Quelques idées pour de derniers cadeaux

Noël approche et vous voici les mains aussi moites que vides ? Votre esprit, épuisé après une année de dur labeur, ne parvient plus à trouver quelque idée que ce soit ?

Comme toujours, vous pouvez compter sur votre serviteur pour vous aider. Passons donc en revue quelques trouvailles qui sauront faire plaisir aux petits et aux grands aux personnes à verticalité réduite et aux plus-size-body-positive-en-hauteur (nous sommes en 2024 et j’aimerais finir l’année sans emmerdes, merci). En route.

Question : Un membre de ma famille est enseignant, que lui offrir ?

Réponse : Une mitrailleuse de 12,7.

Plaisir d’offrir, joie de recevoir autrui avec ça.

Si à Noël, il est de bon ton d’offrir des douceurs, laissez-moi vous présenter la « doucette », nom qui lui vient aussi bien de la mauvaise prononciation de son calibre que du réconfort qu’elle apporte à qui la reçoit. Testée dans tous les milieux hostiles du monde (Jungle, désert, bars avec une affichette « prix libre »), la 12,7 se fixe aisément à un bureau et permet d’obtenir le silence dans la classe environ 500 fois par minute. Démontable, vous pouvez aussi l’emmener aux réunions parents-profs, afin d’expliquer en termes courtois – mais fermes  – que non, Manon-Léa n’est pas surdouée, mais bien aussi stupide que ses parents dont l’ADN est une insulte à l’évolution elle-même.

Tout comme la sacoche, la 12,7 peut s’emmener en salle des professeurs afin d’obtenir plus facilement la réponse à la question « Qui a fini le café sans en refaire ? » ou encore « Qui a bourré la photocopieuse ? ». Plusieurs enseignants de Seine Saint-Denis saluent cette arme qui a l’avantage de permettre d’enfin concurrencer les kalashnikovs que leurs élèves emmènent en cours. Notez que même si la personne à qui vous souhaitez l’offrir n’exerce pas devant une classe (proviseur, documentaliste, etc), elle est tout aussi utile puisqu’elle permet d’atteindre aisément, et même à plus de 100 mètres, un élève qui aurait refusé de présenter son carnet.

Bien sûr, vous me direz « Mais enfin, si vous tirez sur un enfant, ses parents vont se plaindre ! ». Ce à quoi je réponds : relisez le premier paragraphe. La 12,7 est un outil pédagogique fabuleux pour tous les âges, et comme le disait Britney Spears au sujet de la peine de mort : « Après, ils ne recommencent plus. » Enfin un outil qui permet de dire : « La leçon est retenue » sans douter !

Question : Je n’ai rien pour la personne qui partage ma vie, que lui offrir ?

Réponse : Du charbon.

Le Père Noël était visionnaire.

Vous connaissez le principe : le Père Noël offre des jouets aux enfants sages, et laisse un bout de charbon à ceux qui ont été vilains. Quant à ceux qui écrivent « celleux », le Père Noël chie dans leurs pantoufles, lance lesdites charentaises dans la cheminée, provoque ainsi un feu alimenté au biogaz qui atteint le sapin, et s’enfuit pour regarder de l’extérieur la demeure et ses habitants se consumer dans les flammes au son de leurs cris désespérés.

Mais je m’égare : revenons au charbon.

En l’offrant à la personne qui partage votre vie, vous ferez passer un message : t’as merdé. Obligeant ainsi l’être aimé à tout faire pour vous montrer son amour un peu plus. Mais là où vous faites coup double, c’est qu’au prix de l’électricité, et en hiver, un bout de charbon est plus que bienvenu pour chauffer la demeure. Ainsi, votre cadeau vous bénéficiera, puisqu’il servira à vous chauffer, vous et vos pieds froids (tututu, on sait). Le prix que vous aurez mis dans le cadeau ayant fini dans votre note de chauffage que vous auriez dû payer quoiqu’il arrive, c’est donc parfait : c’est une opération blanche, sauf que maintenant, la personne avec qui vous êtes sait qu’elle doit s’améliorer et que vous n’hésiterez pas sinon à lui offrir un vieux bout charbon.

Si l’être aimé se contente de s’offusquer, voire de s’indigner et ne voit pas votre génie diabolique, soyons francs : il ne vous mérite pas.

Question : Je suis invité au Noël de l’Elysée, que dois-je amener ?

Réponse : Du solvant.

