Laurent a 8 ans.
Laurent est un petit garçon heureux et vif qui aime la nature, les animaux et les parties de football avec les copains. Laurent a aussi un petit lapin, Pipou. Tous les deux aiment courir dans le jardin en faisant la course ; Laurent part alors d’un rire cristallin qui fait plaisir à entendre et donne toujours une bonne feuille de salade à Pipou après l’exercice ; Laurent prend soin de son ami lagomorphe. Laurent est aussi un élève passionné et un excellent camarade. L’autre jour, il avait un paragraphe à écrire sur le thème « Mon avenir, dans 10 ans« . Laurent est un garçon à l’esprit agile, et il se dit que pour cela, il pourrait s’aider d’internet. Quelle ne fut pas la surprise de Pipou (en train de pousser comme une bête dans sa litière) de voir Laurent tomber de sa chaise, les yeux révulsés, la langue pendante et pris de convulsion, le tout vomissant des litres de sang alors que ses muscles du bassin se relachaient dans un bruit immonde qui fit rapidement place à une odeur l’étant tout autant.
Laurent venait en effet de taper « avenir » sur Google et avait cliqué par erreur sur le site de Désirs d’Avenir. Le design avait fait le reste, et il avait eu un gros désir d’épilepsie, là, tout de suite.

Pipou le Lapin, orphelin après la perte de son maître. Saloperie de Désirs d'Avenir.
Pendant ce temps là, chez nos amis journalistes.
Attention ! On ne va pas parler de tous les journalistes (il y en a de très bons, heureusement !), mais attardons nous sur les rois du scoop quotidien, du buzz en chassant un autre.
Bref, chez nos amis journalistes, on commençait à avoir fait le tour de la question Hortefeux & l’Auvergne (en se contentant chaque jour de répéter sa dernière annonce, on allait pas essayer de faire la liste de tous ses changements d’excuses histoire de montrer que ça ne tenait pas debout : depuis quand un journaliste devrait analyser l’actualité au lieu de répéter consciencieusement des communiqués officiels ?), et voilà t-y pas que pour changer un peu d’air, Dame Ségolène avait invité tout le monde à venir voir sa prochaine déclaration sur son nouveau site tout neuf. Grosso modo « Venez chez moi, vous allez voir, c’est superbe et tout neuf, j’ai fait venir Valérie Damidot« , et en arrivant « Ha oui, houlà, effectivement, t’as aussi dû faire venir Louis la Brocante apparamment« , disent les invités. On appelle ça « chercher la merde« , dans le jargon.
Et ce qui devait arriver arriva : toute la presse décida alors de s’emparer de la chose. Un grand quotidien national décida par exemple de dire que bon, ce site, c’était vraiment un manque total de crédibilité et de professionnalisme. Et sur quoi se basait-on pour faire cet article ? Mais sur des Twitters bien sûr ! Un journaliste donnant des leçons de professionnalisme en se basant sur des statuts twitters, c’est quand même beau. Les autres quotidiens le lendemain reprirent les informations de ce premier quotidien, etc.
Twitter, Facebook & co, nouveaux outils du journalisme moderne.
Il fut un temps, on vérifiait ses sources avant de publier quoi que ce soit. A ce qu’il parait que ça s’appelait du « journalisme » (un truc ésotérique pseudo-intellectuel) ; bon, et puis plus le temps a passé, plus on s’est dit « Bon, là on a le choix : soit on balance l’info avant tout le monde et on a un scoop, soit on vérifie nos sources (on fait notre métier, quoi) mais on prend le risque que quelqu’un d’autre nous grille pendant ce temps« . Et le second choix est souvent resté dans un placard. Souvenez-vous, entre autres :
- Pujadas expliquant qu’il y avait eu des suicides d’adolescents au Japon par absorption de poches de silicone suite à une sortie repoussée de jeu vidéo (en réalité, une simple blague faite sur un site de geeks en rapport avec l’imposante poitrine des jeunes filles du jeu en question)
- Elkabbach annonçant la mort de Pascal Sevran (en fait, une pauvre intoxication informative de base non recoupée, qu’il tenta de rebalancer sur un stagiaire qui passait)
- La horde de journalistes demandant du sang et déterrant des témoignages bidons au procès d’Outreaux (avec les conséquences dramatiques que l’on a connu)
- Et les mêmes, le jour où ils présentaient leurs excuses (c’est suffisamment rare pour être noté) pour avoir raconté n’importe quoi à cette occasion, remettaient le couvert avec le juge Burgaud (en chargeant le mulet avec des faits qu’il n’avait pas commis, encore une fois non vérifiés). Ils ne s’en sont pas excusés, cette fois-là.

