la réponse de sa femme est « Super ! Bon allez je te laisse, je vais au travail ! ». Oui, le dialoguiste n’a pas remarqué, à deux lignes d’écart, que si sa femme a un boulot auquel elle se rend, alors Papounet ne peut pas passer la journée avec, mais va juste manger des chips devant Plus Belle la Vie.

Mais quid de ses enfants ?

Retrouvons quatre ans plus tard, Adam de 12 ans qui n’a aucun souvenir de son aventure, et qui a encore perdu son père (c’est con) mais qui désormais, grâce à un « écho » de leur épopée, est plus gentil avec sa maman, ou Ryan du futur qui rencontre quand même Laura à la fac, parce que l’amour, il prend l’espace-temps et il lui pète la colonne sur le genou. 

Tout le monde est heureux – à part Maya, qui est plutôt morte, tuée par des gens qui n’ont pas pu revenir dans le passé – plus personne ne se souvient d’à quel point rien de tout cela n’a strictement aucun sens et…

… Fin !

Eh bien une fois de plus, le voyage dans le temps montre qu’il est gage de scénario raté.


— Bravo patron ! Un des spoil signals vient de s’éteindre !
— Combien en reste-t-il ?
— Hmmm… eh bien à vue de nez… entre les sorties cinéma, Netflix, Amazon Prime, Disney…
— Salto ?
— Allons patron, arrêtez de me faire rire, j’ai du mal à compter. Voilà, je dirais environ 132 films. Et encore, c’est sans compter les séries. Et le retour de Nicolas Cage.

Je tire sur mon cigare avant de soupirer un nuage de fumée en direction du ciel illuminé.

— Ma mission est sans fin, Diego. C’est une croisade éternelle.
— Allons vous n’êtes pas seul, patron. Vous, vous êtes de mauvaise foi, mais il y a des critiques qui eux aussi, soulignent à quel point ces scénarios sont idio…

Le silence tombe sur Diego en même temps qu’un magazine le fait en travers de sa mouille. Il le ramasse, et s’aperçoit que taquin, je lui ai jeté un Télérama.

— Diego, tu te souviens de comment je viens d’expliquer que c’était un film spectaculaire à gros budget, mais où chaque dialogue était idiot ? Bien, maintenant, lis en bas de page.

Diego s’éclaircit la voix, puis lit :

« Sur la dimension spectaculaire, Adam déçoit un peu. (…) C’est, au contraire, quand il ménage des plages de silence, des moments d’observation entre personnages qu’il se révèle le plus réussi. »

Si le magazine officiel des intellectuels de la culture trouve que les dialogues sont plus réussis que les effets spéciaux, je crains que tout ceci ne soit finalement qu’un coup de trompette de plus des cavaliers de l’apocalypse.

36 réponses à “Adam à travers la trame

  1. Je l’ai vu. Pour moi, ce sont mes films à repassage : quand je repasse mon linge, je regarde un film qui doit posséder qq caractéristiques : Un peu attirant, pas trop c.., pas trop intello (pas me bruler les doigts à me concentrer sur le film), avec un « mais comment ça se termine, par quel double saltot arrière sur un pied le scénariste va s’en sortir ?? C’est pile poil Adam à travers le temps. Et j’ai pu finir mon repassage sans me brûler (ni les doigts ni le … cerveau).

  2. On apprend plus de ses erreurs que de ses réussites, paraît t’il…
    Hollywood arrive à faire des réussites (financières) en accumulant des erreurs.
    Fascinant…

  3. Comme quoi l’aphasie est un fléau bien plus répandu qu’on ne le croyait à Hollywood et il semble toucher principalement des scénaristes !

  4. Pour l’avoir vu également, notre cher hôte ne fait pas preuve de beaucoup de mauvaise foi sur ce coup ci… Vraiment. Même moi j’avais remarqué globalement toutes ces incohérences, pourtant je suis bien meilleur publique que lui lorsque je regarde un film pour la 1ere fois… Mais dans le cas de ce film, cela saute aux yeux même au plus aveugle des spectateurs. De pire en pire le cinéma là bas.

  5. Je vous trouve un peu dur avec Adam. Il sait quand même prononcer le nom de tout un tas de villes correctement, et du premier coup.