Inutile d’amener un cadeau pour un premier ministre : il sera parti le temps que vous arriviez.

On s’ennuie dans les châteaux, et le châtelain le plus célèbre de France s’est récemment découvert une passion pour la dissolution de trucs. Ça a commencé doucement : d’abord, c’était la promesse de zéro SDF avant fin 2017. Hop ! Dissoute ! Ensuite, un certain nombre d’autres promesses ont suivi. Le larron s’amusait tellement qu’il s’est demandé s’il pouvait dissoudre plus gros, comme par exemple, un député. Et puis, une idée en entrainant une autre, hop, ça a été toute l’assemblée. Puis est venu le tour de tout le gouvernement qui a disparu sans laisser de traces ! Quel magicien.

L’Elysée étant devenu le plus gros concurrent de Téléshopping sur les articles de nettoyage pour faire disparaître un peu de tout, nul doute que venir avec un peu de solvant saura faire plaisir au maître des lieux, qui en aura bien besoin ces prochains mois. Cela est plus original qu’une bouteille de champagne, et pour la qualité, pas la peine d’investir : de toute façon, comme pour les mauvais produits, à la fin, il restera quand même des traces dégueulasses qui feront rire tous les visiteurs.

Attention à bien étiqueter « Ne pas boire« , sinon, un Sébastien Delogu en maraude pourrait se tromper.

Question : Je dois offrir un cadeau à un cinéaste français, lequel choisir ?

Réponse : Le même que l’an dernier.

Vous pouvez aussi mettre du rien dans ses pantoufles : c’est bien ce qu’il met dans ses scénarios.

Inutile de vous creuser la tête à tenter d’être créatif : comment quelqu’un pourrait-il vous remercier pour un effort dont il ignore tout lui-même ?

Le cinéaste français est une créature qui a ses habitudes : année après année, il peut produire exactement le même film avec quelques variations mineures (« Alors cette fois, c’est Romain Duris qui découvre les vraies valeurs de la vie, mais dans un camping-car, alors que l’an dernier, c’était dans une maison de campagne« ). Rendez-lui donc la pareille en lui offrant exactement la même chose, avec éventuellement une variation mineure (un pull, oui, mais d’une autre couleur !). Si vraiment vous voulez être joueur, glissez des pantoufles plus petites dans ses pantoufles. Exactement du même modèle. Quand il s’exclamera « Mais enfin, c’est la même chose mais en moins bien ! », expliquez-lui que vous appelez cela « une suite ». Et vous pouvez répéter l’opération d’année en année, jusqu’à arriver à de minuscules pantoufles qui n’ont aucun intérêt et qu’on regarde à peine du coin de l’œil : là, vous serez bel et bien arrivé au bout du concept de « suites ».

Attention cependant : si vous faites le coup trop souvent, il y a un risque non-négligeable que Disney tente de vous racheter en tant que licence. Méfiance, donc, parce qu’on déconne, mais à un moment, il faut se respecter.

Question : Je prévois un cadeau pour un spécialiste du bien-être en entreprise, que faire ?

Réponse : Un Powerpoint.

Avec des couchers de soleil. Plein.

Le coach bien-être en entreprise est probablement l’une des plus grandes causes de mal-être qui soit dans le monde du travail. En effet, au lieu de donner du pognon ou du temps libre aux employés, on donne ledit pognon à cette créature du démon pour qu’elle vienne pomper le temps libre des honnêtes travailleurs à grands renforts « d’ateliers » aux noms aussi longs que cons. Si les cercles de l’enfer existent, croyez bien qu’il y en a un rien que pour ces gens, et que même Satan ne s’y rend pas de peur qu’ils ne lui adressent la parole.

En conséquence, et puisqu’ils ont une passion secrète pour les Powerpoints remplis de messages cucul la praline, bombardez-les. Après tout, s’ils pensent que ça fait du bien aux autres, ils ne devraient pas s’en plaindre d’en recevoir en cadeau. Et s’ils osent un « Je m’attendais à quelque chose de plus concret. », répondez-leur que c’est précisément ce que répondent 100% des gens qui assistent à leurs ateliers, à part éventuellement les rombières du service compta, les mêmes qui insistent pour envoyer à toute la boîte leurs plus belles photos de sculptures en trombone chaque lundi.