David Pujadas est un grand journaliste : debout sur sa chaise, il peut en effet toucher le haut de son écran
Bon, et je vous passe le Kosovo, la Géorgie, et autres pays pauvres où on va pas aller vérifier nos informations, nom d’une pipe, c’est encore un coup à se prendre une rafale de kalachnikov ou à filer de la thune à des laveurs de pare-brise aux feux. Et ça, jamais, casse toi salopard de yougo, tu vas me rayer la carosserie.
Et pourtant, déjà que c’était pas brillant, voilà que l’on se met à utiliser les « réseaux sociaux » pour faire l’information. Un jeune sociologue avait d’ailleurs tenté sa chance en mettant sur son twitter une information bidon. Le lendemain, il retrouvait dans de grands quotidien ses propos repris dans divers articles. Intéressant n’est-ce pas ? En tout cas, moi je trouve ça plutôt révélateur. Dans tous les cas, ça n’a pas empêché le cirque de continuer.
Il faut dire que ça vaut le coup : lire que GroGollum87 pense que « C-golène elle pu du Q« , que Dar]<_VadORoXoR trouve « Sarko daimago » ou que Lapetitepucedouce affirme « On paie déjà trop d’impôts, ça suffit« , ça c’est du putain de journalisme,, quasiment le micro-trottoir d’internet. Une sorte de Néo-Poujadisme version Web 2.0 qui affirme que le « Bon sens des internautes » vaut toutes les enquêtes poussées du monde. Quid de l’enquête ? Des sources ? Quid du fond et non de la forme ?
Déjà que je ne suis pas fan des aventures rocambolesques de Facebook et Twitter (« Je suis dans le train » ; « Je suis à table » ; « Je vais au travail » ; « Je suis en train de chier un étron d’anthologie » ; « Je lis Harry Potter dans mon bain » ; « Je suis en train de me faire agresser, au secours« ), mais faut reconnaître que ça en fait des informations, dites donc. Moi, là-dedans, je ne sais pas laquelle je prendrai pour faire mon article. Remarquez, il y en une qui me tente pas mal. Je ne vous dis pas laquelle, je vous laisse chercher, petits oisifs.
Par ailleurs, de grands sites d’information en ligne, ont laissé de plus en plus de places à des spécialistes du genre, comme Le Post, sorte de sous-journal qui a toujours des titres chocs : « Du nouveau dans l’enquête sur la mort de la jeune lycéenne, son amie témoigne en exclusivité« , et un contenu qui l’est moins comme « En effet, son amie affirme que son facebook est toujours ouvert, vous pouvez y lacher vos coms« . Le Post, le site qui monte, bien qu’étant au journalisme ce qu’un soutien-gorge est à Jane Birkin.
Je suis assez impatient de savoir quand les Skyblogs seront couverts dans les lois sur la protection des sources.
D’ailleurs, au moment où j’écris ces lignes, j’ai sur mon bureau un dossier intitulé « La crise de la presse« . Attendez, des mecs qui créent des infos pourries (à base de Twitters) puis les refilent aux autres, c’est pas ce qu’on fait les banques avec des crédits il y a peu ? Vivement que l’Etat renfloue les journaux pour qu’ils surmontent la crise.
Et surtout, vivement que notre Président moralise le journalisme. Il est plutôt bon, dans ce domaine.
Ah ah, les journaux. Longtemps que j’évite de les lire, c’est du grand n’importe quoi, c’est plus sûr de chercher sur Internet.
… comment ça je n’ai rien compris ?
La preuve, en tombant sur mon site, vous avez prouvé la supériorité d’internet sur le monde du papier (où je suis moins présent).
Oh, c’est marrant, comme ça commençait, je croyais que vous alliez parler de Laurent Weil. (pauvre petit Pipouuu !)
Pas d’inquiétude, le prochain article parlera cinéma (encore une fois), bande de galopins, rassurez-vous.
Moi, je pense que les médias sont entrer depuis bien longtemps, dans un processus de rentabilité, qui n’a eu pour seule conséquence que d’obtenir un travail médiocre.
Je m’explique! A vouloir être rentables, ils se sont dits « proposons du scoop », et donc « soyons les plus rapides à le sortir »… Si bien que les journalistes sont devenus des fainéants, et ont choisi la facilité!!! et depuis quelques temps les « scandals » dans les médias se multiplient : libaration et l’Iran, Florence Schaal annonce la mort d’un petit garçon qui ne l’est pas…
Il ne faut pas oublier, que parfois Internet est un bon moyen d’information : l’affaire Hortefeux est l’exemple le plus récent…
Bref, il faut remettre de l’ordre dans tout ça!! Et heureusement qu’il existe un odieux connard pour le faire.
D’ailleurs, pensez-vous que les journaux vont reprendre vos opinions, surtout en ce qui concerne la critique cinématographique!!!
Le consensus est plus vendeur, mon cher goldsaint.