  6. J’aurais pu m’arrêter à la MG-42 et au scriptonium, mais j’ai tout lu…. Comme d’hab, un bon moment de détente au prix d’un abonnement internet… Quelle idée d’investir 116 millions de dollars!!!???!!! Ha bah si, sinon, il n’y aurait pas eu de spoile du bon OC… (Ne serait-ce pas un retour du futur du présent de l’imparfait du scénario du spoile ça…. ;-p)
    Aller! J’arrête, j’ai perdu tout le monde là…. MDR… :-)

  7. je suis au milieu de la S6 d’Outlander en plus.. je me sens personnellement attaqué :’)))

    Reste que je suis tombé sur ce film un peu par hasard et woah.. ils nous ont pondu un truc basique au possible, et surtout pas de gore malgré les fights/armes a feu/missiles etc hein…

    • Apapap! On ne touche pas à Batman ! Je veux dire, littéralement, on touche pas à Batman, ça sert à rien, le mec peut encaisser autant que superman sans avoir à peine plus qu’une cheville foulée

  8. j’espère qu’il y aura un billet sur le Batman. Ce film appelle l’odieux. Il est lui même le spoil-signal

  9. « broucouille »
    Nos amis Inconnus du bouchonnois vous remercient d’avoir utilisé leur dialecte Monseigneur.

  10. En fait, en ne sais pas comment Ryan Reynolds s’est blessé, puisque quand on le voit, il a déjà le bas-ventre en sang. Mais quand est-ce arrivé ?
    – Si c’est pendant la poursuite, alors il devrait être mort, puisque avoir son vaisseau troué dans le vide spatial est une très mauvaise garantie de survie (comme l’OC le dit, en fait) ;
    – Si c’est avant… il n’aurait jamais pu monter dans son vaisseau, qui ne démarre pas si le pilote est blessé.

    Autre incohérence, passée sous silence : lors de la poursuite en voiture dans les bois, personne n’a sa ceinture… Et pourtant, Reynolds insiste pour que Saldana freine, et fort, afin de se débarrasser d’un poursuivant. Tout le monde aurait dû passer à travers du pare-brise et respecter la physique et les nerfs des spectateurs, mais non. Sans oublier les balles qui disparaissent après avoir faire sauter une vitre.
    A chaque course-poursuite, la mise en scène se plante, c’est fou !

  11. C’est le printemps, il fait beau et les spoils fleurissent à nouveau ! Bon je retiendrais surtout la méchante récurrente qui apparaît et disparaît au pif (avec ses armes qui arrosent sans rien toucher, forcément), j’espère qu’elle a le même pouvoir comique dans le film qu’ici.

    Sinon M. Odieux : « Si le magazine officiel des intellectuels de la culture trouve que les dialogues sont plus réussis que les effets spéciaux,  »

    Vous semblez oubliez qu’il s’agit des gens qui se donnent pour « mission » actuellement, de nous convaincre que dimanche un choix électoral va certainement plonger le pays dans le Mordor absolu, mais que l’autre choix nous amènera forcément vers les cimes du paradis…or quand on arrive à supporter la tête des 2 champions et leurs discours plus de 5 minutes (ce qui n’est pas évident), on se dit que certains peuvent effectivement s’être entraînés à plier la structure même de l’espace-temps avec leur incohérence.

  12. mouais …
    y a des incohérences certes, mais aussi de la mauvaise foi de la part de l’OC …
    la femme de Ryan qui ne fait rien dit bien qu’elle a respecté le protocole qui est de se la jouer profil bas … c’est donc pas une incohérence … au pire la meuf est ptêt juste trop conne (ce qui serait incohérent avec ce qu’en dit Ryan mais il est amoureux et l’amour rend aveugle …) ou alors quand son vaisseau a pété (et qu’elle a survécu on ne sait comment), il était déjà trop tard pour modifier le futur
    de même tant que Ryan et cie n’ont pas annulé le voyage dans le temps, celui-ci continue d’exister …

    pour le reste …

  13. M. Connard, vous mériteriez qu’on vous confisque votre Mauser pour penser que Télérama, c’est vraiment le « magazine de la culture ».

  14. Maitre, j’espère que le dernier Zanimo Fantastik ne vous échappera pas… Enfin ce devait être le dernier…

  15. Sinon courage Maître dans votre croisade, Hollywood vit son Chant du Cygne. Ils ne pourront pas aligner des centaines de millions pour des daubes très longtemps. Certes, les USA impriment de la fausse monnaie pour cela, mais l’hégémonie du dollar est sur sa fin.