Après, vous avez le droit d’être taquin, et de faire porter votre Powerpoint sur un sujet inattendu, comme « Les 100 plus belles photos de moi te montrant mon majeur« . Gardez-le en stock, il pourra aussi vous servir pour le prochain référendum national.

Question : Je suis obligé de faire un cadeau à ma mamie qui me demande quand est-ce que je me reproduis, que faire ?

Réponse : Un radiateur.

Tremble, Mamie !

Il n’existe que deux options à cette problématique : soit vous vous reproduisez, et mamie pourra ainsi régulièrement accueillir votre bambin, le pourrir-gâter au-delà de toute raison et en faire un immense trou du cul, soit vous offrez un radiateur. Un très beau de préférence, le genre qui coûte une blinde parce qu’il est connecté, donne la température intérieure, extérieure, et même celle de votre moi-même profond (ce radiateur est vraiment taquin). Oui, en effet, c’est cher. Non, mamie ne s’en servira pas.

Mais qui, l’été prochain, pourra à distance pousser le radiateur à fond en pleine canicule, faisant passer Mamie de l’état d’emmerdeuse à celui de pruneau en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « EHPAD » ?

Voilà. Mamie ne vous embêtera plus à Noël, et mieux encore, grâce à l’héritage, l’investissement dans le radiateur sera bien rentabilisé. Vous n’aurez plus alors qu’à déplacer l’appareil chez la prochaine personne âgée qui vous brise les rouleaux. Et attention, je vous vois venir : non, si vous installez soudainement 348 radiateurs au palais du Luxembourg, ça ne passera pas inaperçu. Choisissez vos vieux plus subtilement. Ou en tout cas, moins groupés.

Question : Et pour mon tonton raciste, que prendre ?

Réponse : Un test ADN.

« Michel, viens voir ! Je crois que j’ai trouvé un Breton ! »

Vous connaissez le principe : vous offrez la bête à Tonton et ses préjugés sur son 100% pure souche, Tonton découvre qu’il est en réalité issu de quantité de peuples étranges et mystérieux (par exemple, les habitants du Poitou alors qu’il était persuadé d’être Bourguignon), et le voici en pleine crise existentielle. Réalisant qu’il est en partie étranger, Tonton décide de s’auto-expulser et prend le premier charter pour repartir auprès des siens dans La Brousse (sur la D104, après Asnières-en-Poitou). Le triomphe est total, on se croirait dans un téléfilm France 2.

C’est là qu’arrive le deuxième problème : maintenant que vous avez gagné et que vous vous foutez joyeusement de la gueule de Tonton au motif qu’en fait, il était étranger depuis le début, vous voici à votre tour en train d’être xénophobe, et vous vous transformez ainsi en nouveau tonton raciste de la table. Ne vous étonnez donc pas si votre nièce vous offre un test ADN : vous savez ce qu’il en est.

Le tonton raciste est immortel : s’il est vaincu, il revient tout simplement sous une nouvelle forme autour de la table. Inutile de le combattre : servez-lui à boire jusqu’à ce qu’il s’endorme devant Patrick Sébastien.

Question : Et pour mon neveu qui m’insupporte ?

Réponse : Une boîte de Warhammer 40,000.

Un jeu qui coûte plus de reins que vous n’en avez.

 

Votre neveu est un petit con et vous ne pouvez le stériliser à la brique là, de suite ? Warhammer 40,000 est pour lui.

Sorte de Starcraft en plus plastique, mais surtout, plus cher, il réduira instantanément à néant la vie sexuelle du larron, qui se retrouvera à passer ses soirées dans des associations remplies de messieurs barbus à l’hygiène douteuse qui pourront disserter des heures sur qui c’est la figurine en plastique la plus forte. Repoussoir à femelles plus efficace qu’une figurine en résine d’Evangélion sur une étagère ou qu’un deck de cartes Magic plastifiées, Warhammer 40,000 plongera le pauvre enfant dans une vie où tout projet d’avenir est impossible : faire des économies pour des projets ? Tentez donc quand la moindre figurine de votre hobby peut coûter 40€ pièce ! Avoir des enfants ? Impossible de s’accoupler quand votre principal sujet de conversation est de savoir kikicé Alpharius (si vous avez la réponse, non seulement vous êtes Alpharius, mais en plus, vous êtes un gros geek, vous me dégoûtez, monstre !).

Les parents, qui devront offrir à leur rejeton des boîtes hors de prix à chaque anniversaire, vous haïront aussi, mais en même temps, c’est eux qui n’avaient à pas commencer en produisant une descendance qui appelle les claques.