Ben, au passage je me permet de dire que si de tels « journalistes » existent, c’est parce que les gens sont friands de telles « infos ». Les gens s’en moquent de savoir si c’est vrai, ils veulent que ce soit crédible. Leur vie étant systématique et identique chaque soir, l’élément de variation reste les histoires racontées par JPP, entre autres. Aujourd’hui, quand on annonce « 25 morts aujourd’hui Gaza », la majorité des spectateurs se dit: « Pfff, c’est grave quand même. On mange quoi déjà? ».
Il est la le soucis. Les gens s’en moquent d’être informés quand ils peuvent être divertis.?
Les grandes chaines ne cherchent qu’à maintenir ou améliorer leur audience (mêmes celles qui n’ont plus de pub).
Alors on donne ce que les gens veulent : des trucs simples (pour que tout le monde comprenne) et jouant sur le pathos. On accroche plus à un fait divers sordide qu’au passage d’une nouvelle loi X ou Y.
L’offre et la demande appliquées à l’information !
Ce n’est pas toujours le cas, mais là, j’avoue être sur la même longueur d’ondes que vous, au iota près.
D’ailleurs, j’invite à lire le fameux article de ce grand quotidien national qui porte le nom d’un héros cher à Beaumarchais, qui pourraît être l’exemple parfait du « ce que tu ne dois absolument jamais faire si tu as un tant soit peu d’éthique, petit scarabée » en école de journalisme.
Il est vrai que ce quotidien met du gros niveau. Certes, il n’est pas le seul, mais il a le mérite d’être exemplaire en la matière.
Heureux de vous savoir d’accord (haha, ralliez vous à ma bannière, fiers vikings, et puissent nos drakkars remonter jusqu’au Pont des Arts !) ; mais heureux aussi de savoir que vous ne l’êtes pas toujours. Plus il y a d’avis, plus ça peut être constructif.
Un doute me prit (et ça fait très mal) : tout le paragraphe d’introduction avec Laurent et Pipou ne serait-il pas un alibi pour placer le peu usité « lagomorphe » ?
Si vous êtes pris d’un doute, n’hésitez pas à porter plainte si celui-ci n’a pas demandé votre consentement auparavant.
Mais sachez que bien pire que le terme lagomorphe trop rare en nos contrées, c’est surtout une photo de lapin mignon que je voulais caser. Histoire d’attirer de pauvres internautes égarés en ces lieux.
Diantre,
si la perfidie avait visage humain je suis sûr qu’on vous croirait jumeaux.
Fi de toi, qui reproche la course à l’audience des médias et utilise des stratagèmes odieux dans le même objectif!
Je ne te demanderai même pas si tu as honte…
Portant officiellement le titre de connard, bien plus qu’un droit, c’est un devoir pour moi d’utiliser ce type de subterfuges.
Dans cet article, contrairement aux grands média sus-cités, il y a un fond. Donc une touche de marketing, basée en plus sur un humour gore qui me semble être une nouveauté ici, est acceptable.
« c’est surtout une photo de lapin mignon que je voulais caser. Histoire d’attirer de pauvres internautes égarés en ces lieux. » [sic]
La « choupinou touch » a frappé ici aussi. Gottverdammt! Il n’y a donc plus rien de sacré en ce (très) bas monde. Vanitas vanitatum et omnia vanitas! Je vais me retirer dans les ordres, tiens.
Heu… une question: il existe des couvents mixtes? Non, j’ai un doute, là, d’un coup.
Rassurez-vous : je me contente de les attirer pour mieux les corrompre.
Je ne vais pas ouvrir un blog BD non plus.
« Je ne vais pas ouvrir un blog BD non plus. » [sic].
Rassurez-vous: si c’est seulement parce que vous ne savez pas dessiner, dites-vous bien que la majorité de ceux qui ont un blog BD non plus.
Pour un amateur de BD comme moi, c’est anxiogène: je ne sais jamais sur quoi je vais tomber quand je clique sur un lien.
Un appel de GroGolum87 pour signaler que vous avez mal orthographié son pseudo.
C’est lui qui a mal orthographié le sien, nuance.
La télévision, contrairement à la bonne presse écrite (il en reste), est un lieu effrayant de dissolution du journalisme.
Heureusement certains résistent à cette ignoble course à l’audimat mais je me demande ce qu’Albert Londres, Hubert Beuve-Méry ou François Mauriac auraient pensé de ce média si particulier…
Le « tous journalistes » consacré par Internet est néanmoins une hérésie sans bornes : de la même manière qu’il ne suffit pas de posséder un stylo et une feuille de papier pour devenir écrivain, avoir un clavier d’ordinateur ne permet pas de se proclamer journaliste. Loin de là !
Restons-en aux valeurs sûres : l’un des meilleurs journal papier reste sans conteste le palmipède satirique du mercredi.
Sans transition. La référence à notre bien aimée Valérie Damidot me pousse à faire partager cet hilarant lien : http://www.dailymotion.com/video/xb48z6_coudy-cartonne-valerie-damidot-dans_fun