  16. Pour ces histoires de 2050-2010 = 40, il n’est pas impossible au vu du scénario que Ryan ait passé quatre années à voyager dans le temps pour son métier. Ce qui expliquerait l’écart d’âge.

  17. Maya-La-Belle : petit plaisir de lecteur qui anticipait le truc et est ravi que ce soit casé. Merci l’OC. Grandiose comme d’habitude

  18. Concernant la balle qui troue mais ne fait pas de décompression dans l’espace: ça, c’est tout de même un peu possible. Déjà lors de la WW2, les réservoirs de carburants des avions de chasses américains ont un revêtement en caoutchouc qui a tendance à fermer les fuites en cas de trous. Ce serait logique de mettre quelque chose de similaire autour de l’habitacle d’un vaisseau pressurisé risquant de se prendre des pruneaux.

    • Eh bien je ne sais pas si vous aviez ces exemples en tête MadeinCH, mais il semble que la NASA, au minimum, planche depuis quelques années sur un procédé proche (bon je ne suis pas familier avec la source mais il y a des échos ailleurs, pour les vaisseaux et les combis spatiales).

      http://fr.scienceaq.com/Astronomy/1001023676.html

      D’ailleurs ce ne serait à nouveau que la reproduction d’un principe déjà utilisé par la vie sur Terre (mixines…)

    • C’est vrai : on appelle ça un réservoir auto-obturant. En + on dit que le vaisseau s’auto répare à priori ?

      Mais visiblement, la même technologie appliquée au scénario n’a pas fonctionné, pour faire en sorte que les incohérences se rebouchent.

  19. « Ah non pardon : Maya laisse temporairement tomber. Oui, elle est comme ça : elle se lasse de tirer sur les héros. Oui, vraiment. Après avoir envoyé deux soldats tenter de les tuer, et puisqu’ils ont encore échoué, elle décide de les laisser prendre la fuite alors qu’elle pourrait les suivre. »

    Ah tient : même le Colonel Communiste Caricatural de Rambo III dans son Puma bricolé pour ressembler à un MI-24, était plus combatif…bon du coup ça me donne plutôt envie de revoir Rambo III (c’est dire le niveau du film ici).

  20. « Ryan décolle, mais se retrouve poursuivi et mitraillé par le vaisseau de Maya, lors d’une course-poursuite où l’on appréciera le moment où Ryan coupe et rallume les moteurs pour disparaître brièvement des capteurs ennemis,  »

    Ca aussi j’aime beaucoup, aujourd’hui même un « bête » avion ou hélicoptère de combat, ou même char de DCA semble avoir au moins un triple suivi de cible « en même temps » (optique, y compris bas niveau de lumière, télémétrie laser, infrarouge passif)…sans parler de ceux qui utilisent carrément un radar actif en plus du reste. Et que l’officier tireur semble capable à tout moment de bypasser le ciblage automatique si besoin avec son propre viseur de casque.

    Mais dans ce film, quand l’ennemi coupe les moteurs après avoir joué à la fusée, la méchante dotée d’un super vaisseau hi-tech du futur perd sa trace instantanément…ok.

  21. Toujours aussi bon. Hey le JDG se met dans l analyse ‘fine’ de films (tirés de jeux vidéos ok mais il y en a de plus en plus) a quand un crossover de la mort avec toi ?

  22. oui enfin si vous commencez à spoiler tous les « films » produits en exclu sur les plate formes de VOD, vous n’aurez jamais assez de temps. C’est clairement de la bouse à 95%.

    après y’a un Nicolas Cage à l’affiche… :D *petite musique d’ambiance.*

  23. haha perso j’ai compris la phrase de télérama comme « c’est quand les personnages ferment leur gueule que le film se révèle le plus réussi »

  24. Un homme et tous ces https://cocostream.me films, avec toutes ses idées d’une vie vertueuse, sont probablement une illusion en quelque sorte, et donc on doit vivre selon ce que je considère comme plus réel.

  25. « Ryan coupe et rallume les moteurs pour disparaître brièvement des capteurs ennemis »
    Donc les vaisseaux du futur sont incapables de détecter quoi que ce soit si le moteur est éteint. C’est incroyable le progrès…

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