Question : Et pour les autres ?

Je connais un type qui fait d’excellentes bédés, mais n’en parlons pas : ma modestie proverbiale me perdra.

En attendant, si vous n’avez vraiment aucune idée, et pour tous les autres cas, n’oubliez pas : une boîte de chocolats fourrés au chloroforme, c’est la garantie d’un réveillon calme où personne ne viendra se plaindre de vos présents.

16 réponses à “Quelques idées pour de derniers cadeaux

  1. Ha ha ha, un excellent article avec des idées intéressantes ! Néanmoins, mon cher, et même si vous vous posez la question, vous en connaissez déjà la réponse…

    Nous sommes Alpharius !

  2. Pour Chantal de la compta: une boîte de Mon Chéri. Il n’y a que les créatures des ténèbres qui aiment cette horreur. Et pour Jean-Paul le manager chiant, une bougie parfumée pas chère qui lui empestera sa maison et éventuellement lui filera un cancer.

    • Non, les comptables ne mangent pas de Mon Chéri ! Cessez cette diffamation odieuse ! On ne dit pas non aux truffes, ceci dit.

    • merci l’Odieux ! Et merci de signaler subtilement à la fin que mes BD sont excellentes ! Et disponibles via mon email-pseudo 🤫

  3. Merci cher odieux pour toutes ces idées.

    Ayant la joie de ne pas avoir encore d’enseignants (quelle engeance) dans mes proches, je conserve ma MIT50.

    Pour le reste, ce sont de bonnes idées d’autant plus que mes proches ont déjà les petits théâtres des opérations et autres BDs d’un célèbre auteur. Mon fils se sert d’ailleurs du dernier tome pour son cours d’anglais : « racontez la vie d’un super héro anglophone »; il a choisi un célèbre belge borgne et manchot.

    Joyeux Noël.

    • Il faudra dire à votre fils que les Belges parlent français ou flamand, pas anglais, avant qu’il n’ait un gros zéro en anglais. Suggérez-lui Deadpool à la place. Il semble avoir un humour particulier.

      • Pas de bol, il y a un cas :

        Cette fois-ci Le Petit Théâtre des Opérations met un coup de projecteur sur un héros remarquable des deux guerres mondiales : Adrian Carton de Wiart.

        Saviez-vous que pendant les deux guerres mondiales l’Anglais le plus dangereux au monde était un Belge ?

        Officier de l’armée britannique, il a servi durant la guerre des Boers et les deux guerres mondiales, il a été plusieurs fois touché par balle pendant la Première guerre mondiale, il a survécu à deux crashs d’avion, s’est évadé d’un camp de prisonnier de guerre en creusant un tunnel, il s’est arraché lui-même deux doigts face à un médecin qui refusait de l’amputer… Bref, un héros de guerre hors norme dont les exploits sont terriblement captivants !

        Et si vous vous posiez la question, oui, tout est vrai !

  4. En tant qu’enseignant, je privilégie la gatling ,ça repeint la classe en charpies roses, ça me fiat penser à des fractales, c’est beau.

  5. Un excellent choix : j’ai juste tiqué sur ce passage « il y a un risque non-négligeable que Disney tente de vous racheter en tant que licence. ».

    Ca, ce serait vraiment un « cadeau » à offir à votre pire ennemi. Et encore, je ne suis pas sur qu’un humain mérite un châtiment pareil.

  6. J’aime vous lire, monsieur odieux, je vous pique vos idées et je les ressort au boulot (quel succès) pour paraître intelligent, drôle et spirituel. J’attends votre prochain article avec la dernière impatience, bougez vous!

    Joyeuses fêtes!

  7. Tous les professeurs vous remercieront pour cette excellente idée-cadeau. Surtout ceux qui ont reçu trente pommes il y a trois ans, trente tasses il y a deux ans et trente mini-boites de chocolat l’année dernière.

  8. Dernier article que je parcours sur ton site.

    Quel mauvais gout et nullité abyssale, soi disant subversive. Je ne sais même pas si tu te fais sourire toi même.

  9. je ne peux que m’agenouiller devant tant de crassitude mais si proche de la réalité…

    Merci encore Ô Connard (Sarah, sors de ce corps !) pour ces bons moments de franche rigolade, si subtilement écrits et si délicieusement sarcastiques.

    longue vie au Connard.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.